Scrutin du 7 octobre: le principal adversaire de Paul Biya c’est Biya

Biya Campagne Les candidats de l'opposition n'aurait aucune chance face à Biya

Tue, 17 Jul 2018 Source: camer.be

Contrairement à l’élection présidentielle de 2011, où il avait attendu le dernier jour pour faire déposer sa candidature à Elections Cameroon (Elecam), Paul Biya, chef de l’Etat sortant et candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), a sacrifié au code électoral quatre jours avant la date-limite des déclarations de candidatures.

Quelques heures auparavant, c’est par un tweet laconique et porteur d’un rêve de cure de jouvence que le champion du Rdpc a accepté de « répondre favorablement aux appels pressants [de ses] chers compatriotes du Cameroun et de la diaspora » qui l’invitaient à briguer un nouveau bail à la magistrature suprême.

Enjambant crânement le congrès de son parti ainsi que son bureau politique, le champion du Rdpc a cependant exploité à son bénéfice l’article 27 (3) des statuts de cette famille politique, qui dispose que « il [le président national] est le candidat du parti à l’élection à la présidence de la République ». Dans un scénario bien rôdé, comme c’était déjà le cas en 2011, ses partisans ont poussé la chansonnette aux quatre coins du Cameroun, et même à l’étranger, pour saluer cette candidature somme toute « providentielle », si l’on considère le délire qu’elle suscite.

Agé de 85 ans dont un peu plus de 35 ans de fonction présidentielle, Paul Biya sollicite un nouveau mandat de sept ans. Mandat de plus ou de trop ? En tout état de cause, les faits parlent d’eux-mêmes. En 2011, le natif de Mvomeka’a avait articulé sa profession de foi autour de cinq principaux points : la consolidation de la paix et de l’unité nationale, condition sine qua non du développement du Cameroun, l’amélioration du fonctionnement des institutions pour créer une société plus juste, la modernisation de l’administration publique pour plus d’efficacité et une meilleure redistribution des ressources, l’encouragement de l’esprit d’entreprise pour stimuler l’économie et créer des emplois et richesses, et la poursuite de l’affirmation diplomatique pour le rayonnement du pays à l’international.

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Sept ans plus tard, il est constant que le bilan n’est pas élogieux. La paix et l’unité nationale n’ont jamais été autant ébranlées. Si dans l’Extrême-Nord, on s’accorde à valider la thèse d’une agression extérieure, dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, l’inertie du gouvernement est, pour une bonne part, à l’origine de l’impasse vécue dans ces régions. Le chantier de la modernisation des institutions n’a évolué que très timidement. L’injustice sociale est étouffante.

Pendant qu’une minorité de gestionnaires s’engraissent sur le dos du contribuable, la majorité de la population croupit dans la misère. Sur le plan économique, le retour à l’ajustement structurel ne plaide pas pour le pouvoir, en dépit de l’excuse, recevable, de la conjoncture internationale.

En mille mots comme en un, le dernier mandat placé sous le signe des «grandes réalisations» est peu, très peu flatteur. Pour le septennat 2018-2025, Paul Biya s’engage, au cas où il est réélu, à relever avec le peuple le défi d’un Cameroun « encore plus uni, stable et prospère ».

L'info claire et nette .Seule sa volonté suffira-t-elle ? A-t-il encore tous les moyens pour atteindre cet objectif, au regard de l’ampleur du délitement sur les plans politique et socio-économique ? Pour certains observateurs, dont ses partisans, le timonier du Rdpc serait le moindre mal, le « meilleur risque » si l’on veut éviter le chaos au Cameroun. «C’est à lui d’éteindre les foyers de tensions et de frustrations qu’il a laissés prospérer ici et là, avant de faire la place à un dauphin», dissertent d’autres.

En l’absence d’une candidature de consensus de l’opposition, qui a eu tort de miser sur la non-candidature du président sortant, et compte tenu du verrou du scrutin uninominal majoritaire à un tour, on voit mal comment Paul Biya perdrait au soir du 7 octobre 2018. Mais, de notre point de vue, l’essentiel pour le successeur d’Ahmadou Ahidjo n’est plus simplement de gagner une élection. C’est de penser à la prochaine génération. C’est d’entrer positivement dans l’Histoire.

Auteur: camer.be