Voici ce que révèle les résultats de l’enquête des 9 disparus de Bépanda

L'affaire avait fait grand bruit

Tue, 24 Jan 2023 Source: Arol Ketch

La meilleure façon d’enterrer une affaire au Cameroun, c’est d’annoncer l’ouverture d’une enquête approfondie qui ne livrera jamais ses conclusions ou, au mieux, livrera des conclusions fausses.

A tous ceux qui attendent avec beaucoup d’espoir les résultats de l’enquête sur l'assassinat de Martinez ZOGO. Je tiens à vous rafraîchir la mémoire en vous présentant les grandes lignes des résultats de l’enquête du gouvernement camerounais sur la disparition des 9 de Bépanda.

Le 23 janvier 2001 pour une banale histoire de disparition d’une bouteille de gaz, neufs jeunes du quartier Bepanda à Douala sont interpellés et mis aux arrêts.

Ils sont conduits au sinistre Commandement Opérationnel situé à la deuxième région militaire au quartier Bonanjo. C’est là-bas qu’on perdra définitivement leurs traces.

On n’entendra plus jamais parler d’eux.

Ci-dessous l’enquête du gouvernement camerounais envoyé au comité des droits de l’homme des nations unies :

“Les neuf suspects sont appréhendés dans la nuit du 22 au 23 janvier 2001 et conduits au Bureau de Renseignements et de Transmission (BRT) de la Région du Littoral.

Ils sont ensuite transférés au siège du Commandement opérationnel pour la suite de l’enquête et leur éventuel déferrement devant la Justice.

Le 31 janvier 2001, la hiérarchie du Commandement opérationnel est informée par le préposé à la restauration et aux soins des gardés à vue de la disparition des neuf personnes sus citées, ainsi que de quatre autres suspects, dont le nommé PODGA, gardés à vue dans le cadre d’une autre enquête

La mission d’enquête immédiatement mise sur pied a fait les constatations suivantes à son arrivée sur les lieux : dans la salle d’aisance de la cellule dans laquelle étaient retenus les suspects, régnait un désordre inhabituel. Les morceaux de planche qui recouvraient le canal d’écoulement des eaux ont été déplacés. Un tuyau arraché du mur a affaibli celui-ci.

À son emplacement se trouve une ouverture d’environ 30 cm de haut et 50 cm de large donnant sur l’extérieur de la cellule. Des empreintes de pas visibles sur le sol détrempé, se perdent dans la verdure près d’une clôture, indiquent le chemin emprunté par les fugitifs.

Des recherches ont été entreprises pour retrouver les évadés. Des patrouilles ont sillonné pendant plusieurs heures l’intérieur du camp, ses environs, ainsi que la façade maritime et les routes bordant la base navale. En effet, des malfaiteurs sont coutumiers de ces lieux où ils empruntent généralement des pirogues pour s’enfuir vers le Nigeria.

Le cerveau présumé de cette évasion, un certain PODGA, avait été arrêté la semaine précédant ces événements, après une évasion, alors qu’il essayait précisément de se rendre au Nigeria au moyen d’une pirogue.

Toutes les recherches menées pour retrouver les fugitifs sont restées vaines.

Les autorités camerounaises sont convaincues que ces personnes ont réussi à s’enfuir vers le Nigeria et à s’y dissimuler.”

Je raconte l’histoire des 9 disparus de Bépanda dans mon livre : “Rivière de sang : Enquêtes sur les morts non élucidées qui ont marqué le Cameroun”

Auteur: Arol Ketch