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Terrorisme: Paul Biya responsable selon le Cdt Kissamba

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Sam., 1 Août 2015 Source: Ngouo WOUNGLY-MASSAGA

Camerounaises, Camerounais, Chers Compatriotes,L’heure est grave. Très grave. Boko-Haram vient une fois de plus de frapper notre pays, faisant coup sur coup, à Maroua, quatorze morts et une trentaine de blessés, puis vingt un morts et quatre-vingt cinq blessés .

Au nom des patriotes camerounais, et de tout notre peuple, qui ont connu dans leur chaire le terrorisme des troupes coloniales françaises et de leurs mercenaires camerounais, je m’incline devant ces morts et exprime ma profonde compassion aux blessés et à leurs familles.

1. Le régime est coupable, Paul Biya est responsable !

Chers Compatriotes,

Pour l’observateur superficiel, les victimes de Boko-Haram ne sont que les victimes de Boko-Haram. Pour l’observateur averti, et même pour le citoyen et la citoyenne politiquement éveillés, les victimes actuelles de Boko-Haram sont aussi voire surtout les victimes du parti au pouvoir, de sa politique aveugle, irresponsable et dépassée, ainsi que de l’égoïsme borné d’un Chef d’Etat qui ne voit plus que la défense de son pouvoir et non l’intérêt du pays ou les souffrances du peuple qu’il ne fait que condamner « de bouche », de son palais.

Je vous prends à témoins. Que vous a-t-on dit dès les premières attaques de cette secte dans notre pays ? « Tous derrière Paul Biya » ! N’ai-je pas protesté pour crier que la mobilisation nationale contre le terrorisme ne devait pas être une question partisane, qu’il ne fallait pas en faire un monopole du RDPC ou pire une campagne d’élection présidentielle camouflée? Où en sommes-nous ?

Il a même fallu dénoncer les « motions de soutien au Président Biya dans sa lutte contre le terrorisme » pour qu’on commence à parler de mobilisation de fonds pour soutenir nos soldats. Et nous passons évidemment pour un « mauvais camerounais » en alertant l’opinion sur le fait que ces fonds sont largement détournés par les réseaux civils et militaires parce qu’ils ne parviennent pas jusqu’à présent aux soldats du front…

Le Président Biya est au courant de tous ces dysfonctionnements mais il se garde d’engager quoi que ce soit pour tenter d’assainir la situation. Tout ce qui l’intéresse c’est qu’on reprenne toujours le slogan « Tous derrière Paul Biya pour combattre le terrorisme » même face à la montée en force du terrorisme, et alors que nous avions averti que ce mot d’ordre ne peut rien faire à Boko-Haram, comme tout le monde a pu le constater, aussi sommes nous dans l’obligation de dire aujourd’hui, en notre âme et conscience au Peuple Camerounais que tant que Paul Biya s’accrochera cyniquement au pouvoir, Boko-Haram sévira de plus en plus dans notre pays…

2.- Pas de Plan, pas de Stratégie, pas de vrai chef,corruption et incompétence généralisée

Telle est la réalité de notre pseudo lutte contre le terrorisme sous Paul Biya. Cette réalité ne pourra pas changer sous ce régime englué dans la corruption, parce que tous les gros bonnets du parti au pouvoir, civils et militaires, ont trouvé dans la lutte contre Boko-Haram un gros business et une aubaine pour maintenir leurs réseaux en place et pour prolonger la survie de leur régime avec Paul Biya leur complice et plus ou moins leur prisonnier depuis la tentative de putsch avortée du 6 Avril 1984.

Si notre Peuple s’avère incapable de se réveiller et d’assumer l’option d’un changement politique qui est devenu une nécessité urgente et incontournable, nous constaterons l’absence de plan et de stratégie avec la montée à des centaines puis à des milliers de morts de victimes du terrorisme que le « Chef des Armées » va toujours condamner avec la dernière énergie.

Malheureusement, plus Boko-Haram montera en force et fera des victimes, plus les gros bonnets civils et militaires vont s’enrichir sans états d’âmes et auront intérêt à maintenir un système politique dont notre peuple souffrira de plus en plus.

Nous avons déjà attiré l’attention sur la création de la « Force Multinationale Africaine » en soulignant qu’il s’agit d’une fiction, d’un jeu d’écriture ; dans la mesure où c’est chaque armée nationale qui en fait partie son financement ne sera qu’un partage du gombo. Au plan opérationnel cette « force » n’existera pratiquement pas…

3.- Il ne peut pas y avoir de Défense Populaire avec un régime Impopulaire.

Le régime BIYA est dans une impasse stratégique. C’est en vain que de faux stratèges de salon s’évertuent à le défendre avec de pseudo-recommandations sécuritaires qui ne donneront rien sur le terrain… Je m’excuse, mais je sais de quoi je parle

Lorsque le Président Paul Biya a bien voulu associer le Cdt Kissamba à la lutte contre BokoHaram, en le faisant appeler par le Conseil National de Sécurité, on aurait pu penser que le Parti au pouvoir avait adopté une nouvelle approche des problèmes du pays. Le Cdt Kissamba avait donc accepté et fait les propositions constructives suivantes.

