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Voici pourquoi Paul Motaze a jeté Emmanuel Leubou en prison

Scanadale Salaires Fictifs ONG Motaze Paul Motaze, ministre des finances camerounais

Tue, 3 Sep 2019 Source: Michel Biem Tong

En Afrique, on dit souvent qu’on ne jette des pierres que sur un arbre qui a de bons fruits. Si l’ex-chef de la cellule informatique à la direction du Budget du Ministère des Finances, Emmanuel Leubou, fait l’objet d’une vaste campagne de délation depuis plusieurs mois aujourd’hui sur les réseaux sociaux, c’est parce que c’est lui plutôt qui a commencé à batailler contre des fonctionnaires fictifs dès sa nomination à ce poste en janvier 2015. Voici dans son intégralité, l’enquête menée par nos confrères du journal en ligne bepandainfos.com sur cette affaire :

« C’est bien depuis 2016 que les autorités judiciaires avaient été saisies, grâce à M. Leubou qui avait levé le lièvre. Dès sa prise de fonction en janvier 2015 comme Chef de la Cellule Informatique de la Direction de la Dépense de Personnel et des Pensions à la Direction Générale du Budget au Minfi, il s’était attelé à l’assainissement fichier solde de l’Etat. Dans son travail il avait ainsi découvert que pendant une décennie, son prédécesseur Hubert Abena en complicité avec des militaires, avait fait payer une nuée de rappels indus, et accordé des soldes consulaires à tort, au bénéfice d’hommes en tenue travaillant pourtant au Cameroun.

Tout en annulant ces vols de deniers publics, M. Leubou avait pris le soin d’en saisir sa hiérarchie, à charge pour celle-ci de savoir quelle suite réserver à l’affaire, connue comme étant le phénomène Mboma. Qu’il s’agisse d’annulations frauduleuses de certains remboursements d’avances de solde ou sur pension, de perceptions de salaires à des grades inadéquats, toutes choses dont le TCS est aujourd’hui saisi, ont eu pour déclic les découvertes de M. Leubou… Il convient donc de prendre ses distances avec ceux qui le présentent comme ayant été pris dans une nasse tendue pour les prévaricateurs du Minfi, puisqu’il en fut un des principaux accusateurs.

Grâce aux faits qu’en leur temps il avait du reste documentés, certaines personnes avaient été arrêtées au Minfi et incarcérées à Kondengui dont il vient lui aussi de franchir les grilles, sur la base de dénonciations recueillies auprès de personnes qu’il avait contribué à y envoyer…

La justice sereinement établira les responsabilités des uns et des autres, identifiant les coupables tout en relaxant les innocents, et c’est la bonne gouvernance de l’Etat de droit qui en sortira gagnante. Même si certains se congratulent certainement déjà de la Cellule Informatique de la Direction de la Dépense de Personnel et des Pensions à la Direction Générale du Budget en date du 08 janvier 2015,

En février 2016, Emmanuel Leubou fut interpellé par le Commissaire de police Vincent Meba, pour une affaire dont les coupables étaient connus et incarcérés à la prison centrale de Yaoundé. Il passa pas moins de 12 jours dans les cellules de la Direction de la Police judiciaire à Yaoundé, quand l’intervention du Procureur de la République en personne demanda sa libération immédiate, une telle détention étant arbitraire.

Tirant une autre flèche de son carquois, le Commissaire Meva saisit ultérieurement le TGI de Yaoundé pour demander l’interpellation de M. Leubou, dans une affaire concernant la nommée Singo Wanga Régine, à qui il aurait promis sauver sa carrière si elle acceptait de témoigner contre le chef de la Cellule informatique de la DDPP de la DGB.

Alors qu’il était serein et poursuivait sa mission, confiant du fait qu’il avait régulièrement informé sa hiérarchie de la pratique d’annulation des remboursements des avances de soldes et avances sur pension qu’il avait découverte, sur dénonciation anonyme dont le caractère calomnieux pourrait sous peu être établi, il s’est plutôt retrouvé suspect dans le cadre d’une procédure diligentée par le TCS. Que lumière soit faite, et justice rendue à un responsable qui se dit pourchassé par les attaques d’Hubert Abena et son acolyte le Commissaire Meva, contre qui M. Leubou avait d’ailleurs porté plainte pour harcèlement ».

Les choses sont donc suffisamment claires. Emmanuel LEubou est loin d’être le diable que certains agents du régime sur les réseaux sociaux ont présenté. Il est plutôt celui qui empêche la mafia de continuer à s’empiffrer sur le dos du contribuable camerounais et il n’y avait que Louis Paul Motaze, au centre de détournements en centaine de milliards de FCFA au ministère de l’Economie, pour venir ôter le grain de sable dans le tapioca qu’était Leubou. La preuve en est que depuis plus d’un an qu’Emmanuel Leubou est en prison, son procès ne s’est toujours pas ouvert au Tribunal criminel spécial. Pourquoi ? Parce que son sac est plein de révélations époustouflantes sur ce gang mafieux qui a réussi à pirater son mot de passe au MINFI.

Aujoud’hui, Louis Paul Motaze est présenté aux Camerounais naïfs comme un messie venu donner un coup de pied dans la fourmilière alors qu’il n’est qu’un digne représentant de la pègre qui, depuis des années, s’engraisse sur le dos du contribuable camerounais par le mécanisme des matricules fictifs au MINFI. Il est venu pour mettre le gang en confiance. La preuve, demandez à ses soutiens de vous produire la liste des 22 000 fonctionnaires fictifs dénichés et rayés du fichier solde de l’Etat, la liste des matricules querellés, les noms des bénéficiaires, la liste des fonctionnaires fictifs qui se sont vus infliger des ordres de recette ou alors qui devront répondre de leurs forfaits devant la justice, ils resteront groggy.

Cette croisade contre les fonctionnaires fictifs est en réalité de l’enfumage qui malheureusement a tourné à une campagne de délation contre certains acteurs du changement au Cameroun. L’écrivain Patrice Nganang, les journalistes Mimi Mefo, J.Rémy Ngono et autres Jean Bruno Tagne, que le régime Biya ne porte pas dans son cœur, ont été cités par de faux profils Facebook comme des titulaires de matricules fictifs au Ministère des Finances. Sans la moindre preuve. Détournant ainsi l’attention des Camerounais des véritables criminels qui profitent de ce mécanisme de distraction de la fortune publique depuis des décennies.

Auteur: Michel Biem Tong