Sauvons le Cameroun, sauvons notre avenir,

Tue, 6 Oct 2015 Source: Bazou Batoula

Franchement, peut-on dire au Cameroun qu’on attend encore une manne qui tombera du ciel ? Non, on n’attend personne, on attend surtout rien de personne.

Sans vouloir énoncer les problèmes et surtout les challenges qui attendent le Cameroun et l’Afrique, il nous semble un temps soit peu important et urgent de se regarder en face et de se dire : Espère t on encore un gouvernement pour réaliser tout ce qu’il y a à réaliser au Cameroun ? La réponse est évidemment NON, NON et NON.

Le premier NON, parce que les dirigeants n’ont visiblement pas la mesure de l’ambition du Cameroun et de bon nombre des Camerounais. Là où ils veulent faire une route, nous voyons une autoroute. Là où ils veulent faire un pont, nous voyons un tunnel. Là où ils veulent faire un stade de 30 000 places, nous entrevoyons un de 80 000.

A ce niveau, les projets du Cameroun ont tous été taillés à la mesure d’un petit pays, d’un pays quelconque. Du coup, tous ceux qui voient un peu plus grand sont mis sur la touche, car objectivement, un chirurgien ne sert à rien si c’est prévu que l’opération sera faite par un boucher. Depuis très longtemps, nous n’avons vu que modeste.

Résultat des courses, même avec de gros potentiels, on reste réduit à des choses petites. Ma question est très simple : Qui nous interdit de voir grand, de rêver grand ? Nos ingénieurs formés à Politech devront ils toute leur vie faire le magasinier chez Bolloré à Douala ? Quand seront-ils en capacité de monter des boîtes concurrentes à Bolloré ?

Le second NON, parce que les Camerounais ont eu le malheur de voyager et de découvrir ce qui se fait de bon ailleurs. Vu qu’ils ont leurs nombrils enterrés en terre natale, ils se demandent sans cesse : « pourquoi n’y a-t-il pas aussi ci ou ça dans mon pays ? ».

Malheureusement, de manière désordonnée, chacun essaie de monter un petit projet dans un coin à Douala ou à Yaoundé. Résultat des courses, les cliniques pullulent de manière désordonnée. Les instituts universitaires privés pullulent de manière désordonnée. Les villas avec piscine sont construites de manière désordonnée et chacun pense avoir réalisé quelque chose.

N’oublions jamais ceci : Tous ces petits projets désordonnés n’ont que de faibles impacts et absorbent beaucoup d’énergies. Or avec ces mêmes moyens, de plus grands projets à gros impacts peuvent sortir de terre. Il suffit d’un peu de courage, d’ambition et de patriotisme.

Le troisième NON, parce que quelque soit le temps qui va s’écouler, il faut bien qu’à un moment donné, le travail à faire soit fait. L’Etat, malgré tout ce qu’il peut avoir comme bonne volonté de se rattraper du temps perdu ne pourra malheureusement pas, même en 100 ans faire de ce pays un endroit où coule du miel et où il fait bon vivre pour tout le monde.

A l’allure actuelle, c’est techniquement impossible, car il y a trop de lacunes de niveau basique. Le projet social, c’est lequel ?

Quel type de villes, de quartier, de village veut-on chez nous ? Le model de bitumage des nos routes est il le bon vu qu’il a montré toutes ses ratées ? Comment se soigne t on au Cameroun ? Quels médicaments consomme-t-on ? Que mangeons-nous au quotidien ? On se déplace comment ?

Si un Ministre vous dit qu’il a une maîtrise de ces questions, dites lui simplement qu’il est un gros menteur. Car en réalité, personne ni au Cameroun, ni ailleurs ne peut dire clairement à quoi ce pays carbure. Tout ce qu’on sait, c’est que ça tourne quand même. La raison est très simple. L’Etat n’est toujours pas en totale harmonie ni avec son peuple, ni avec l’extérieur.

Le FMI par exemple suit à la loupe les finances de l’Etat, donc n’hésitera pas à frapper (c’est ce qui est prévu dans les contrats). La Chine lorsqu’elle donne son argent arrache de très grosses parts, ce qui tôt ou tard va poser problème. Le peuple quant à lui refuse de montrer ses vrais affaires à l’Etat (le taux de bancarisation n’excède toujours pas 12% au Cameroun).

Les gens préfèrent se cacher pour faire ce qu’ils croient être des affaires, et se font souffler chaque jour par des individus venus d’Asie et qui leurs montrent comment on ensache les épices de Mbongo Tchobie pour l’exporter à Chateaurouge.

Que faire donc dans ce gros flou ? Il n’y a pas lieu de chercher longtemps. À côté du travail de l’Etat, il est important que les autres couches élitistes et fortes de la Société prennent des pans importants de la construction nationale.

Pourquoi l’Ordre des Architectes Camerounais ne peut il pas se rebeller contre cet anarchie de construction, pour proposer gratuitement des services montrant la beauté et la grandeur d’un pays pensé, organisé ?

Pourquoi l’Ordre des Médecins ne peut il pas se réveiller pour lever des fonds nationaux et financer les plateaux médicaux dont ils rêvent ? Chaque corps de métier peut se réveiller pour secouer le cocotier gouvernemental par sa volonté de prise part à la construction.

Le Régime en place n’attend que ça. Il est demandeur depuis longtemps d’une onde de choc qui va le faire bouger de son profond sommeil et lui dire que s’il ne veut pas bosser, il y a des gens qui sont prêt à le faire gratuitement s’il le faut. Notre Etat ne pourra pas tout faire, même pas le dixième du job. Une taille critique de la compétence existe déjà. De l’argent liquide somnole sur les comptes d’épargne au Cameroun.

Les transferts de la Diaspora atteignent des milliards. Manque t il donc de volonté pour monter de grandes œuvres? Vivement que nous, bavards et jouisseurs Camerounais au quotidien se réveillons pour secouer intelligemment le cocotier de Yaoundé, car là, nous dormons. Lion qui dort, réveille-toi. Abat les petits projets individuels qui seront de toute façon détruits. Place à la matérialisation des grands rêves.

Imaginons le grand pays dans lequel on veut vivre, et bâtons nous pour qu’il soit dessiné et réalisé comme on en rêve. Qui nous l’interdit à la fin ?

Auteur: Bazou Batoula