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Transports: promesses non tenues

20322 Le Bus 100det 3489 Ns 700 Un bus de transport urbain

Lun., 26 Déc. 2016 Source: Benjamin AVA

Le retour des bus était annoncé en novembre à Yaoundé, Douala et dans le Sud Ouest. Il n’en a rien été. Pendant ce temps, Camair-co est menacé de cessation d’activités.Les populations de la capitale se frottaient déjà les mains, espérant que leurs difficultés de déplacement allaient être réglées avec le retour annoncé du transport public dans leur ville, à l’occasion de la CAN féminine 2016.

Elles ont été vite désillusionnées, quand, une semaine avant, les vieux cars de quelques compagnies de transport interurbain ont été repeints aux couleurs des huit pays devant participer à cette compétition, pour le transport des délégations. Pour cause, le démarrage des activités de transport de masse a été reporté sine die par la compagnie portugaise Iramos Mota, adjudicataire du contrat de partenariat public privé y relatif. Aucun des 150 bus prévus n’a jamais quitté la base du constructeur portugais, situé à l’avenue Vasco da Gama, à Pedroso.

C’est donc un échec supplémentaire, après celui de la Société de transport urbain du Cameroun (Sotuc), liquidée en 1996 pour cause de mauvaise gestion, et, celui, plus récent, de la société Le bus, pour laquelle le gouvernement comme la communauté urbaine de Yaoundé avaient été roulés dans la farine par leur partenaire. C’est dire qu’en matière de transport urbain, tous les espoirs de 2016 ont été déçus.

Il en est d’ailleurs dans presque tous les autres types de transport. Annoncée également en grande pompe en milieu d’année, la restructuration de Camair-co est au point mort. La compagnie aérienne nationale est engluée par une dette dont elle-même ne connait pas la valeur. Dans une édition récente de Cameroon Tribune, son DG spéculait sur le montant de cette dette qui oscillerait entre 25 et 30 milliards Fcfa, et qu’un cabinet international, payé à coup de milliards également, devrait auditer dans les prochains jours.

Ne disposant que d’une flotte réduite à quatre aéronefs qui volent par intermittence, Camair-co ne peut même pas satisfaire la demande domestique, et les errements managériaux des dernières années, associés à la crise financière qui n’épargne pas le Cameroun, semblent avoir découragé le ministère des Finances, et les perfusions qui la maintiennent encore en vie ne sont devenues irrégulières.

Le transport maritime est relativement prospère du fait de son ouverture aux compagnies étrangères. Mais Cameroon Shipping Lines (Camship), l’ex-entreprise d’Etat privatisée au cours des années 90 s’est effacée, face à la rude concurrence que lui livrent les multinationales.

S’agissant particulièrement du sous-secteur ferroviaire, tout y est obsolète : les rails construits au début du 19ème siècle, n’ont pas été entièrement remplacés. Leur écartement de 80 cm reste insuffisant pour permettre au train de rouler à une vitesse supérieure à 40km/h. Les locomotives, tout comme les wagons sont largement dépassés et ne permettent plus de faire face, surtout à cette période de forte affluence, à la demande. Ce qui justifierait tant les nombreuses pannes que la récurrence des accidents. Les causes du dernier qui a fait près de 80 morts à Eseka, le 21 octobre 2016, n’ont toujours pas été élucidées, un mois après les délais prescrits par le président de la République.

L’absence totale d’organisation qui continue de caractériser le transport interurbain ne rassure pas non plus. Le matériel roulant des agences de transport n’est ni contrôlé, ni modernisé. Cette situation, ajoutée au mauvais état général des routes et à la conduite approximative de chauffeurs peu ou mal formés, provoque toutes les hécatombes vécues sur les routes. Il y a donc fort à craindre qu’avec la grande affluence des fêtes de fin d’année, le risque d’accidents de la circulation augmente, et les morts avec.

Auteur: Benjamin AVA