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Trêve d’ingratitude pour Mebe Ngo’o

Wed, 21 Oct 2015 Source: Nestor Djiatou

Edgard Alain Mebe Ngo’o continue de polariser l’attention, plus de deux semaines après le réaménagement gouvernemental du 2 octobre dernier. En dépit de la haute confiance du Chef de l’Etat qui lui a confié les rênes du ministère des Transports, Il est à la limite vilipendé par des analystes peu éclairés, qui semblent avoir trouvé l’occasion idoine pour noircir son image.

Le lynchage médiatique systématique dont il fait l’objet tend à le peindre sous les coutures d’un homme déchu ou aigri, et ce malgré ses prédispositions clairement affirmées lors de sa prise de fonction à embrasser sa nouvelle charge avec abnégation. Paradoxe des paradoxes, l’homme, qui n’a jamais caché sa fidélité et son dévouement au Chef de l’Etat Paul Biya, est présenté comme un « pouvoiriste » invétéré.

On lui prête des intentions présidentialistes, des fortunes d’Alice au pays des merveilles, des privilèges des monarques d’Arabie… On veut lui faire pousser des cheveux blancs sur le crane, un activisme médiatique boomerang dont l’enjeu larvé est de noircir l’image d’un serviteur de la nation hors du commun. Et pourtant, les états de services du nouveau ministre des Transports imposent plus que du respect, et la reconnaissance unanime, et font d’Edgard Alain Mebe Ngo’o un véritable label.

On peut raisonnablement penser que ses faits d’armes dans la haute administration, qui tranchent avec l’inertie généralement décriée, constituent des socles d’explication à son maintien au sein du gouvernement. Son Cv, long comme un bras, se confond pratiquement avec l’histoire du Cameroun sous le Renouveau.

Conseiller des Affaires économiques du gouverneur de l’ex province de l’Est en 1985 à sa sortie de l’Enam-Ecole nationale d’Administration et de Magistrature, c’est une ascension fulgurante qui moule son cursus professionnel depuis lors. Secrétaire général de la province du Nord en 1988, la préfectorale lui tend la main dès 1991. D’abord Préfet de l’océan, il est ensuite nommé à la tête de la Mefou et Afamba en 1995, puis dans le Mfoundi, le siège des institutions en 1996. Visiblement c’est le tremplin qui lui permet de se mouler à la gestion des dossiers sensibles, ce qui explique les rôles plus importants qu’il embrasse dès 1997.

Directeur du Cabinet civil de la présidence de la République jusqu’en 2004, il est par la suite porté à la tête de la Délégation générale à la sûreté nationale, où il s’illustre par des mesures courageuses de redressement d’un corps gangréné par des comportements peu orthodoxes. A cheval entre la carotte et le bâton, son passage à la tête de la Dgsn permet de redorer le blason de la police sur fond d’assainissement. C’est nanti de cette reconnaissance d’homme à poigne qu’il arrive à la tête du ministère de la Défense en 2009, à la faveur du décret présidentiel du 30 juin.

Réforme des armées

On croit la mission herculéenne, au regard de nombreuses pesanteurs qui grèvent le fonctionnement des armées, où l’affairisme, le favoritisme, les trafics de tous genres, la corruption, ont fait leur lit. Mais c’était sans compter avec la rigueur managériale et la poigne qui sont désormais ses marques de fabrique. Patiemment et prudemment, Mebe Ngo’o entreprend de mettre en oeuvre la réforme des armées, adoptée depuis 2001, mais qui somnolait dans les tiroirs.

Les anciens généraux, qu’on croyait intouchables, et dont les noms se confondaient avec les forces de défense, sont mis à la retraite. Le contexte favorise désormais l’émergence d’une nouvelle classe d’officiers supérieurs plus jeunes. C’est une mutation forte dans un corps où la promotion des jeunes cadres était sclérosée depuis des lustres.

Parallèlement, le nouveau ministre met le cap sur la modernisation des armées, avec en toile de fond, le renouvellement des équipements, à travers l’acquisition des engins plus adaptés aux enjeux de la guerre moderne. Toutes les unités opérationnelles des armées sont désormais dotées d’équipements hypersophistiqués.

C’est le cas de l’armée de l’air avec le bi-turbo propulseur, MA60, véritable perle de dernière génération dans la navigation aérienne. Il a déjà conquis les esprits pour avoir ramené la famille Moulin-Fournier à Yaoundé en 2014, après son kidnapping par les éléments de Boko Haram dans l’Extrême-nord. La gendarmerie nationale, la marine, l’armée de terre, et davantage les Sapeurs pompiers, ont vu le volume de leurs équipements grandir tant en quantité qu’en qualité.

