Yang et Angouing engagent l'«opération anti-souris»

Thu, 19 Nov 2015 Source:

Le Pm et le Minfopra ont décidé de venir définitivement à bout des mercenaires salariés.

Ils ont huit jours, pas un de plus, pour se mettre en règle c’est-à-dire, selon les termes du ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative (Minfopra), Michel Ange Angouing, «pour clarifier leur situation administrative».

Comment vont-ils donc s’y prendre, ces 3 198 fonctionnaires présumés fictifs qui au départ faisaient partie d’une liste de 10 377 personnes ?

C’est que le train de l’assainissement du fichier solde de l’État semble avoir pris un départ résolu, à la suite de la première phase de l’opération lancée le 19 août de l’année en cours. Et cette fois, c’est carrément au bazooka que les faussaires seront boutés hors des rails du nouveau Système de gestion intégrée des personnels de l’État et de la solde (Sigipes II).

Dans cette opération de dératisation, indiquent des sources introduites, Michel Ange Angouing, également président de l’équipe-projet en charge de la mise en œuvre dudit système, a reçu l’onction du Premier ministre (Pm), chef du gouvernement, Philemon Yang.

Il sera toutefois bien difficile, pour ces «mercenaires» ayant délibérément traîné les pieds pendant trois mois, de constituer «sous huitaine» leur dossier de mise en conformité qui comprend, rappelle-t-on, un certificat de prise de service ainsi qu’une attestation de présence effective au travail.

Autant annoncer d’ores et déjà la fin des passe-droits, des tripatouillages et autres manœuvres visant à passer à travers les mailles du filet solidement tendu par le Minfopra pour continuer de ponctionner une masse salariale toujours plus lourde pour les caisses publiques.

Selon les nouveaux objectifs assignés à la Fonction publique camerounaise, à travers la notion de poste de travail, il s’agit en effet, désormais, de gérer efficacement le personnel de l’État aussi bien quotidiennement que sur le plan prévisionnel, mais aussi de maîtriser la masse salariale et de rendre l’administration publique plus productive.

Le phénomène de fonctionnaires fictifs, qui faisait de la résistance au Cameroun depuis des années malgré les multiples opérations de dénombrement physique des salariés de l’État, est donc appelé à être éradiqué de façon radicale.

Qui a organisé ?

Les échecs successifs de la lutte contre les fonctionnaires fictifs, qui prend aujourd’hui une nouvelle dimension avec la gestion informatique systématique, ont des causes éminemment internes. Un véritable travail de Sisyphe ayant connu des fortunes diverses.

En mars 2009, 3000 agents fictifs étaient découverts dans le fichier solde public pour la période 2003-2005, le mode opératoire prenant sa racine au niveau des recrutements et de l'évolution des carrières. En novembre suivant, le ministère des Finances révélait que la traque aux fraudeurs avait permis de réaliser des économies budgétaires de l’ordre de 5 milliards Fcfa chaque mois, pour une masse salariale mensuelle fluctuante alors estimée à 53 milliards Fcfa.

Début avril 2010, 15.000 nouveaux fonctionnaires fictifs étaient débusqués du fichier solde de l’État, percevant des indemnités et des salaires indus avec un lourd préjudice pour le Trésor public. Ce à quoi s’ajoutaient 200 autres agents de l’État ayant atteint l’âge limite de la retraite et qui, par divers trucages, continuaient d’émarger dans les caisses publiques.

En cause, les réseaux solidement installés au sein même des départements ministériels, à des niveaux parfois insoupçonnés. Comment en effet expliquer que des agents publics perçoivent, pendant de longues années, des indemnités sans rapport avec leur situation administrative ? Comment expliquer, sinon que par des complicités bien placées, que des personnes décédées aient continué à «émarger» au vu et au su de tous ? Comment, enfin, justifier des personnes ayant déserté leur poste de travail depuis des années aient pu continuer de recevoir régulièrement leur virement bancaire ?

Il n’est pas exclu, explique-t-on de sources proches de la hiérarchie du Minfopra, que Michel Ange Angouing, avec l’aval officiel de sa hiérarchie, décide de ne point s’arrêter à la seule suspension de la solde des «mercenaires», et veuille aller farfouiller sur les vraies causes et les vrais responsables de ces pratiques qui, depuis des décennies, ont fait perdre des milliards de francs à l’État camerounais. Accusés, ne vous asseyez plus !

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