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Santé /emergence comme antinomiques et alimentent - Tout politique

Sun, 20 Mar 2016 Source: Ghislain K. KOUNGANG

Si la santé et surtout la garantie de celle-ci constitue une richesse eh bien pas besoin de se leurrer, les camerounais, dans leur majorité écrasante sont pauvres, très pauvres même. Cette déduction qui pourrait paraître comme hâtive tient de trois scénarii qui auront marqué et agité le Cameroun au cours de ce début d’année 2016.

D’abord en janvier avec le décès scandaleux d’une gynécologue, puis en février celui d’une enseignante et pour couronner le tout en mars la goutte d’eau qui aura débordé le vase, le trépas de cette jeune dame âgée de 31 présentant une grossesse gémellaire, disséquée par la suite dans l’idée hélas de sauver les fœtus. Trois cas de mort qui présentent tous un dénominateur commun ; celui de la négligence médicale, pointant ainsi un doigt accusateur sur le corps médical.

A quoi sert donc le serment d’hypocrate ? Voilà l’interrogation qui sous-tend ce triste constat. Mais dans le contexte camerounais la question semble mal posée et devrait être reformulée de la manière suivante : Que dit le serment d’hypocrate ? Eh bien d’assister le malade jusqu’à l’ultime souffle afin de le maintenir en vie. Seulement entre le « dire » et le « faire » il y’a tout un monde malheureusement, et cette triste dualité politicienne n’exempte pas l’univers vitale et essentiel de la santé.

Trois cas, le chiffre peut paraître minime mais à dire vrai, il s’agit ni plus ni moins des situations alarmantes remontées à la surface grâce à l’accès et surtout à la force de propagation éclair des réseaux sociaux, l’arrière-pays étant truffé de tragédies tout aussi dramatiques sinon pires. C’est dire si les populations des zones rurales vivent ces tragédies épouvantables au quotidien dans des structures hospitalières dépourvues de plateaux techniques, pour ne pas parler trivialement de matériels adéquats. Mais au moins à ce niveau la douleur est moins pesante.

Et en ville alors où l’on crie à grand ramdam médiatique et à coût de nombreux milliards de FCFA du contribuable quand il s’agit de l’inauguration des pavillons VIP par ci , de la réception des matériels médicaux de dernière génération par-là bref des plateaux techniques dignes des plus sophistiqués qui soient mais malgré tout cela, les décès même les plus banales nous échappent laissant apparaitre au grand jour toute la cupidité, l’insouciance , le terrorisme et le gangstérisme humains qui désormais sont établis en règle d’or dans cette noble profession qu’est celui de médecin et corps assimilés.

Pour beaucoup et non sans arguments valables, le système de santé camerounais est à l’image de la société. Il a atteint un niveau de putréfaction avancée certes mais à quelque chose malheur est-il toujours bon ? Ces politiciens en mal d’idées, de projets et de programmes qui saisissent telles des abeilles s’agglutinant sur des fleurs ces déconvenues pour gagner en visibilité, activant sur le levier de l’émotion qui tiraille le peuple meurtrie dans sa chair profonde, ne sont-ils pas eux aussi à plaindre ? En politique tous les sujets sont-ils toujours exploitables, vendables ? Dans certaines circonstances extrêmes n’est-il pas opportun de privilégier l’apaisement des cœursmeurtries au lieu d’attiser un énorme brasier qui va davantage accélérer de consumer à l’intérieur les victimes ou proches ?

Comme on dit dans l’armée, la première fois c’est le hasard (décès de la gynécologue), la deuxième fois c’est la coïncidence (mort de l’enseignante) et la troisième fois c’est le complot (trépassement de la jeune femme dans un hôpital de renom à Douala). A chacun de se faire sa propre opinion mais tout le monde est logiquement, certainement, assurément, naturellement, humainement unanime à reconnaitre et surtout à dire que « Maintenant ça suffit et qu’il faut que ça change », car la thérapie ne suffit plus, la chirurgie s’impose pour remettre le système sanitaire et partant la société camerounaise sur les rails de l’émergence, si ce mot galvaudé veut encore dire quelque chose.

Auteur: Ghislain K. KOUNGANG