Au milieu de ces dotations, le Génie militaire fait office de privilégié, avec de nouveaux équipements tous terrains destinés à la réalisation des chantiers de développement. Grâce à cet équipement, le Génie militaire du Cameroun rivalise avec les grandes entreprises multinationales sur le terrain de la construction des infrastructures à l’échelle de la république, avec des chantiers qui pullulent tous azimuts .

Une révolution des temps modernes qui fait du Génie militaire camerounais la 2è en Afrique en termes de performances, après son homologue d’Egypte, selon les spécialistes. Suffisant pour faire de l’armée camerounaise un acteur proactif de l’émergence envisagée par le Cameroun en 2035. Par ailleurs, la santé militaire n’est pas en reste, avec le rééquipement et la dynamisation des hôpitaux militaires à travers la république. Tout comme la formation qui permet de mettre sur le terrain de l’emploi, de nombreux jeunes formés aux techniques modernes de guerre.

Lutte contre Boko Haram

Et que dire du Bir-Bataillon d’intervention rapide, dont les faits d’armes ne se comptent plus. Corps d’élite des forces de défense camerounaises, il a su engranger des victoires à la faveur d’un mangement rigoureux. On lui doit l’éradication des pirates de mer dans la zone de Bakassi, le recul perceptible des coupeurs de routes sur les axes routiers du Septentrion, et surtout la tournée en dérision des éléments de la secte Boko Haram dans l’Extrême-nord. Et c’est sur le champ de la guerre contre les éléments de la nébuleuse Boko Haram que le bilan de Mebe Ngo’o appelle une nouvelle prosternation.

Au-delà des récriminations inhérentes à toutes les situations conflictuelles, l’unanimité se dégage sur la victoire militaire des troupes camerounaises sur les éléments de Boko Haram. Manifestement dépassée par la riposte des forces armées camerounaises déployées sur le corridor du lac Tchad , théâtre initial des attaques des rebelles, Boko Haram a opté par la forme plus lâche des attentas kamikazes.

Cette victoire, on la doit à la dextérité et à l’engagement sans borne de la haute hiérarchie militaire, sous la houlette de l’ancien ministre de la Défense, dans l’implémentation de la vision du Chef des armées dans la conduite de la guerre contre Boko Haram. En somme, la création de nouvelles unités dans les régions militaires, doublée de l’affectation des homme de profil à leur tête, ont rapidement permis aux forces de défense du Cameroun de rattraper le tir, après le début poussifs des incursions meurtrières des éléments de la secte venus du Nigeria.

Depuis lors, sous l’action conjuguées du Bir, et des autres détachements de l’armées, dont plus de 3000 éléments ont été déployés le long de la frontière nord-est avec le Nigeria, soutenues par les troupes aéroportées, et les forces de sécurité, l’armée camerounaise a asséné d’énormes pertes aux assaillants islamistes qu’on présente désormais comme désorganisés et déstabilisés.

Une mission d’investigation des journalistes de guerre dans la région de l’Extrême-nord, organisée il y’a quelques semaines sous la supervision des autorités militaires, a permis de constater à l’unanimité la parfaite organisation de l’armée camerounaise sur le terrain, socle de ses succès dans cette guerre.

Une parfaite organisation des forces de défense que laisse Mebe Ngo’o comme héritage précieux aux forces de défense camerounaises, et qui a permis pareillement de neutraliser les rebelles centrafricains, auteurs d’incursions terroristes répétées à la frontière est du pays. Il faudra assurément toute une encyclopédie pour répertorier tous les bienfaits du magistère d’Edgard Alain Mebe Ngo’o sur la bonne santé des forces de défense camerounaises, en dépit de quelques manquements liés à la nature humaine imparfaite de son oeuvre.

Ce serait faire montre de mauvaise foi aveuglante que de ne pas reconnaitre le mérite de ce haut commis de l’Etat. Edgard Alain Mebe Ngo’o vaut mieux que ces récriminations insensées que certains ont choisi de coller à sa vie. Et sans doute, il était temps de crier halte à cette ingratitude à l’égard d’un homme qui à lui seul constitue un label dans la modernisation du Cameroun. Car au-delà de toutes considérations, la reconnaissance du mérite est aussi une valeur cardinale dans les démocraties modernes.

Auteur: Nestor Djiatou