La trajectoire, les boutades, les connexions, les déboires et les bons points du président de l’Assemblée nationale.
A (Assemblée nationale) : Aujourd’hui âgé de 75 ans (il est né le 1er janvier 1940 à Mada, département du Mayo Sava, région de l’Extrême Nord), Cavaye Yéguié Djibril siège à l’Assemblée nationale depuis 1970, soit 45 ans.
Il a été questeur lors de la première et deuxième législature, vice-président lors de la troisième législature. Le 31 mars 1992 (cinquième législature), il est élu président de l’Assemblée nationale. Depuis 23 ans, il trône sans discontinuer au perchoir.
B (Boko Haram) : Le président de l’Assemblée nationale (Pan) s’est illustré par ses déclarations publiques au sujet de la secte terroriste. A l’ouverture de la session en cours, le Pan a indiqué qu’ « aucune force exogène ne saurait venir délibérément déstabiliser le socle que constitue la République du Cameroun, sauf à croire que quelques complicités endogènes soient impliquées dans une telle initiative ».
En juin 2014, à la même occasion, Cavaye déclarait : « Dans ce combat [contre Boko Haram, ndlr], aucune complicité ou duplicité ne sera tolérée. Les éventuels complices, nous les considérons comme étant les fossoyeurs de la patrie, des traîtres à la nation. Nous recommandons aux instances compétentes de les traiter comme tels et de sévir sans ménagement, ni pitié. Ces complices doivent être recherchés, ils doivent être débusqués par tous les moyens et punis sévèrement conformément aux lois de la République.
Nous le savons, beaucoup sont parmi nous, les uns tapis dans l’ombre, les autres très actifs, mais dans l’hypocrisie, faisant semblant d’apporter leur aide aux autorités, leur objectif étant de brouiller les pistes, certainement pour mettre le pays à feu et à sang.
Ceci est inacceptable. N’ayons pas peur, dénonçons les ! Ils doivent rendre compte de leurs turpitudes ». A cette époque déjà, la sortie de Cavaye avait jeté le trouble dans les esprits et l’effroi au sein de l’opinion publique. Le Pan, lui, restera de marbre.
C (Comité central) : Cavaye Yéguié Djibril est membre du comité central et du bureau politique du Rdpc. Il a conduit la campagne du candidat du Rdpc à la présidentielle dans le département du Mayo Sava et dans la région de l’Extrême-Nord. D’autres opérations ponctuelles du parti au pouvoir dans ces circonscriptions ont également été placées sous sa houlette.
Au cours du dernier congrès ordinaire du Rdpc, en 2011, il était le président du bureau du congrès. C’est en cette qualité qu’il a lu le procès verbal consacrant la réélection de Paul Biya à la tête de cette formation politique au détriment de son rival René Zé Nguélé.
D (Défiance) : En violation des consignes de vote du président national du Rdpc, le député Rdpc du Mayo Kani Adama Modi Bakary a défié trois fois de suite (2007, 2008 et 2009) Cavaye Yéguié Djibril à l’élection à la présidence de l’Assemblée nationale.
« Sur le plan démocratique, on ne peut pas imposer la candidature d’un homme au nom de tout un groupe », fulminait alors le parlementaire. Mais le suspense ne durera que le temps de l’annonce de la candidature concurrente, car Cavaye finira toujours par se faire réélire.
Au cours d’une réunion du parti en 2013 à Maroua, Cavaye Yéguié Djibril ironisera en ces termes, face à son indécrottable challenger : « Pourquoi tu es toujours agité Adama Modi? Tu n’as jamais demandé la parole, même à l’Assemblée nationale, sauf pour dire que tu es candidat».
Réponse à la roquette du député : «Vous nous dites qu’il faut soutenir le Rdpc par des actions concrètes au profit des populations. Qu’avez-vous fait personnellement pour vos propres populations depuis près de 30 ans que vous êtes aux affaires? Les routes qui mènent dans le Mayo-Sava sont impraticables. Au lieu d’une heure, il faut trois heures de temps pour arriver à Mora. Pour arriver chez vous à Tokombéré, c’est encore pire. La politique n’est pas comme la religion où la récompense vient après la mort. En politique, c’est cartes sur table».
E (Ecole normale supérieure de Maroua) : Nous sommes le 6 décembre 2008. Le ministre de l’Enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo rend publics les résultats du tout premier concours d’entrée à l’Ecole normale supérieure de Maroua, établissement de l’université basée dans la même ville. Le pourcentage d’admis des trois régions septentrionales culmine à 23%. C’est la levée de boucliers.
