'Tentative d'empoisonnement d'Ahidjo': quand une victime du sinistre Fochivé parle de sa torture

Le président Ahmadou Ahidjo est le prédéceseur de Paul Biya

Tue, 20 Jun 2023 Source: Arol Ketch

Accusé d'avoir tenté d'empoisonner l'ancien président Ahidjo, le journaliste proche de Mgr Albert Ndongmo, Célestin Lingo a été torturé par les services de la police. Il est en effet, une victime du tristement célèbre Jean Fochivé dont les témoignages ont été recueillis dans le cadre de la rédaction du livre « les révélations de Jean Fochivé ».



"Le 24 septembre 1970, il est arrêté à Nkongsamba, transféré à la Bmm de Yaoundé. où il restera jusqu’en avril 1971. Torturé, on lui demande d’avouer qu’il avait été envoyé par Mgr Ndongmo à Garoua en 1969 pour remettre un poison à une certaine Marie Bella afin d’empoisonner le président Ahidjo.

Le 8 avril 1971, il est transféré à la prison de Mantoum où il est soumis aux travaux forcés. Il sera libéré le 22 mai 1975. Mantoum était un camp de concentration pour un lavage de cerveau.

Pour Célestin Lingo : “ Fochivé incarnait la terreur et a toujours terrorisé, même moralement. Il faisait partie du système. Il était le cœur du système. L’affaire Ndongmo a été monté par Fochivé pour étouffer un charisme qui faisait peur, et par zèle, pour plaire à un Ahidjo jaloux de son pouvoir comme tous les dictateurs le sont.

Ils ont imaginé une tentative de coup d’Etat attribuée à un groupe de vieilles personnes et à Mgr Ndongmo, leur aumônier, considéré comme le meneur. Quand on veut tuer son chien… L’évêque acceptait de porter le chapeau et même de mourir pour sauver la vie de ces pauvres hères faussement accusées de complot.

Pour ce qui est du sadisme de Fochivé, les gens de notre époque, même ceux qui ont pu échapper à sa “vigilance”, l’ont vécu sous toutes ses formes. Tenez par exemple : à la Bmm de Yaoundé, un riche homme d’affaires détenu avec nous pour l’affaire Ndongmo payait de l’argent pour avoir des relations avec son épouse dans une petite chambre de cette prison.

Les gardiens en rigolaient pendant ce temps… Fochivé était capable de tout.”

A sa sortie de prison, ne pouvant plus exercer au Cameroun; il s’exile en Côte d’ivoire où il passera 8 ans.

Célestin Lingo, excellent journaliste nous a quittés le 18 octobre 2016".

Auteur: Arol Ketch