Voici ce que cache la mission de Biya dans les zones anglophones

Biya Magistrats Anglophones Une mission de la présidence est annoncée dans les zones anglophones

Sun, 15 Oct 2017 Source: cameroonvoice.com

Porté disparu depuis son discours à la 72ème Assemblée générale de l'Onu en septembre, le chef de l'Etat camerounais qui a lancé le 1er octobre un pathétique appel au dialogue à la suite des affrontements sanglants entre les forces de l'ordre et les manifestants et/ou sécessionnistes anglophones, vient de redonner signe de vie, en mettant des cadres anglophones en mission dans les régions en crise.

Sous la conduite du Premier ministre –lui aussi ressortissant de l'une des régions anglophones– ces élites du Nord-ouest et du sud-ouest séjourneront, du 15 au 24 octobre, dans les régions en crise du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, dans le but de transmettre aux populations le présidentiel message de paix et de vivre-ensemble, établir un dialogue constructif et encourager le retour à la normale.

Preuve que le 1er magistrat camerounais est sérieusement préoccupé par la tournure dramatique prise par la crise anglophone, même s'il exprime cet état d'esprit par une "remarquable" distance, puisqu'il se trouve actuellement, ses compatriotes ne savent… sur quelle planète, la décision du président camerounais n'est pas forcément appréciée de manière positive au Cameroun où des voix se sont élevées ces dernières semaines pour faire savoir que seule sa présence physique était requise en zones anglophones pour apaiser ses administrés en colère.

On se souvient d'ailleurs qu'en mars dernier, le même Premier ministre qui conduira la délégation, s'était rendu dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, pour parler aux cœurs de ses congénères. S'il fut boudé par en silence par les populations du Sud-ouest qui préférèrent laisser aux seuls militants du parti au pouvoir (le Rdpc) le soin d'aller écouter le message de paix de leurs camarades ameutés par un certain Patrick Ekema Esunge, maire de Buea, celles du Nord-ouest, région natale de monsieur Yang, s'étaient montrées si peu amènes à l'égard de leur "traitor" –entendez "traitre"- de frère qu'ils manquèrent de peu de le lyncher.

Sa délégation et lui n'eurent la vie sauve qu'en se réfugiant dans un établissement hôtelier de la ville de Bamenda où fut déployé un important dispositif sécuritaire.

Cependant, si l'on craint que les mêmes causes produisent les mêmes effets, de nombreux observateurs préconisent que les populations et élites anglophones montrent plus de réceptivité vis-à-vis des émissaires du chef de l'Etat, pour apporter leur part dans la recherche de cette paix… forcée qui leur est proposée.

« Le chef de l'Etat a peut-être du mépris pour les anglophones qui crient leur ras-le-bol et ne peut par conséquent pas être suffisamment lucide pour entreprendre les démarches adéquates dans le but de ramener tout le monde à de bons sentiments, mais il faut saisir la perche qu'il a tendue malgré lui, et dire tout ce qu'on a sur le cœur à ses envoyés, en prenant des dispositions pour que nos ressentiments soient portées telles quelles à sa connaissance », a affirmé samedi à Cameroonvoice Sone, un enseignant anglophone résidant à Douala, la métropole économique du Cameroun, qui dit soutenir tout ce que font les anglophones, mais affirme n'être pas particulièrement tenté par la partition du pays.

Pour lui, comme pour bien d'autres anglophones sondés sur l'initiative du président Biya, la mise en mission de Philemong Yang pourrait bien être une façon de préparer le terrain pour qu'il descende personnellement à la rencontre de ses compatriotes, et de ce fait, il faut garder l'espoir que le chef de l'Etat, pressée par la communauté internationale, est enfin prêt à dialoguer.

Auteur: cameroonvoice.com