L’élite du grand Nord, sous la direction de Cavaye Yéguié Djibril, parle même de « provocation » du chancelier des ordres académiques. « L’Ens de Maroua est un cadeau du chef de l’Etat aux populations du grand Nord », répètent, furieuses, certaines élites. Le 12 décembre 2008, les députés originaires du septentrion boycottent collectivement une session plénière à l’Assemblée nationale, pour exprimer leur courroux.
Plus tard, Cavaye s’en ira crier son ras le bol auprès de Paul Biya, au cours d’une audience qu’il obtient. Il réclame 85% de filles et fils du grand Nord au lieu de 23%. Le 13 décembre 2008, Fame Ndongo se rend au bureau de Cavaye pour s’expliquer. Il est proprement éconduit. Le 19 décembre 2008, l’on passe à côté d’une manifestation publique des députés du septentrion, à l’occasion de l’ouverture du Festival national des arts et de la culture (Fenac).
Le pouvoir de Yaoundé craque finalement, à quelques jours de la fête de la Nativité, en déclarant admis à l’Ens de Maroua tous les candidats du Grand nord ayant déposé des dossiers. De 23%, l’on est passé à 100%. Vous avez dit cadeau de Noël ?
F (Fonka Shang Lawrence) : C’est le nom du prédécesseur de Cavaye Yéguié Djibril au perchoir de l’Assemblée nationale du Cameroun. Chez un confrère, ce secrétaire d’administration principal, selon le site de l’Assemblée nationale (d’aucuns affirment qu’il n’est que maître d’Education physique et sportive), avoue qu’il ne s’attendait pas du tout à être investi à ce poste par le président national du Rdpc, Paul Biya.
Cavaye est celui qui a battu le record de longévité à ce poste, loin devant Salomon Tandeng Muna et Kemayou Happy. A chaque qu’il est réélu, Cavaye s’empresse généralement de remercié le chef de l’Etat, avant même ses pairs qui sont censés l’avoir plébiscité.
G (Garde du corps) : L’affaire fait le buzz dans les médias depuis lundi dernier. A la surprise générale, le président de l’Assemblée nationale a limogé son garde du corps pour « actes terroristes, braquage et tentative d’enlèvement ».
L’arrêté signé de Cavaye, qui a bénéficié d’une bien curieuse publicité, indique le capitaine Bouba, très proche collaborateur du Pan depuis bientôt deux décennies, est remis à la disposition du ministère de la Défense. Mais les choses ne s’arrêteront manifestement pas là.
Le gendarme mis en cause est cuisiné, aux dernières nouvelles, au Secrétariat d’Etat à la Défense (Sed) et à la Sécurité militaire (Semil). Risque-t-il la pendaison, au regard de la loi anti-terroriste récemment promulguée par le président de la République ? Just wait and see.
H (Hommage) : Invité le 11 juin 2014 à la séance plénière d’ouverture de session à l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, le Pan ivoirien, a rendu un vibrant hommage à son homologue camerounais : « Me voici présent dans ce haut lieu de la démocratie à votre invitation.
C’est en effet un sentiment de fierté qui envahit le modeste apprenti que je suis, pour l’heureuse occasion qui m’est offerte, d’être un élève attentif, à l’école de ce Maître que vous êtes, vous qui occupez la haute fonction de Président de l’Assemblée nationale du Cameroun depuis plus de 20 ans ! (…)Je me suis laissé dire, au lendemain de mon élection à la tête du Parlement ivoirien, que j’intégrais le club très ouvert des présidents d’Assemblées nationales d’Afrique conduit par le doyen des doyens, le Très Honorable Cavaye, qui aujourd’hui [en 2014, ndlr] totalise plus de 44 ans de présence à l’Hémicycle de la République du Cameroun.
Dès lors, vous pouvez donc comprendre mon bonheur d’être venu m’abreuver à la source de cette Sommité, moi le benjamin qui ne revendique pas encore 44 ans d’âge. Au nom du Club des présidents d’Assemblée nationale, je veux vous rendre un hommage mérité ».
I (Iya Mohammed) : Le 6 juin 2011, dans son discours d’ouverture de session, Cavaye Yéguié Djibril a infligé une volée de bois vert à Iya Mohammed, alors directeur général de la Société de développement du coton (Sodecoton).
«Le coton camerounais file du mauvais coton… Monsieur le Premier ministre, il faut sauver la Sodecoton… la Sodecoton ne saurait être gérée à partir de lointaines arènes… elle doit être confiée à des hommes disponibles, qui ne sont pas partagées entre les passions multiples et la gestion de l’entrepris.
