Sérail: les Bamiléké et Kamto font peur au Cameroun

24691 Maurice Kamto Bamenda 25062016 002 Ns 600 Maurice Kamto candidat à la présidentielle 2018

Fri, 18 May 2018 Source: Cl2p.org

L’article récent de Frank Bafeli intitulé «Le Pr. Maurice Kamto sur le viseur du préfet des Hauts Plateaux» est un autre témoignage du « syndrome du dérangement du Pr. Kamto et des Bamilékés» au Cameroun. Un réflexe conditionné qui a déjà reçu le scalp de Mathias Owona Nguini, l’un des idéologues non assumés et pourtant les plus en vue du régime de Biya, y compris dans les réseaux sociaux.

Nous devons commencer par noter que l’argument du préfet contre le professeur Kamto était aussi un argument contre la diversité et les diverses perspectives en place dans la course présidentielle au Cameroun. En plus, il ne fait aucune mention sur les mérites intrinsèques des candidats, mais concentre tout son propos pour vendre une idée et une seule: celle de la soi-disant prolifération des candidatures présidentielles des «Bamiléké» et que, en étant «Bamiléké», ces gens apportent la «division» dans la course présidentielle.

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Même en mettant de côté l’argument selon lequel en interférant dans la course présidentielle comme il le fait, ce préfet outrepasse largement son autorité, couplé au manquement total et flagrant à ses devoirs professionnels en brandissant ouvertement le drapeau du parti du Président Biya; la vérité est que le Cameroun n’a jamais eu de président Bamiléké. Alors comment est-ce que ce préfet sait-il déjà qu’en se présentant à la présidence, les candidats estampillés «Bamilékés» sèment automatiquement la division dans le pays?

Il y a pourtant une donnée incontestable: le fait que beaucoup de Bamilékés se soient présentés à l’élection présidentielle, même aux anciennes échéances, n’a jamais mené le Cameroun à la guerre civile. Alors sur quelle base ce préfet peut affirmer que le «Bamilékés» sèment la division? La seule réponse est que ce préfet est en train de mettre le feu aux poudres, ce qui consiste en pratique à trouver une cible, puis forcer un récit toxique dans la sphère publique, et pousser la population à choisir son camp par la loyauté contrainte, l’intimidation et les menaces. Ainsi, à l’instar de nombreux ethno-fascistes partisans de ce régime, ce préfet voit des tribus partout, et ne parvient logiquement pas à considérer les Bamilékés comme des citoyens camerounais à part entière. Parce que, quoiqu’il en dise, en tant que citoyens, les Bamilékés ont le droit de se présenter aux élections comme n’importe quel autre citoyen camerounais.

Ce à quoi nous assistons en réalité ici, et qui est particulièrement attisé par les partisans de Paul Biya depuis la désignation du Professeur Kamto comme candidat du MRC à l’élection présidentielle, c’est une instrumentalisation délibérée d’un «discours de haine» déguisé en «sauvetage de la démocratie et préservation de la paix» au Cameroun.

Le préfet des Hauts Plateaux Félix Bilounougou devrait ou pourrait au moins être réprimandé par sa hiérarchie, mais cela ne figure pas dans les chartes du régime en place depuis 36 ans, qui prospère plutôt en permanence sur la manipulation et l’exploitation du tribalisme d’État. De plus, au lieu de s’attaquer à la mécanique de l’infrastructure gigantesque qui produit l’inégalité structurelle au Cameroun, le tribalisme y est devenu une marchandise qui confère aujourd’hui l’essentiel des droits et des privilèges, et autorise tous les excès. C’est la vision du monde selon laquelle certaines tribus ont le droit au pouvoir (voulu à vie) et d’autres pas, ce qui constitue une recette indiquée pour le désastre, parce qu’elle crée de facto une citoyenneté de seconde zone et refuse d’accorder la liberté et la dignité à tous.

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Ainsi, la question centrale devient comment éliminer le tribalisme, qui n’a aucune base biologique, dans la politique au Cameroun?

En premier, ne riez pas sur les blagues, les insinuations ou les suppositions tribales, racistes, sexistes, âgistes, homophobes, ou stéréotypées. Car en riant, vous reconnaissez ou donnez une légitimité à ces blagues.

Deuxièmement, les acteurs publics bien identifiés dans la société camerounaise ont besoin de comprendre et de reconnaître la nuisance de leurs privilèges. Cette compréhension est cruciale pour démanteler la discrimination institutionnelle en s’attaquant au lien entre le pouvoir, le privilège, et la discrimination si nous voulons briser notre dépendance malsaine à des institutions corrompues et complètement pourries de l’intérieur.

Auteur: Cl2p.org