Jean Breton Assimba a écrit une lettre ouverte à Samuel Eto'o, président de la Fécafoot. Dans cette lettre, l'auteur explique au président de la Fécafoot ce qu'est l’arène politique et ce qu'il doit savoir pour gagner ses batailles politique dans le sérail. Ci-dessous, la rédaction de CamerounWeb vous propose la tribune de Jean Breton Assimba.
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"Eto’o Fils Samuel pense, à tort, que l’arène politique est comparable à celui du football. Certes, les deux ont en commun la confrontation ; mais là où l’esprit de fair-play est célébré au football, en politique on tue. On enterre l’adversaire, on élimine les potentiels concurrents.
Eto’o Fils Samuel a été victime, lors de la cérémonie d’ouverture de la CAN, d’une tentative d’élimination politique qu’il n’a malheureusement pas vu venir et qu’il ne perçoit peut-être même pas. Trop concentré sur son nuage de la Fecafoot, trop confiant dans ses soutiens au sein de l’appareil politico-administratif qui lui ont permis de terrasser Seidou Mbombo Njoya.
Samuel Eto’o Fils a eu tort de considérer sa victoire à la Fecafoot pour un chèque en blanc. L’appui de l’Etat, qui ne lui a pas fait défaut grâce au soutien de la Première dame, doit être analysé par lui comme un solde de tout compte : vous avez aidé le pays, nous vous le rendons bien. Basta !
Samuel Eto’o Fils ne l’a pas compris. Alors qu’il occupe une fonction sensible dans un domaine sensible de la vie du pays, il surfe toujours sans égard sur sa notoriété et l’émotion populaire pour multiplier les bains de foule dans un pays où, d’ordinaire, toute la lumière n’est réservée qu’au Prince. Etre allé faire un « show » à Sangmélima, quelques jours seulement après son élection, était une mauvaise idée, une très mauvaise idée même s’il devait bien cette chandelle à son ami Essiane. Quitte à se suicider ?
Le message passé au président de la Fecafoot à Olembé est ceci : vous n’êtes rien devant les intérêts du pouvoir. Tout Eto’o que vous êtes, restez à votre place ou bien l’on se chargera de vous mettre à votre place.
Pour le malheur de Samuel Eto’o Fils, qui a tôt fait d’oublier que c’est sa notoriété qui l’a rapprochée de la famille présidentielle pensant à tort que celle-ci l’aime vraiment, le rappel à l’ordre est d’une telle violence que cela doit s’appeler par son mot exact : l’humiliation. En mondovision.
Il n’y avait pas pour Eto’o Fils Samuel, pire moment que celui choisit par le pouvoir pour l’humilier et dire à tout le monde qu’au Cameroun, il n’y a qu’un seul Dieu : Paul Biya. Motsepe, le président de la CAN, s’est léché les babines. Infantino, l’enfant terrible de la FIFA, a obtenu sa revanche sur un plat en or. Comment Eto’o Fils Samuel peut-il encore bomber le torse devant ces deux ennemis ? Qui pourrait-il encore bluffer ?
Ce qui importe, c’est la mise en garde qui lui est passée en douce par le pouvoir : éloigner de vous toute tentation politique, semble-t-on lui dire. Ne profitez pas de votre statut de président de la Fecafoot pour, sous le prétexte de redonner vie au football, visiter le pays et entrer en campagne avant l’heure…
Est-ce que Eto’o Fils Samuel, lui-même, pouvait penser à une telle situation près d’un mois après sa victoire ? Non. Qu’il se dise bien que le pire pourrait donc arriver s’il continue d’entretenir l’ambiguïté sur ses intentions. Le pouvoir reste le pouvoir. Le football reste le football. Le premier se sert du second, c’est la main qui se trouve toujours au-dessus. Et c’est elle qui frappe. Sans aucune distinction".