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Une réaction légitime

Mar., 13 Oct. 2015 Source: Paul EBOA

L’Afrique du sud passe à l’offensive. Le gouvernement sud-africain accuse désormais la Cour pénale internationale(CPI) d’avoir agi à l’encontre du Traité de Rome de 1998 qui institue cette cour et estime que ses droits de pays signataire dudit Traité ont été violés.

La réaction du gouvernement sud-africain est légitime. Pretoria répond ainsi à ce tribunal qui lui avait fixé un ultimatum jusqu’au lundi 5 octobre dernier à minuit pour expliquer pourquoi le président soudanais , Omar El Béchir, n’a pas été mis aux arrêts alors qu’il se trouvait sur son territoire à l’occasion du récent sommet de l’Union africaine et qu’il est poursuivi depuis 2009 par la CPI pour crimes de guerre et délits contre l’humanité et depuis 2010 pour génocide .

Si la CPI trouve qu’elle a le devoir de poursuivre Omar El Béchir, le gouvernement sud-africain se demande s’il est opportun de procéder à l’arrestation d’un chef d’Etat qui participe à un sommet de l’organisation panafricaine et qui jouit d’une immunité. Qui plus est, ce gouvernement dénonce le fait que ce qui était au départ une discussion avec la CPI s’est transformé en procédure judiciaire tout en annonçant sa décision de saisir l’organe politique de la cour pour clarifier les règles liées à l’immunité des chefs d’Etat.

Autant l’affaire Omar El Béchir continue de diviser partisans et adversaires d’une justice équitable, autant il est surprenant qu’elle oppose de nouveau le gouvernement sud-africain à la CPI dans un contexte où les Africains, inscrits dans une logique de mise en place d’une justice panafricaine, pensent que ce tribunal fonctionne comme une justice à tête chercheuse. Depuis la création de la CPI à La Haye aux Pays-Bas, elle n’a pour l’instant jugé et inculpé que des Africains tandis qu’elle a été mise sur pied pour contribuer à mettre fin à l’impunité des auteurs des crimes les plus graves qui affectent la communauté internationale .

Non seulement la CPI juge des ressortissants africains, mais aussi et surtout, elle croit pouvoir étendre sa compétence sur des anciens chefs d’Etat voire des chefs d’Etat encore en fonction. La perception négative des Africains vis-à-vis de la CPI est d’autant plus justifiée que cette juridiction n’a pas de compétence universelle. Beaucoup de pays non-africains n’ont pas signé le traité qui lui donne son fondement légal .Parmi eux se trouvent curieusement des pays qui dressent cette cour contre des adversaires politiques.

Auteur: Paul EBOA