Yaoundé, le pouvoir tribal ou le régime co-villageois des super-Bulu d’Étoudi

Fridolin Nke

Fri, 6 Jan 2023 Source: Fridolin Nke

En Afrique, lorsque des incompétents sans cœur accèdent au pouvoir, par la force du hasard ou en complicité avec quelques carnassiers du grand Capital, ils cherchent avant tout à exploiter les spécificités ethniques et tribales pour consolider leur pouvoir. Ils discriminent au sein de la population, en commençant par diviser les gens de leurs propres villages, et même au cœur de leur famille nucléaire ; ils sélectionnent les piliers de leur régime suivant le degré d’incapacité et de malhonnêteté de ceux-ci. Ensuite, ils amadouent les communautés pouvant leur servir de bétail électoral, ceux qui vont jouer ou aux applaudisseurs ou aux danseurs, pour parfaire l’art du trémoussement de Mangweloune, la danseuse du Roi Ndjoya ; enfin, ils identifient les groupes les plus coriaces, susceptibles de leur servir de « chiens méchants » contre les récalcitrants de leur tribu d’appartenance et les autres composantes de la Nation.

L’enjeu est double : renflouer leur férocité criminelle constitutive et polir leur image dans l’imaginaire du peuple afin de se rendre indispensables, en légiférant par exemple sur le tribalisme, pour créer l’illusion qu’ils arrivent au palais présidentiel comme des messies sur une terre maudite. Ce genre de Présidents passent pour des « Moïse » nègres, alors qu’ils sont, en réalité, les « Christophe Colomb » tropicaux, des roturiers qui, ruinés par le sort et criblés de dettes, entament le voyage vers les « Amériques » de nos pays, font scandaleusement fortune en route et échouent sur une plage du Nouveau monde, poches et coffres-forts pleins, sans avoir atteint l’objectif final. Malgré tout, ils veulent à tout prix que les populations locales les considèrent comme leurs « découvreurs » ; que ces pauvres bougres croient que, eux, les navigateurs de leur déroute, sont leurs sauveurs, leur unique espoir d’accéder à la citoyenneté qu’ils ont pourtant de naissance.

Cette illusion tribale qu’ils mobilisent est une arme de poing, comme un Marakov (pistolet semi-automatique de fabrication russe), dont les politiciens arrivistes de notre continent se servent pour pérenniser leurs statuts de relais sanguinaires et dociles aux néo-colons : ils divisent le peuple au maximum, avec la bénédiction des lobbies criminels trans-étatiques, pour piller l’État et pomper les richesses de notre sol et les ressources du sous-sol. C’est le lieu de rappeler le testament posthume de Mathias Éric Owona Nguini, qui, naguère, avant de mourir intellectuellement, soutenait, à juste titre, que le régime en place à Yaoundé recourt à « un système de cannibalisation de ses intelligences » et une manipulation tribale éhontée pour se perpétuer et se renouveler ad vitam æternam. Il soutenait : « C’est un système qui s’appuie sur le diviser pour mieux régner, parce que, pour installer dans le temps cette médiocratie et surtout à un moment pour réussir à faire que cette médiocratie-là s’appuie sur un esprit de clanisme, il faut détruire fondamentalement la possibilité que les différentes composantes sociales imaginent un autre avenir, un autre horizon. Alors, on se sert de la conscience identitaire pour opposer les uns aux autres, de telle manière à ce que n’émerge pas un front social national et républicain qui pourrait un jour trouver la solution en ce qui concerne la réorientation du pays. »

