Un universitaire camerounais crache ses vérités sur la soutenance d'Indira Baboke

Soutenance Baboke.png Dr Indira Baboke

Tue, 17 Jun 2025 Source: Prof Edouard Bokagné

Je voudrais en tant qu'universitaire apporter quelques précisions sur l'exercice de la soutenance et sa position dans nos curricula et évaluation. C'est à la lumière de la controverse sur la mention attribuée à la Docteure Indira Éden T. Baboke : « Mention Spéciale ». Une telle mention n'est effectivement pas habituelle.

Parlons d'abord de la signification de la mention. Elle correspond, comme l'a fait remarquer le Professeur Évùnà, (j'espère que j'ai bien écrit), à un système de notation. C'est un peu technique. On note différemment selon le diplôme (Master ou Doctorat) et il existe une hiérarchie de mentions.

La formation universitaire est normée certes, mais en son sein, la médecine est un domaine particulier. Elle prend déjà beaucoup plus de temps pour un diplôme équivalent. Indira a eu l'équivalent - en terme de diplôme - à ce que nous appelons Master. C'est-à-dire elle est un ingénieur de la médecine.

Mais en durée, elle a mis le temps que nous mettons à former les docteurs. Elle a droit au titre. Les médecins y ont droit. Elle est pour l'instant une généraliste. Prochainement, je le lui souhaite, elle ira en spécialisation pour devenir spécialiste. Elle deviendra une résidente en spécialisation.

Il y a donc un possible chevauchement dans la norme que son jury a choisi d'appliquer. Il a préféré l'évaluer comme docteur plutôt que comme ingénieur. Il en avait le choix. Le jury est souverain. Mais cependant, dans cette souveraineté, a-t-il respecté la norme administrative ? La mention spéciale, c'est la première fois que je l'entends.

Peut-être existe-t-elle en faculté de médecine. (Je ne l'ai jamais fréquentée). Ou il est possible que ce jury, particulièrement impressionné, ait voulu l'attribuer. En a-t-il le droit ? Oui : il l'a. S'il peut le justifier. C'est ainsi que se bâtissent des traditions académiques sur des travaux d'exception. On posera donc ainsi la question : la mention existait-elle auparavant ou Indira l'a- t-elle inaugurée en premier ?

Il faut bien, en toute circonstance et pour n'importe quoi, quelqu'un pour commencer. Je crois entendre ici le soupçon de complaisance à l'endroit d'une candidate issue de famille aisée. C'est un jugement subjectif qui ne s'appuie pas sur la qualité des échanges ou sur les observations du jury. Or c'est sur ça que la mention est basée.

Donnée, la mention se confronte à la recevabilité administrative de l'école doctorale. (Puisqu'il faut qu'elle soit mentionnée dans l'attestation de réussite ou sur le diplôme du postulant). L'université ne demande jamais l'avis de l'opinion publique. Celui du jury seul est considéré. Et c'est lui qui est mentionné. Sous réserve des usages qui, ici, sont ceux de la médecine : une faculté très fermée.

Indira est donc d'abord une étudiante tout à fait normale. Elle a passé un concours qui lui donne accès à cette faculté. Elle a suivi une formation de sept années avec diligence et assiduité. La plupart ne fait attention qu'à la soutenance. Mais chaque semestre de ces sept ans, elle a été évaluée : travaux pratiques, travaux dirigés, stages, examens, laboratoire.

Puis, elle s'est orientée vers sa recherche qu'on a montrée assez complexe. Il lui a fallu deux spécialistes pour l'encadrer. C'est très difficile pour un étudiant néophyte de travailler en co- direction. Ça suggère au travail une certaine transversalité. Les transversaux sont les plus compliqués. Elle a conduit sa recherche à son terme et nous l'a présentée.

Ecce femina, pourrait-on dire. Généralement, lorsqu'on me choisit dans un jury, je témoigne de la curiosité pour le candidat. Je m'intéresse à comment il a travaillé. Je serais plutôt tenté de l'embarrasser si c'était une célébrité. Je n'ai pas fait partie du jury de Fo'o Dzakeutonpoug. Croyez-moi, je l'ai déploré. Je l'aurais malmené. Mais objectivement, je n'ai rien à dire si une candidate sait se défendre.

Si elle sait répondre aux questions ou aux remarques qui lui sont opposées. Si l'on pense qu'Indira fut favorisée, ça tombe bien : toute sa soutenance a été filmée. Il faut le démontrer. Qui croit que la mention spéciale était imméritée doit attaquer le titre du travail. Le but recherché. La méthode suivie. Les résultats obtenus. Les perspectives offertes.

S'il n'y a rien à dire là-dessus, il faut montrer que les membres du jury, augustes professeurs de médecine dans leurs spécialités n'avaient pas qualité. (Je ne crois pas que quiconque va oser). On fera un effort plus grand. Du film de l'exercice, essayons de voir en quoi ils ont triché. De quelle façon ils l'ont favorisée. J'ai lu toutes sortes de critiques de cette soutenance. Rien ne va dans cette direction.

Ils sont donc, les membres du jury, fondés d'attribuer leur mention. Qui sommes-nous pour la contester ? Mais puisque nous aimons contester : contestons. Il y a toujours quelque chose qu'on peut trouver. Tenez, cette Indira-là : ne serait-elle pas par hasard la fille d'Oswald Baboke ? Est-il possible, (ou bien juste, vrai, ou simplement plausible), qu'elle fût aussi brillante ?

Son paternel qui est du RDPC n'a pas par hasard soudoyé ? Il y avait une sainte congrégation pastorale dans cette salle de soutenance. Les hiboux en sont indignés. Le curé de l'Église de Tsinga était là. Ç'a naturellement dû influencer. La soutenance de perd dans des soupçons et des insinuations à mille lieues du travail présenté.

On peut trouver d'autres raisons. D'accord, on ne peut pas recaler la candidate au motif qu'elle ne sache pas chanter. (Son profil Instagram affiche le million d'abonnés). Il y a une autre raison qu'on peut avancer. Elle ne pouvait absolument pas avoir cette mention. Les gens originaires de l'Est sont tous des tarés. Ça peut se démontrer.

Et comment aurait-elle pu avoir cette mention ? Elle n'est pas encore mariée !

Ne riez pas de mes raisons. J'ai brûlé ma thèse. Je fais dans les soutenances du quartier…

Auteur: Prof Edouard Bokagné