Des interrogations demeurent au sujet de l’arrestation du Camerounais Julius Ayuk Tabe (connu sous le titre honorifique traditionnel de Sisiku) et de neuf autres sécessionnistes au Nigeria vendredi, 05 janvier. Le premier, c’est le président par intérim nommé de l’Etat imaginaire d’Ambazonie dont le territoire couvre les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Il a été désigné à cette fonction le 08 juillet 2017, lors d’une réunion du « Southern cameroons ambazonia consortium united front (Scacuf) » – un mouvement né en février dernier, de l’union de plusieurs organisations fédéralistes et sécessionnistes (Scing, Scapo, République d’Ambazonia, SCYL, Consortium de la société civile Anglophone du Cameroun – Cacsc, Morisc, Southern Africa forum, Scinga et le Conseil de gouvernement d’Ambazonia) qui ne s’accordent pas toujours sur les buts à atteindre et les moyens de la lutte.
Le but de Julius Ayuk Tabe était de parvenir à la partition du pays qu’il a servi pendant une plusieurs années, notamment en qualité de développeurs de logiciels à la Société nationale d’électricité du Cameroun (Sonel), désormais Eneo. Il y a mis sur pied des applications qui ont permis d’améliorer les systèmes de facturation et la gestion de la relation client, entre autres. Sa carrière l’aura également conduit au Nigeria dès 2006, au sein de l’entreprise Cisco systems.
Son parcours dans la contestation n’a pas fait l’unanimité
Au moment de la création du Scacuf en février dernier, Julius Ayuk Tabe ne fait partie d’aucune des organisations. Il n’était pas non plus question de lui lorsque les revendications ont été exprimées en novembre 2016 à travers les manifestations corporatives des enseignants et des avocats. Par un stratagème centré sur ses contributions financières, et aidé par Wilfried Tassang, alors président du Syndicat des enseignants anglophones, Sisiku Julius Ayuk Tabe entre dans le mouvement et est désigné président par intérim de l’Ambazonie. Sa nomination ne fait cependant pas l’unanimité dans le groupe, certains le trouvent très jeune dans la contestation qui a cours depuis la réunification.
Sisiku Julius Ayuk Tabe renvoie un certain calme. Aucune agressivité ne se dégage de sa mine. Pas même lorsqu’il se déclarait prêt à « combattre » et à « mourir » dans une interview diffusée par France 24 le 16 novembre dernier. C’est sous sa direction pourtant que la proclamation de l’indépendance de l’Ambazonie s’est faite le 01er octobre dernier. Les manifestations populaires qui se sont déroulées ce jour ont abouti à de nouveaux affrontements entre les éléments des forces de l’ordre et de sécurité et les populations. L’arrestation de Sisiku Julius Ayuk Tabe ouvre la voie à un avenir incertain qui pourrait donner lieu à l’essoufflement des velléités sécessionnistes, comme le souhaite le régime de Yaoundé ; ou à la montée de leaders moins enclin à négocier avec le gouvernement.