Le moins que l’on puisse dire au terme de la visite d’Etat effectuée vendredi dernier à Yaoundé par le président de la République française, François Hollande, à l’invitation de son homologue camerounais, Paul Biya, c’est qu’elle a été un succès sur toute la ligne. Et qu’elle a permis de renforcer les liens d’amitié et de coopération fort anciens entre Paris et Yaoundé.
Les échanges francs et cordiaux entre les présidents Biya et Hollande d’une part, ceux entre parlementaires, puis opérateurs économiques français et camerounais d’autre part, ont permis de dissiper quelques inquiétudes et incompréhensions qui persistaient ici et là, et de parvenir pour l’essentiel à des conclusions qui tiennent compte des intérêts des deux parties et permettent d’envisager ensemble l’avenir avec optimisme.
C’est ainsi que sur le principal sujet à l’ordre du jour, à savoir la lutte contre le terrorisme, Yaoundé et Paris ont décidé d’intensifier la coopération bilatérale pour mettre hors d’état de nuire la secte islamiste Boko Haram qui multiplie ces dernières semaines des attaques meurtrières dans les pays voisins : Tchad, Nigeria, Niger.
Une convergence de vues existant par ailleurs entre la France et le Cameroun sur la nécessité d’apporter une riposte globale au phénomène global qu’est le terrorisme, selon une expression chère au président Paul Biya, l’on devrait s’attendre à voir l’étau se resserrer autour de Boko Haram dans les prochains jours, grâce à une plus grande mutualisation des moyens et des hommes des pays de la ligne de front et de leurs partenaires.
Au plan économique, la visite d’Etat de François Hollande a permis de parvenir à la conclusion selon laquelle la France entend demeurer l’une des principaux partenaires du Cameroun, et qu’elle ne ménagera aucun effort pour l’aider à relever son principal défi de l’heure : devenir un pays émergent. Ainsi que l’atteste la signature vendredi dernier de quatre conventions d’un montant global de 76 milliards de F.
Ce financement qui complète le volet Contrat de désendettement développement (C2D) à travers lequel Paris appuie les efforts de développement de Yaoundé, devrait notamment contribuer à l’aménagement des villes de Bafoussam, Bertoua, Garoua, et être également alloué à la contribution du 2e pont sur le Wouri.
Autre fait marquant du volet économique de la visite d’Etat de François Hollande, le fort engouement remarqué chez les investisseurs des deux pays qui atteste de leur détermination à renforcer les partenariats d’affaires et les échanges commerciaux mutuellement bénéfiques entre les deux pays.
Comme il est de coutume à l’occasion des rencontres entre chefs d’Etat, des questions consulaires ont été évoquées vendredi dernier à Yaoundé, avec en vedette l’affaire dite Lydienne Yen Eyoum. Sur ce sujet abondamment relayé par les médias, avec dans certains cas l’ambition de discréditer la justice camerounaise, le président Paul Biya s’est voulu clair.
Il ne s’agit nullement d’un problème politique, mais d’une affaire de droit commun, un détournement de deniers publics. L’affaire a été traitée comme toutes les autres relatives à la lutte contre la corruption par les juridictions compétentes, et la loi a été appliquée. Maintenant, a déclaré le chef de l’Etat, il pourrait, si la Constitution le lui autorise, user de ses pouvoirs pour donner une autre tournure à l’affaire et si telle était la volonté de l’intéressée.
Au-delà des données politiques, économiques et consulaires classiques, la visite d’Etat du président de la République française a permis d’aborder un sujet jusque là tabou de la relation historique franco-Camerounaise : la répression du nationalisme. François Hollande qui a abordé la question n’exclut pas de déclassifier les archives de l’époque ce qui permettrait non seulement d’établir la vérité historique, mais aussi de cicatriser certaines plaies restées béantes.
Last but not the least, cette visite a permis d’atténuer les ardeurs d’une certaine presse qui n’en finissait pas d’ergoter sur la durée au pouvoir de Paul Biya. Dans les réparties frappantes qu’on lui connaît le chef de l’Etat est allé droit au but pour apporter les éclairages que sollicitaient les journalistes : « Ne dure pas au pouvoir qui veut, mais (…) qui peut. Je ne suis pas à la tête d’un Etat par force (…) J’ai toujours été élu par le peuple (…) Les élections présidentielles de 2018 sont certaines mais encore lointaines ».
Au total, la visite d’Etat du président François Hollande au Cameroun a atteint tous ses objectifs et permis de poser de nouveau jalons pour des lendemains meilleurs, dans l’intérêt des deux Etats et des deux peuples.