La Constitution camerounaise fait du président de la République, le patron de l’administration civile et militaire. En termes simples, Paul Biya, ainsi qu’Ahmadou Ahidjo avant lui, est le patron des fonctionnaires. Ces derniers servent alors sciemment et librement un système qui a ses règles et ses lois.
Par conséquent, accepter de devenir fonctionnaire, c’est accepter les lois de l’administration publique et surtout de son système.
La question du titre peut ainsi se décliner : « Est-il honnête de combattre son employeur ? » À mon sens, on ne peut honnêtement servir un système et le combattre à la fois. C’est à la fois illogique et malhonnête. Distinguons bien les opposants politiques, des lanceurs d’alerte qui sont bien souvent les universitaires. Ces derniers, contrairement aux premiers, ne visent pas à être Califes à la place du Calife.
Il y a deux sortes d’administrations : la Centrale, et la Locale. Il est inconséquent, voire malhonnête, pour un fonctionnaire de l’administration centrale, de s’opposer à son employeur. À moins de se syndiquer, bien entendu. Les choses deviennent plus nuancées, lorsqu’il s’agit de l’administration locale (Mairie, Conseil Régional). Mais ce n’est pas l’objet de cette réflexion.
Dans les démocraties occidentales, les présidents sortent généralement de partout, sauf de l’administration, à moins d’en avoir pris congé auparavant. C’est le cas notamment de Barack Obama aux USA, de Nicholas Sarkozy en France. Dans ce cernier pays, on a vu d’anciens fonctionnaires devenir présidents : François Hollande et Jacques Chirac.
Mais ils avaient très tôt, et au préalable, coupé le cordon ombilical avec l’administration centrale. Ceci en obtenant un mandat électif, pour travailler à la Mairie (Chirac) ou au Conseil régional (Hollande). L’un comme l’autre, ils ont affronté le suffrage populaire, et obtenu un mandat du peuple.
Qu’en est-il chez nous ?
À l’observation, la plupart des fonctionnaires de notre pays qui se prétendent opposants, ne découvrent cette vocation (prétendument révolutionnaire !) qu’à la veille ou après la retraite. Surtout, quand ils réalisent que la nomination à laquelle ils aspiraient légitimement, n’est pas arrivée. Or pendant leur carrière, ils se sont contentés de « toucher » leurs salaires, de jouir des différents privilèges liés à leurs situation. À mon avis, tout fonctionnaire a le droit de contester, voire de prétendre à la magistrature suprême. Mais pour ce faire, ils ont l’obligation morale et stratégique, de quitter la fonction publique centrale.
On ne peut pas servir un système et le combattre à la fois. Prétendre le faire est de l’imposture. Une dangereuse imposture, traduisant plus l’expression de l’aigreur et de la rancœur qu’autre chose. Surtout lorsque c’est pour soutenir un frère du village devenu chef d’un obscur parti politique !
Le président Paul Biya n’est pas obligé de nommer qui que ce soit. Votre grade vous appartient, et le poste lui appartient, en tant chef de l’administration. Il tient ce pouvoir de la Constitution. Si votre situation ne vous arrange plus, quittez la fonction publique, et opposez-vous à lui dans les règles éthiques, stratégiques et juridiques. C’est votre droit. Mais cela demande du courage. En avez-vous ?
Le courage, il en faut beaucoup pour diriger un pays. En avez-vous ?
Qui n'a pas pu bien gérer sa propre carrière, peut-il gérer tout un pays? Que doit retenir le Militant Réaliste de ceci ?
Il faut avoir le courage d’assumer ton choix. Plutôt que de sombrer dans l’aigreur, travaille à améliorer ton sort.
Le président nomme qui il veut. Fais-toi remarquer positivement par lui et il te nommera sans doute.Par exemple, situe toi parmi les meilleurs de ton domaine de compétences...
Médite cette affirmation du Cardinal Mazarin dans le « Bréviaire du politicien ».
"Ne va pas t’imaginer que ce sont tes qualités personnelles ou ton talent qui te feront octroyer une charge. Si tu penses qu’elle te reviendra pour la seule raison que tu es le plus compétent, tu n’es qu’un benêt".