C’est une règle élémentaire dans la finance. Il est fortement recommandé aux États et aux institutions financières de ne pas entrer en relation avec des sociétés établies dans les paradis fiscaux. Car ceux-ci sont des hauts lieux de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale. Ou le cas échéant de procéder aux vérifications accentuées mais qui sont difficiles par les lois sur le secret bancaire dans cet Etat. Cette recommandation est indiquée par la Financial Action Task Force (FATF), les directives de l’Union Européenne en matière de blanchiment d’argent ou encore le US PATRIOT ACT.
Alors revenons donc à la crise diplomatique Tchad - Cameroun dont la société Savannah Energy est au cœur de la controverse. Il se passe donc que Savannah Energy PLC, a indiqué le 20 avril 2023
que sa filiale en propriété exclusive, Savannah Midstream Investment Limited (SMIL), a signé un accord d'achat d'actions ("SPA" ) avec la société pétrolière nationale du Cameroun, la Société Nationale Des Hydrocarbures ("SNH"), relative à la vente par SMIL et l'achat par SNH de 10 % du capital social émis (les "Actions") de Cameroon Oil Transportation Company S.A. (COTCo) (la "Transaction").
Sauf que les Tchadiens n’ont jamais accepté le rachat des actifs de Exxon Mobil par Savanah, qui non seulement n’est pas suffisamment connu dans le domaine de l’exploitation pétrolière. Mais également accusent Savanah, qu’ils qualifient de mystérieuse société, de pratiques mafieuses dans le transfert des actions.
Ce qui est donc frappant et amènent à regarder la piste d’un blanchiment d’argent l’Etat du Cameroun en prenant en compte la société: Savannah Midstream Investment Limited . Cette dernière va donc recevoir 25 milliards Fcfa de la SNH après le rachat par la SNH de 10 % des actions qui appartenaient à Exxon Mobil et repris par Savanah Energy, mais nationalisé depuis il y a quelques semaines par le Tchad qui suspecte une mafia.
Sauf que Savannah Midstream Investment Limited a été créé au Bahamas. C’est un secret de polichinelle, l’Etat du Bahamas est un paradis fiscal. L’Union Européenne considère depuis 2019 les Bahamas comme faisant partie des endroits où il existe des risques élevés de blanchiment d’argent. C’est donc dans une société installée dans ce pays que Moudiki et son épouse envoient 25 milliards Fcfa de notre argent.
Ce qui est encore plus interressant c’est que cette société Savannah Midstream Investment Limited qui est presentée comme une filiale de Savannah Energy a été créé en décembre 2022. C’est à dire il y a seulement 4 mois. Il s’agit d’une société qui n’a jamais menée la moindre opération ailleurs dans le monde.
Nous sommes donc allés regarder les responsables déclarés de ce que Savannah Energy présente comme sa filiale. Il s’agit du français Antoine Marie Richard, et des britanniques Nicola Beattie Et Robin Miles. Alors en jetant un petit coup d’œil on se rend compte que pour une société qui se présente comme une multinationale du pétrole avec grande expérience, les dirigeants de Savannah Midstream Investment Limited sont les même que ceux de Savannah Energy. On les retrouve encore dans deux autres sociétés. Le britannique Nicola Beattie lui il est par exemple directeur de 26 autres sociétés dont certaines n’ont rien avoir avec le pétrole.
Le ministre Tchadien des hydrocarbures a indiqué que Savanah Energy n’a jamais exploité le moindre puit de pétrole. Plus elle n’a aucune capacité financière. Car dit-il: « le monde de l’industrie du pétrole est petit».
Ce que les Tchadiens découvrent aujourd’hui c’est que la filiale de cette entreprise qui a été créé en décembre 2022, qui n’a mené aucune activité nulle part dans le monde, reçoit environ 25 milliards Fcfa de l’Etat du Cameroun et c’est avec une partie de cet argent qu’ils vont lancer leurs activités au Tchad. Dans leur pays. Ce que Mahamat Deby considère comme une trahison.