Il faut remettre le coton sur la trajectoire normale». Le Pan sera tour à tour démenti par Iya Mohammed, Mbarga Atangana (Mincommerce), mais surtout Jean Nkueté (alors vice-Pm/Minader) : « Je ne suis pas d’accord avec les déclarations faites par le Très Honorable président de l’Assemblée nationale. En 2010, la Sodecoton a fait des bénéfices de l’ordre de 2,8 milliards Fcfa. C’est la preuve d’une gestion rigoureuse et saine. Les dirigeants de la Sodecoton font un travail remarquable. Je ne peux que conseiller aux fils du grand Nord de considérer la Sodecoton comme leur bien commun », dira le ministre de l’Agriculture, au cours du lancement de la campagne agricoles pour les régions septentrionales, à Maroua.
J (Journaux) : Au cours de la session parlementaire de juin 2011, au plus fort de sa discorde avec Iya Mohammed au sujet de la gestion de la Sodecoton, Cavaye Yeguié Djibril a décoché des flèches contre la presse.
S’adressant au Premier ministre, cette fois-là au sujet des dysfonctionnements dans le secteur des marchés publics, le Pan fera une digression : « Je dis cela ainsi, après quoi les journaux privés vont prendre 10 à 15.000 francs Cfa pour dire que je n’ai pas raison. Des propos qui avaient profondément déplu aux hommes et femmes de médias présents au sein de l’hémicycle. En fin de la même session, Cavaye trouvera le moyen, par une autre pirouette verbale, de se réconcilier avec la presse.
K (Kla) : Touda Kla est le farouche adversaire du président de l’Assemblée nationale aux primaires de 2002 et 2007 organisées au sein du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), en vue des élections législatives.
Jusqu’à ce jour, ce fonctionnaire qui servi au ministère des Finances crie à la « victoire volée ». Durant les opérations d’investiture pour les législatives de 2013, il est revenu à la charge, sans plus de succès. Confiant, il déclarait pourtant que «Ce ne sont plus les primaires. Cavaye ne pourra plus acheter les électeurs. Cette fois-ci, c’est le président national qui va décider de qui sera candidat. Si le choix du président Biya n’est pas en ma faveur, je vais m’incliner devant sa décision. Si Cavaye n’est pas retenu, il faut qu’il l’accepte également dans la sportivité».
L (Lekié) : En réaction à la déclaration de Cavaye, qui estimait que « Boko Haram est parmi nous », l’élite de la Lekié sous la ferule du ministre délégué à la présidence de la République chargé du Contrôle supérieur de l’Etat, Henri Eyebe Ayissi signent le 31 août 2014 « l’appel de Lekié » pour s’élever contre « les stratégies sournoises des complices nationaux de Boko Haram, particulièrement dans les régions septentrionales, et leurs tentatives de déstabilisation des institutions avec l’appui de certaines puissances étrangères ».
S’exprimant au nom du Grand Nord sur le papier à entête de l’Assemblée nationale, Cavaye Yéguié Djibril ripostera vertement : « Ces allégations constituent des accusations qualifiées de très graves. Bien mieux, elles sont inopportunes, dangereuses pour la cohésion du Cameroun et préjudiciables à l’unité nationale. Les relents de stigmatisation dont elles sont porteuses à l’endroit des valeureux et dignes et fidèles fils du grand Nord, appellent plus à la partition du Cameroun qu’à la construction ou à la mobilisation de tous pour lutter contre un ennemi commun appelé Boko Haram ».
M (Mémorandum) : Courant 2012, le collectif de défense des montagnards Kirdi du Mayo Sava jette un pavé dans la mare. Dans le mémorandum qu’il adresse au président de la République, il déplore le fait que « d’Ahmadou Ahidjo à Paul Biya, ils n’ont été « ni plus ni moins que des dindons de la farce au service des intérêts élitistes ».
Les jeunes Kirdi dénoncent aussi la non-prise en compte des listes envoyées par les ministres et élites pour leur insertion socio-professionnelle. Un doigt accusateur est pointé sur Cavaye Yéguié Djibril, mais aussi sur Luc Ayang, le président du Conseil économique et social, Zacharie Perevet, le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Jean Baptiste Baskouda (alors secrétaire général de ministère) et Pierre Helé, ministre de l’Environnement et de la protection de la nature.
N (Népotisme) : Dans une lettre ouverte signée le 20 novembre 2013, Hamadou Oumaté, élite de Tokombéré et ancien employé au cabinet du Cavaye, accuse ce dernier de népotisme. Pas moins de 64 personnes, présentées comme des épouses, enfants, frères, beaux-frères, neveux, nièces… du président de l’Assemblée nationale, occupant divers postes influents ou de rente dans la galaxie administrative camerounaise, sont listées.
