Dimanche 26 novembre, dans la résidence de John Fru Ndi, président du Social democratic front (SDF, opposition), trois hommes cogitent aux côtés du « chairman ». Il s’agit du président du consortium de la société civile anglophone, Me Agbor Balla, du président de l’Anglophone Dialogue Forum, Simon Munzu, et du président de l’United socialist democratic party (USDP), Prince Ekosso.
Les quatre figures du Nord-Ouest échangent, sur la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, frondeuses depuis plus d’un an. Ils finissent par tomber d’accord sur l’opportunité de travailler ensemble à une « conférence en vue d’un dialogue national ». Quelques heures plus tard, ils signent un communiqué commun.
« Les signataires appellent Paul Biya à mettre fin à l’arrestation continue de personnes et à faire libérer immédiatement tous ceux qui ont été arrêtés et détenus dans le cadre de la crise anglophone, comme il l’avait ordonné le 30 août 2017 », explique le communiqué. Les trois leaders demandent encore au pouvoir de faciliter le retour au Cameroun des réfugiés ayant fui la crise et sollicitent pour ces dernier une amnistie générale.
Des chants et un blocus à l’Assemblée
Trois jours plus tôt, c’est dans une ambiance bien plus survoltée que le SDF avait officiellement lancé son bras-de-fer avec le pouvoir, en plein hémicycle de l’Assemblée nationale. Un de ses députés avait pris la parole pour dénoncer le manque d’engagement de l’Assemblée dans les troubles qui agitent les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, provoquant l’ire de ses collègues du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC).
Ceux-ci quittaient alors l’hémicycle, tandis que des députés SDF entamaient des chants hostiles au pouvoir. « Il n’y aura aucune délibération, aucune plénière. Nous exigeons avant toute chose l’ouverture d’un dialogue inclusif sur la crise anglophone », expliquait alors Jean-Michel Nintcheu, député SDF du Littoral. Un premier ultimatum donc, 72 heures avant que John Fru Ndi ne lance son appel au dialogue, le 26 novembre.
« L’enlisement de la crise et les revendications des sécessionnistes obligent le SDF à s’écarter de cette mouvance en rappelant à l’opinion nationale et internationale sa position unique en faveur du fédéralisme », explique Grégoire Birwe, vice-président du parti.
« Nous avons travaillé d’arrache-pied avec les populations et nous souhaitons un débat franc, patriotique et apolitique, pour comprendre la complexité de la crise », ajoute-t-il.
« Tous les acteurs politiques ainsi que la société civile doivent participer à la recherche des solutions idoines, d’où cette plateforme envisagée par le « chairman » et les autres leaders », poursuit encore le vice-président.
« En réalité, le SDF n’a jamais perdu la main sur la crise anglophone », nuance Célestin Djamen, un autre cadre du parti. Et de conclure : « Il demeure, malgré les cris de la meute, un parti national qui s’oppose fermement à la partition du Cameroun ».