Samuel Eboua : le SGPR qui a transformé son village

Il y a quelques semaines, j'étais, pour des raisons familiales, dans le Moungo.

Au moment où notre pays est littéralement détruit par des "barbares", j'ai éprouvé le besoin d'aller m'incliner sur la tombe d'un des grands bâtisseurs de ce pays.

MBOUROUKOU, CHEZ SAMUEL EBOUA.

Je me suis rendu dans le village de Samuel Eboua, le dernier Secrétaire Général de la Présidence de la République du président Ahmadou Ahidjo (pendant 7 années).

Sans l'accord de la famille a laquelle je tiens à m'excuser, je suis passer rapidement près de sa tombe et me suis incliné avec respect.

J'invite les Camerounais à faire de même et ils comprendront, sans aucune explication, la différence qu'il y a entre Ahmadou Ahidjo et ses hommes, Paul Biya et les siens.

DES RÉALISATIONS MODESTES POUR L'HOMME POLITIQUE ; DES RÉALISATIONS ESSENTIELLES POUR LES POPULATIONS

On est extrêmement frappé par la modestie de la demeure d'un des hommes clefs du système Ahidjo (voir photos). N'importe quel homme d'affaires à cette époque pouvait avoir meilleure demeure.

En revanche, rare sont les villages dans ce pays disposant d'autant d'infrastructures vitales.

- Avec sa cinquantaine de maisons, les principales artères sont entièrement bitumées: pas le bitume de Nganou, mais du travail de professionnels qui résiste au temps.

- Samuel Eboua, en son temps, avait capte l'eau des montagnes pour alimenter gratuitement, de maniere moderne, tout le village de telle sorte que les villageois ne comprennent pas de quoi on parle lorsqu'on évoque les pénuries d'eau dans nos villes.

Cette installation rudimentaire mais drôlement efficace avait été inauguré par le sémillant ministre Tonye Mbock.

- Un foyer culturel, créé par Samuel Eboua, trône au centre du village en face d'une paroisse créée par...Samuel Eboua.

- Un ancien Ces devenu Lycée y est aussi installé.

Dans un tel univers, comment s'étonner que le village soit aussi propre ?

Jamais, je n'ai vu des cases aussi propres dans un village: pas d'ordures qui traînent et mieux, on dirait que les habitants se sont passés le mot pour peindre tout en blanc, afin que chacun puisse, d'un coup d'œil, vérifier que la propreté n'est pas leur ennemi.

Allez chez les patrons du système Biya: tout pour eux, rien pour les autres.

CE QUE JE RETIENS DE LUI.

Je retiendrai ici 4 choses sur ce monsieur; mais il y aurait tant à dire:

1- Dès l'ouverture "démocratique", il prend la tête du parti UNDP réussissant à regrouper la jeunesse et de nombreux anciens du régime Ahidjo. Il met en place, sans aucun doute, le seul parti politique d'opposition puissant aussi bien au Nord, au Sud, à l'Est comme à l'Ouest.

Hélas, Bello Bouba, l'un des créateurs de ce parti, le fera éjecter de la présidence pour en faire "la prostituée privilégiée" du Rdpc.

2- Je me souviens qu'en début 1992, mon ami Séverin Tchounkeu organisait des clubs de la presse au cours desquels nous pouvions interroger les hommes politiques.

Samuel Eboua y avait fait sensation en "détruisant" ceux qui voulaient capter l'héritage d'Ahidjo en faveur de Biya:

- l'aéroport de Ntsimalem: à la surprise générale, il a déclaré : " C'est moi qui ait signé ce contrat et trouvé les financements allemands";

- sur l'axe lourd Douala-Yaoundé : il a encore indiqué avoir tout signé et supervisé les débuts des travaux;

- Le barrage de Lagdo ? Pareil

3- "LA FESSÉE NATIONALE SOUVERAINE"

Lors d'un meeting politique, il avait été arrêté par les forces de l'ordre; malgré son âge, il a été victime de pires violences en compagnie d'autres leaders.

Je me souviens avoir pleuré en lui rendant visite dans la clinique où il avait été installé pour des soins. De voir un si grand homme, le postérieur en feu, essayant de m'expliquer, sans pudeur, les sévices subis était insupportable.

4- La "victoire de Fru Ndi": au sein de l'union Pour le Changement qui soutenait la candidature de Ni John Fru Ndi à la 1ere présidentielle, il y avait une place de choix. Je me souviens l'avoir harcelé le jour de l'élection pour avoir les résultats dans le Moungo. Vers 2h du matin, il m'a dit, sur le ton modéré qui était le sien: "nous avons gagné".

Benjamin Zebaze

Nkeum Motissong