«C’est vrai qu’il y a de l’aigreur qui se dégage de cette lettre. Mais je puis vous affirmer que ce qui est dit dans ce document est fondé à 80%. L’exagération, et peut-être l’affabulation, porte sur des aspects liés aux diplômes de certaines personnes citées. Mais le reste est correct», soutient, sous anonymat, un fonctionnaire en service à l’Assemblée nationale. Dans l’entourage de Cavaye Yéguié Djibril, on y voit plutôt une manœuvre des adversaires du Pan visant à le déstabiliser.
«Il y a beaucoup de choses erronées dans ce document. Nous savons que l’auteur est au service d’un groupe qui veut fragiliser le Pan. La lettre dont vous parlez devait être mise en circulation avant le dernier renouvellement du bureau de l’Assemblée nationale, question de faire disqualifier M. Cavaye. Ses adversaires avaient parié sur sa non-reconduction au perchoir. Face à la dure réalité, ils ont entrepris de remonter au front», se défend un proche de Cavaye.
O (Oumaté) : Le phénomène Liman Oumaté Malloum fait irruption dans l’actualité en janvier 2009. Ce dernier se présente comme le leader du Mouvement pour la libération du peuple camerounais (Mlpc). Entre autres revendications, le rebelle des Monts Mandara appelle le président de la République « à quitter le pouvoir avant que les choses ne se gâtent pour lui ».
Dans la lettre qu’il lui adresse, Liman Oumaté fait en réalité le procès de 26 ans du règne de Paul Biya. Un règne qui, à l’en croire, a « engendré le mécontentement des populations à chaque élection, le taux d’abstention conséquent des électeurs, le désarroi des Camerounais qui crient leur misère et leurs conditions de vie déplorables». Le manège Oumaté va durer environ trois mois.
« Le 21 avril 2009, Cavaye Yeguié Djibril et Amadou Ali dépêchent discrètement à Maiduguri [Nigeria, ndlr] le député Abba Malla accompagnés d’un officier de police de la Direction générale de la recherche extérieure (Dgre) en service à Kolohita (…). Mais au lieu de la mallette devant contenir les 300 millions censés mettre un terme aux ambitions du rebelle, l’honorable est porteur d’un pli du président de l’Assemblée nationale destiné au gouverneur de l’Etat de Borno, Ali Shérif Modu (…). De mallette, il s’agit en fait d’un sac rempli de pain et recouvert de billets de banque. Est-il [Liman Oumaté, ndlr] alors distrait lorsqu’il est invité à y jeter un coup d’œil ? En tout cas, une drogue est discrètement versée dans son verre par un membre de la délégation camerounaise. L’effet est immédiat. Liman Oumaté Malloum sombre dans un sommeil profond. Les éléments du State Security Service observent la manœuvre à distance (…). Place à la troisième phase de l’opération. Liman Oumaté Malloum, les yeux bandés, est jeté sans brutalité dans une voiture banalisée. Sur lui, aucune arme. Juste un passeport camerounais et 1975 naïras (5.750 Fcfa). Direction : la frontière ». Ainsi avait été décrite l’exfiltration du « rebelle », du Nigeria, par L’œil du Sahel.
P (participation) : Cavaye Yéguié Djibril était au premier plan de la marche patriotique contre Boko Haram organisée par un collectif de journalistes le 28 février 2015. Sans doute une manière pour lui d’apporter sa caution à cette mobilisation populaire contre la secte terroriste.
Q (Questions orales) : Le président de l’Assemblée nationale, fort des pouvoirs que lui confère le règlement intérieur de la chambre, veille sur la conformité des questions adressées (par écrit) aux membres du gouvernement et celles qui sont lues à l’hémicycle. Il n’hésite pas souvent à interrompre les députés qui veulent jongler ou relancer des ministres au cours des séances plénières. Ce qui n’est pas toujours mal vécu par les députés.
R (Rançon) : Relativement à l’écart dans les négociations pour la libération de la famille Moulin Fournier, détenue par Boko Haram pendant deux mois, le président de l’Assemblée nationale a joué un rôle décisif dans la libération du père Georges Vandenbeusch, enlevé le 13 novembre 2013 à Nguetchewe, dans le Mayo-Tsanaga. Sauf qu’à l’issue de l’opération, un lawan accusera le Pan de l’avoir floué.
