'Seule la prononciation de son nom faisait perdre le sommeil' : du nouveau dans les révélations de Jean Fochivé

Une nouvelle édition voit le jour

Mon, 29 May 2023 Source: Arol Ketch

Après plusieurs années de travail, une nouvelle édition de 'Les révélations de Jean Fochivé' a été ré-édité aux éditions du Muntu. Il s'agit d'une nouvelle édition révisée et augmentée du livre “Les révélations de Jean Fochivé” de Frédéric FENKAM.

Le livre relate la vie de Jean Fochivé, chef de la police politique camerounaise sous Ahidjo et Biya. Ce livre qui fut pendant des années en rupture de stocks révèle des secrets d’Etat hautement gardés.

Seule la prononciation de son nom faisait perdre le sommeil à plus d'un. C'est l'histoire du policier le plus craint de l'Histoire du Cameroun. Il avait les yeux et les oreilles partout. Il a dirigé les services du renseignement camerounais ; le CENER. En tant que directeur de la sécurité présidentielle, il était à la tête de la garde républicaine avec poste de commandement militaire à la présidence. Pur produit des services secrets français, il était leur correspondant au Cameroun.

Il est l’un des plus impitoyables artisans de la politique de répression des présidents Ahmadou Ahidjo et Paul Biya. Il n’hésitait pas à utiliser la torture.

En période de crise sociale, les deux présidents Ahidjo et Biya ont toujours fait appel à ses services pour ramener l'ordre et la sécurité avec un certain succès. On lui attribuait des pouvoirs mystiques. Fochivé était surnommé le Lion.

Jean Fochivé, le tout puissant patron de la police politique du Cameroun disparaît le 15 avril 1997. Des événements inexplicables et des scènes surréalistes se sont produits le jour de son enterrement.

Dans l'imaginaire collectif camerounais, le nom de cet homme évoquera à jamais les épisodes les plus tragiques de l'histoire politique du Cameroun indépendant.

Homme controversé, Jean Fochivé est resté pendant 23 ans, un mystérieux personnage au visage inconnu dont les compatriotes avaient peur de prononcer le nom.

Ce n'est qu'en août 1984, lorsqu'il part du CENER (Centre National des Etudes et de la Recherche), balayé par la nouvelle équipe gouvernante qui s'était alors attachée à la purge des "Ahidjoistes", que la presse nationale déclenchera une véritable explosion des rancœurs accumulées.

Elle lui attribue un nombre impressionnant d'exactions. Fochivé se retrouve en première ligne de la répression post-coloniale et son nom devient synonyme de terreur.

Affublé des sobriquets les plus péjoratifs, il sera désigné comme le commanditaire des opérations telles : l'incendie du célèbre quartier Congo de Douala, la tragédie du train de la mort, l'assassinat de Félix Moumié, l'arrestation et la condamnation à mort de Mgr Albert Ndongmo et de Ernest Ouandié.

Imperturbable, Jean Fochivé, face à toutes ces accusations gardait un silence méprisant, affirmant qu'il défendait l'Etat et les institutions républicaines.

Était-ce une prémonition ou un simple devoir de mémoire ? Nul ne saura pourquoi, six jours avant sa mort, encore bien portant, il se décida de raconter toute sa vie professionnelle à son neveu, auteur de cette retranscription dont les temps forts se retrouvent autour de quelques phrases : « Les actes devraient se juger selon les époques et les circonstances dans lesquelles ils ont été posés ».

« Les hommes de l'ombre que nous sommes devons avouer être les véritables bâtisseurs des petits tyrans qui ont mis l'Afrique dans l'état où elle est. Nous avons étudié, pensé et agi pour garder à la tête de nos jeunes Etats, des hommes qui n'ont aucune aptitude à diriger d'autres... »

Vous verrez à la lecture de cette nouvelle édition, pour ceux qui avaient connu la première édition, que certains chapitres ont été totalement réécrits ou simplement revus. Des témoignages inédits ont été rajoutés. Des archives et des photos inédites enrichissent cette nouvelle édition.

Auteur: Arol Ketch