Une révolution en préparation à Yaoundé?

Révolution Préparataion Yaoundé La solitude du leader vient du fait qu'il doit avant tout être un rêveur

Fri, 23 Feb 2018 Source: Patrice Nganang

La réponse c'est simple et immédiate - oui. Je le dis plusieurs fois: oui, oui et oui, Generation Change prépare la rébellion des Camerounais pour chasser Biya, et le lieu de la fête a son chassement, c'est la Poste centrale, a Ongola, a Yaounde. Sorti de l'élection de 2011 a laquelle j'avais participé en mettant sur pieds une coalition de partis politiques, la plus grande de ce pays, pour former les scrutateurs, et nous avions formé plus de 2,000 à travers le pays, j'avais tiré ma conclusion: seule une bonne rébellion peut sauver le Cameroun de sa captivité. Notez que celui qui avait organisé ces elections-la pour donner la victoire a Biya, Marafa Hamidou Yaya est depuis lors en prison lui-même - depuis 2011! Je le lui aurais dit en 2011-la, quand il fermait les frontières pour 48 heures, coupait internet et bloquait les vols en direction du Cameroun, qu'il court dans le sac. Mais j'avais alors pensé à créer un mouvement de terrain, je dis bien un mouvement dont la moralité des leaders serait inébranlable - moi-ci personne ne peut m'acheter -, dont l'implantation sur le terrain serait inattaquable, et dont la force de frappe serait claire, ces trois choses étant liées, mais surtout un mouvement dont le centre névralgique serait Yaoundé. Pas Douala, je dis bien Yaoundé, car depuis 1945, tous les mouvements qui sont partis de Douala ont toujours échoué, notre pays étant bicaméral comme la Libye - Douala et Yaounde. Si en 2011 j'avais un rêve, mon arrestation en décembre 2014 m'a convaincu encore plus qu'il fallait le mettre en pratique - janvier 2015 donc, le travail de terrain commençait, et puis le lancement des chantiers dans les quartiers.

Tout travail commençant toujours seul, la solitude je la connais. Je l'ai vécue sur chacun des chantiers que Generation Change a lancé avec moi au devant - et je n'ai au fond mis en branle que des chantiers plus ou moins grands. Je pense encore à ce moment de solitude totale quand le 9 mai 2015 je suis venu devant le pont de Biyem Assi que j'étais venu construire et ai vu la rivière innondée. J'étais seul, et c'est-a-dire vraiment seul, seul seul et seul, avec dans ma poche 1,000,000FCfa de t-shirts vendus, ce qui était déjà une révolution - vendre des t-shirts sur internet pour mettre en branle un projet concret. Il avait plu. Violemment plu, et la rivière était inondée. Gonflée comme un boa! L'inondation de la rivière me montrait que j'aurais besoin d'au moins 5,000,000Fcfa pour ce pont! Et aujourd'hui le pont est construit, utilisé par des milliers de Camerounais qui sont contents. Avais-je demandé à une autre personne de le faire à ma place que ce ne serait pas fait, et nous le savons. La solitude met chacun devant sa propre décision, et aujourd'hui c'est identique, car le vaste du chantier ne change pas l'équation de la solitude du leader. Ce qui a changé c'est que j'ai compris entretemps les difficultés du terrain qui s'appelle Yaoundé. Je connais cette ville par coeur, et peux sans problème y demeurer underground pendant plus d'un an. Et voila, j'ai été expulsé, dirait-on. Ma réponse: ceux qui n'ont pas été expulsés sont-ils plus implantés que moi? Réponse: non. Ont-ils depuis 1956 montré qu'ils pouvaient mettre en branle le changement dans notre pays de manière significative, cad. à partir de Yaoundé, et réussir? Réponse: non.

La solitude du leader vient du fait qu'il doit avant tout être un rêveur - et les Yaoundeens sont des réalistes. Le leader doit a tout prix être un radical, et les Yaoundeens ont une culture poussée de l'entrisme. Ils veulent avoir accès au Cabinet Civil de la présidence du fam, alors qu'il faut plutôt arrêter et mettre en prison tous ceux qui y sont. Ce que ma vie m'a montré cependant est qu'il faut toujours un qui commence, et c'est la ou l'écrivain est le leader né. Je peux me tromper, et je me trompe sans doute, mais je ne crois pas qu'il y'ait de nombreux écrivains dans ce continent qui soient capables de s'asseoir sur ce parpaing ou je suis assis-la, au quartier Madagascar, et en même temps enseigner a Princeton University, l'une des meilleures universités de la terre, après avoir été en prison pendant vingt et un jour - cela étant bien ma deuxième arrestation dans ce pays-la. Je veux par-la dire que le leadership moral inattaquable est ce qui rallie les gens autour de moi, et cela je l'ai toujours vécu, dans n'importe quel chantier. Fondé dans ce leadership est la certitude que moi-ci, je fais toujours ce que je dis, et je le dis toujours avant de le faire. Je dis donc ceci: nous allons chasser Biya. Nous allons le chasser. Je ne le dis pas seulement, j'oeuvre afin qu'il soit chassé. Generation Change a été créé pour cela - pour le chassement. Generation Change est le moteur du chassement. Notre instrument c'est certes les médias sociaux, qui de très loin sont plus implantés dans ce pays que le RDPC, mais surtout ce sont les téléphones cellulaires classiques - le canvassing - qui est notre méthode fondamentale, cad. la collecte des numéros de téléphone. Envoyez-moi votre répertoire anonyme a: nganang@hotmail.com, ou a patrice.nganang@gmail.com. Nous allons faire le travail de notre génération-la.

Auteur: Patrice Nganang