Selon les sources contactées par L’oeil du sahel, Cavaye Yeguié Djibril lui a suggéré de tout remettre entre les mains de Dieu et de se contenter d’avoir le bonheur d’avoir aidé le chef de l’Etat à obtenir la libération du religieux français. Pas sûr que cela lui ait particulièrement fait plaisir. Ce d’autant plus qu’une importante enveloppe, entre 6 et 8 milliards Fcfa avaient été débloqués par le chef de l’Etat Paul Biya pour solder cette affaire.
S (Sénat). Président de l’Assemblée nationale depuis 21 ans, Cavaye Yéguié Djibril exprime son désir de migrer au Sénat (sans doute en gardant son titre), chambre nouvellement rendue opérationnelle. A l’occasion des investitures en vue des sénatoriales 2013, il demande le feu vert à Paul Biya. Ce dernier reste aphone. Cavaye prend cela pour un avis favorable. Ignorant l’instruction du comité central, qui proscrit les candidatures des députés Rdpc à ces joutes, le natif de Mada fonce.
Mal lui en prend. Il n’est pas investi. Lui qui espérait garder le strapontin de suppléant constitutionnel du chef de l’Etat doit essuyer les quolibets de l’opinion publique. Rongé par l’amertume, il défiera plus d’une fois l’autorité du président du Sénat, empoisonnant les relations entre les deux chambres du Parlement. Ces derniers temps, un vent d’apaisement souffle dans les rapports entre le Sénat et l’Assemblée nationale.
T (Tradition) : En qualité de lamido de Mada, Cavaye Yéguié Djibril est attaché à la tradition. En plus de ce titre, au cours de son dernier voyage en Côte d’Ivoire, il a été fait « Nanam Nangui Abrogoua », du nom d’un chef coutumier de la Côte d’Ivoire. « Je ne prendrai pas à la légère le pouvoir que vous me donnez », avait alors déclaré Cavayé face aux députés de la Côte d’Ivoire.
U (Union sacrée) : Le président de l’Assemblée nationale appelle régulièrement à l’union sacrée dans la guerre contre Boko Haram. Cette union doit impliquer « nos forces de défense et les populations pour une collaboration tous azimuts afin d’éloigner de notre pays les démons de la dérive sécuritaire et le spectre de l’instabilité ».
Selon Cavaye « nous (chefs traditionnels et élus locaux) avons ainsi le devoir de sensibiliser nos communautés sur la menace que représente Boko Haram (…). Faisons œuvre de patriotisme en ratissant large afin de recueillir l’ultime renseignement à transmettre à l’autorité (et) en dénonçant tout individu (…) aux agissements subitement suspects », a-t-il préconisé, en ouverture de session parlementaire, en juin 2014.
V (vice-Premier ministre) : Le vice-Premier ministre, Amadou Ali est sans doute parmi le principal rival politique de Cavaye dans l’Extrême-Nord, mais principalement dans les transactions en rapport avec Boko Haram. Les deux se détestent cordialement, disent des connaisseurs du marigot politique septentrional.
« Ils se tolèrent à peine », susurrent d’autres observateurs. Après l’attaque de Kolofata, l’on ne se souvient pas d’une prise de position publique ferme du Pan contre la bande ayant pris d’assaut le domicile de son « frère » du Mayo Sava.
W (Waterloo) : La rupture fracassante entre le Pan et son garde du corps est-il le début de sa fin ? Va-t-il vivre son Waterloo au cas où son « homme de main » passe aux aveux complets ?
X (Xénophobie). On ne connaît pas de déclaration publique du président de l’Assemblée nationale contre ce phénomène, en dépit des expulsions saisonnières des Camerounais en Guinée Equatoriale ou au Gabon.
Y (Yaoundé) : D’après des informations non confirmées, le domicile de Cavaye Yéguié Djibril était en passe d’être encerclé par l’armée après l’annonce (erronée) du décès du président de la République, en juin 2014. L’intéressé était encore, au vu de la Constitution, celui qui devait assuré la présidence, en cas de vacance ou de décès du chef de l’Etat.
Z (Zondol Hersesse) : Parmi les noms des ressortissants du septentrion qui revienne régulièrement lorsque le remplacement de Cavaye Yéguié Djibril au perchoir de l’Assemblée nationale est évoqué, l’on retrouve le nom de Zondol Hersesse. Président de la commission des lois constitutionnelles, il est réputé pour son flegme et sa discrétion. Des qualités essentielles lorsqu’on veut taper dans l’œil de Paul Biya. Le nom de Kamsouloum Abba Kabir, questeur est souvent aussi cité.