Ex-rapporteur général des votes et président de la Chambre administrative de la Cour suprême, Clément Atangana a le 23 septembre 2015, prêté serment pour son entrée comme avocat au barreau du Cameroun. Un nouveau statut qui à en croire les érudits du Droit, n’astreint plus le magistrat à l’obligation de réserve.
Magistrat hors-hiérarchie 1er groupe, et un des plus grands barons de l’aristocratie judiciaire camerounaise, Clément Atangana, à 75 ans sonnés, avait le 18 décembre 2014, été envoyé en retraite au terme d’un conseil supérieur de la magistrature présidée par le chef de l’Etat Paul Biya. Huit mois plus tard, plus exactement le mercredi 23 septembre 2015, ce magistrat qui est passé par la quasi-totalité des strapontins de l’administration judiciaire, prêtait serment comme avocat auprès du barreau du Cameroun. C’était à la Cour d’appel du Centre. Seulement, à en croire un expert qui a requis l’anonymat, le nouveau statut de cet ancien magistrat, ne l’astreint plus à aucun devoir de réserve, eu égard au côté « commercial » de la fonction d’avocat. « M. Clément Atangana qui a été pendant longtemps rapporteur général des votes, et président de la Chambre administrative de la Cour suprême, ne ferait aucun cadeau au pouvoir en place si jamais au terme d’une élection présidentielle, il se constituait conseil d’un parti politique de l’opposition lors d’un conflit post électoral ».
Et le juriste de renchérir : « Ce magistrat retraité (Clément Atangana, Ndlr) au regard des fonctions qu’il a occupées dans le gotha de la magistrature, notamment comme rapporteur général des votes, quoi qu’on dise, est sans doute l’une des personnes qui connaissent le mieux les pratiques frauduleuses pratiquées au Cameroun lors de diverses élections présidentielles.
La seule issue pour Paul Biya vis-à-vis de tous ces « vieux » magistrats qui se sont reconvertis à l’avocature, et qui connaissent de lourds secrets, c’est d’éviter qu’ils ne défendent un parti de l’opposition contre lui ». Faut-il le rappeler, outre Clément Atangana, le conseil supérieur de la magistrature tenu fin 2014, avait (enfin) mis à la retraite, plusieurs pachydermes de la magistrature camerounaise à l’instar du « légendaire », mythique et inamovible premier président de la Cour suprême Alexis Dipanda Mouelle, Martin Rissouck à Moulong le procureur général près ladite Cour entre autres. Oubliant peut-être que les concernés auraient pu être mis à la retraite dix ans plus tôt, certaines langues n’avaient pas hésité à interpréter la mise en retraite de ces magistrats, comme l’expression du courroux du chef de l’Etat par rapport aux libertés de plus en plus prises par ces hommes de loi qu’on disait vouloir déclarer « innocents », tous les gros clients de l’opération « Epervier », à l’exemple de Jean Marie Atangana Mebara. Et qui sait de ces hommes devenant de plus en plus « indépendants », absoudre peut-être Marafa Hamidou Yaya, Urbain Olanguena Awono, ou Polycarpe Abah Abah.
Tout compte fait, l’on avance que le président de la République, ferait mieux de faire légiférer que les magistrats retraités, n’intègrent pas le corps des avocats. Les tenants de cette thèse prétextant que bien de ces « gros » magistrats, connaissent de nauséeuses choses qu’il ne serait pas bien de s’en servir lorsqu’il faudrait un jour, défendre un opposant contre Paul Biya. Et surtout dit-on, s’ils ont la conviction que leur mise en retraite, sonne comme une « sanction, une disgrâce », pourquoi, ne règleraient-ils pas les comptes à un roi dont ils doivent légitimement être convaincus d’avoir sauvé en 1992, un règne qui a chaviré en une ubuesque monarchie. Encore que dans les professions libérales, on gagne comme on travaille.