En date du 21 mars 2017, le footballeur international camerounais, Samuel Éto'o, se voyait élevé au rang d'ambassadeur de bonne volonté de l'UNICEF. Cette nomination le propulsait au-devant de la scène humanitaire et lui imposait de facto la défense de certains principes démocratiques, gages du respect des droits des enfants, et une certaine neutralité vis-à-vis des régimes totalitaires qui portent atteinte à ces droits.
En effet, si l'une des missions de l'UNICEF est de ''faire bénéficier d'une protection spéciale les enfants les plus vulnérables, notamment les victimes de la guerre, de catastrophes, de la pauvreté extrême et de toute forme de violence ou d'exploitation, ainsi que les enfants handicapés'', il va sans dire que l'accomplissement de cet idéal passe par le rejet ou la neutralité face à tout régime qui méprise les droits des enfants.
LIRE AUSSI: Sérail: de mystérieux fonds de campagne créés la zizanie à Etoudi
Sur ce point, il faut noter que sa nomination comme ambassadeur de bonne volonté de l'UNICEF avait eu lieu six mois après l'éclatement de la crise anglophone au Camerounet avait coïncidé avecle début la guerre avait alors déclenché dans ces régions anglophones.L'occasion était donc propice pour que Samuel Éto'os'engageât, au nom de l'UNICEF, auprès des centaines de milliers d'enfants camerounais refugiés au Nigériaet de ceux déplacés à l'intérieur du pays. En lieu et place du parapluie de l'UNICEF, il déclara, le 05 juin 2018, vouloir s'y rendre plutôt à la demande du régime camerounais, régime qui, par son rejet de toute idée de dialogue, avaitplongé de centaines de milliers d'enfants dans ce qui est désormais considéré comme la deuxième guerre civile de l'histoire du Cameroun. Les Camerounais, qui avaient alors perçu dans cette exploitation de son imagela volonté du régime d'obtenir des gains politiques, avaient, grâce à leurs critiques dans les réseaux sociaux, rendu impossible sa descente sur le terrain.
Or, voilà qu'en date du 02 octobre 2018, à cinq jours d'une élection présidentielle cruciale pour l'avenir du pays, Samuel Éto'o, pour récidiver, déclare de nouveau, en direct à la télévision nationale, son soutien au régime camerounais dont le chef sortant, à 86 ans d'âge, totalise 36 ans de pouvoir sans partage et est candidat à sa propre succession. En apportant ce soutien à un régime qui, au quotidien, fait montre d'une indifférence criarde face aux souffrances d'enfants (affaire Vanessa Tchatchou, affaire Monique Koumaté, violence, meurtres et crimes rituels sur enfants, enfants de la rue), le footballeur a donné raison à ceux qui avaient compris que sa volonté d'aller dans les régions anglophones en guerre en date du 05 juin 2018 était motivée non pas par des raisons humanitaires, mais bien plus par des calculs politiques visant le maintien de la dictature.
LIRE AUSSI: Election 2018: qui est réellement Wilfried Ekanga, le messager de Kamto
Il faut dire, pour le répéter, que l'octroi et le maintien du titre d'ambassadeur de bonne volonté de l'UNICEF à une personnalité du monde du sport, des arts et de la culture s'accommode d'une part du rejet, par cette personnalité, de toute forme de tyrannie, de despotisme et de dictature et, d'autre part, du respect absolu des valeurs démocratiques qui rendent possible la protection des droits des enfants.
Au regard de cette maxime et de ces manquements du footballeur, dire que par son soutien à Paul Biya, Samuel Éto'o met en péril son statut d'ambassadeur de bonne volonté de l'UNICEF, est une lapalissade.