Primo Il demandait qu’il soit précisé qu’il venait en tant que patriote, aider le pays à combattre le mal et non répondre à l’appel du RDPC qui demandait « à tous les Camerounais de se mettre derrière Paul Biya ».

Secundo Il ne partageait pas le point de vue du CNS (Conseil National de Sécurité), notamment de son Secrétaire Permanent, pour qui Boko-Haram n’était plus qu’un résidu qui serait bientôt « écrasé avec nos moyens d’Etat»…

Tertio Au plan opérationnel, sans entrer dans des explications théoriques auxquelles les hommes du RDPC n’allaient rien comprendre, formatés qu’ils sont dans les sectarismes (philosophiques et partisans) et dans le conservatisme, le Cdt Kissamba proposait de commencer immédiatement le travail contre Boko-Haram en instaurant un climat d’empathie avec les jeunes du Nord et de l’Extrême Nord du pays.

Pour cela, il demandait la libération immédiate du jeune Célestin Yandal, jeune élu de l’UNDP , emprisonné arbitrairement par le Lamido de Rey-Bouba, et maintenu en prison par la seule volonté de ce grand ami du Chef de l’Etat, aujourd’hui Vice Président du Sénat… Avec ce message fort à la jeunesse, nous pouvions entamer, avec Célestin Yandal dans notre équipe, et quelques jeunes (upécistes de toutes tendances et non upécistes), une tournée dans toute la région pour sensibiliser et éduquer les jeunes en leur parlant du terrorisme pour les convaincre que celui-ci ne pouvait leur apporter aucune perspective de vie positive.

Comme pris de peur le régime a aussitôt rompu avec le Cdt Kissamba et réaffirmé son allégeance au grand féodal. Où en sommes-nous aujourd’hui? Et qui nous dira que le régime n’y est pour rien ? Que l’incapacité du régime à combattre le terrorisme n’est pas systémique, liée au système? Que Paul Biya n’est pas responsable…etc, etc…

1. Les victimes sont autant celles de Boko-Haram que de la politique stupide du RDPC et de l’aveuglement de Paul Biya à ne défendre que « son » pouvoir.

2. Le régime Biya ne maîtrise pas et ne pourra jamais maîtriser la problématique du terrorisme ; n’attendons pas que le carnage atteigne des milliers de morts pour comprendre que le changement politique est devenu urgent et incontournable.

3. Il ne peut pas y avoir de Défense Populaire avec un régime Impopulaire. Le régime BIYA est dans une impasse stratégique. C’est en vain que de faux stratèges de salon s’évertuent à le défendre avec de pseudo-recommandations sécuritaires qui ne donneront rien sur le terrain. ..Je sais de quoi je parle…

4. Un préalable s’impose, sortir le peuple de sa torpeur !

NGOUO WOUNGLY-MASSAGA, Cdt KISSAMBA / Cdt GAMA, Vétéran de l’UPC et de l’ALNK.

5. Un réveil préalable s’impose : sortir le peuple de sa torpeur

Le peuple camerounais offre aujourd’hui au Monde le triste et scandaleux spectacle d’un peuple qui est resté passif, vautré dans la lâcheté, la peur et la veulerie, pendant près de vingt ans, alors que le Président de la République violait cyniquement un article-clé de la Constitution ; l’Article 66, celui-là même qui aurait permis de lutter efficacement contre la corruption.

Peut-on appeler à l’insurrection un peuple qui, bien que comptant plus de deux cents partis politiques et de nombreuses associations de la société civile déployées dans les domaines les plus variés, jusqu’ à la défense de l’homosexualité et des mariages homosexuels si éloignés de nos cultures, n’a pas encore le minimum de civisme, même au niveau de son intelligentsia bardée de diplômes, de défendre la loi fondamentale de l’Etat, grossièrement violée par le Chef de l’Etat depuis plus de vingt ans ?

Aussi est-il nécessaire qu’il y ait un réveil préalable avant même de parler de lutte contre Boko-Haram et de lutte pour le changement, un réveil sur deux problèmes de première importance :

Le Président Paul BIYA doit cesser de violer l’Article 66 de la Constitution ;

Le Président BIYA doit se prononcer pour la sortie de notre pays du Franc CFA.

En lançant une Pétition Nationale sur ce deux problèmes, pétition à signer et à faire signer par le maximum de nos compatriotes, nous saurons qui, dans notre pays, est prêt à lutter contre Boko-Haram et nous saurons à la fois comment amorcer le changement et comment vaincre le terrorisme. Que nous sommes parfaitement capables de vaincre mais pas avec un régime archi-corrompu et un peuple de zombis.

Auteur: Ngouo WOUNGLY-MASSAGA