La feuille de route des super-Bulu et leurs Assimilés

Le pouvoir de Yaoundé est l’exemple parfait du type tribal de gouvernement : depuis quarante ans, Biya et ses hommes de main s’appuient sur un groupuscule de tribalistes suprématistes qui se considèrent comme des super-Bulu. Ils confèrent une valeur marchande à chaque acteur politique sur le marché de la corruption et de la perversion du champ politique et s’arrogent le droit de vie et de mort sur les autres Bulu, les « Nordistes », les Maka, les Sawa, les Bassa, les « Anglophones », les Bëti (qu’ils assimilent d’ailleurs, ironiquement, aux « be tit » (les bêtes sauvages en langue du pays organisateur, suivant l’expression d’un de leur célèbre disparu, Assalé), les Bamiléké, les fang, les « Pygmées », etc. Au Cameroun, la « citoyenneté » super-Bulu s’acquiert d’une part suivant le degré de dévouement et de compromissions à la cause tribale, et à la dextérité dans l’exercice de la criminalité dans la haute administration que le Renouveau a pris en otage ; d’autre part, par une quelconque affiliation à travers laquelle « on te tient » ou par les liens de mariage : la plupart des nominations à des postes juteux obéissent à cette nouvelle compétence, à ce nouveau profil. Les esprits faibles ou corruptibles, comme mes amis, les recteurs Maurice Aurélien Sosso, de l’université de Yaoundé I, Magloire Ondoa, de l’université de Douala, ou les cœurs asséchés, comme ma sœur, le Recteur Florence Uphie Chinje, de l’université de Ngaoundéré, Minkoa She de l’Université de Yaoundé II, et de milliers d’autres compatriotes sans-convictions et sans-goût succombent aux attraits de ce venin et s’empressent de subir le rituel infernal inventé par Paul Biya, Fame Ndongo, l’idéologue-en-chef, le ministre de la propagande du Renouveau, le Gobbels de mon Voisin, et sa bande de satanistes. Au terme de leur initiation à l’incompétence, à la cupidité sans frein qu’on appelle boulimie, à la méchanceté sans justifications, à la mégalomanie et à l’inhumanisme gratuit, ils sont nommés Ministre, Recteur, Préfét, Dg ou Sg. Ils deviennent, de fait, d’authentique super-Bulu ou les « Assimilés » des super-Bulu.

À leur nomination, toutes ces recrues de l’imposture reçoivent une feuille de route unique : voler au maximum, acheter les consciences et les armes, brimer, créer les frustrations et l’énervement permanent, susciter des colères noires, fâcher et narguer les petites gens par plaisir, et entretenir des rancœurs tenaces, distiller la haine, massacrer les innocents s’il le faut, bref, maudire Dieu pour mieux faire triompher le dégoût, le crime et les injustices. Au lieu d’allumer les chandelles du Progrès, ils éteignent plutôt les bougies de l’espérance.

L’ère de faux prophètes, de faux mythes et des inventions tribales : les « Ekang »

C’est cet état d’esprit, cet état de choses que nous dénonçons dans nos sorties sur le tribalisme administratif des « super-Bulu » ou des « Bulu dégénérés ». Lorsque Dieudonné Essomba, Nkolo Foé, et Mathias Éric Owona Nguini m’attaquent sur cette posture républicaine que j’adopte, ils feignent de ne pas comprendre mon argumentaire : je m’attaque à l’instrumentalisation au sein de l’appareil d’État des pratiques aux fins nauséabondes de discrimination tribale par le régime en place. Ce sont ces règles étatiques non-écrites actées par le repli identitaire des gens au pouvoir à Étoudi que je dénonce. En fait, je mets en scène cette gestion co-villageoise, conflictogène, des affaires publiques, avec les conséquences désastreuses sur nos vies et l’avenir de la jeunesse. Ces gens sont des malfrats. Ils n’ont pas saisi le sens de l’État, c’est-à-dire le prestige et la mesure associés au sacrifice. C’est pourquoi, au quotidien, ils se saoulent, volent, forniquent comme des lapins. Ces sodomites sexualisent les hautes fonctions de l’État et prostitue la jeunesse pour qu’elle les aide à torpiller notre trésorerie. Ils conditionnent les aspirants à l’Olympe national (diplômés et chercheurs d’emploi), filles comme garçons, à des rites infâmes tels que les partouzes, les enculements (comprenez et pardonnez l’outrage à votre goût) et d’autres initiations sataniques et dégradants, pour mieux contrôler et se partager les rentes.

Ces gens se sont donc déshumanisés : ils se sont disqualifiés pour prétendre revendiquer l’identité générique de ceux que l’anthropologue Philippe Laburthe-Tolra appelle Les Seigneurs de la forêt, à savoir, dans le cas du Cameroun, les peuples diversifiés du Centre, du Sud et de l’Est. À causes de leurs nobreux forfaits, ils n’ont pas la dignité d’un Fang, d’un Bulu ou d’un Bëti. Puisque ces créatures scrofuleuses (qui a des ganglions, des tumeurs) sont des tribalistes compulsifs, elles perdent du même coup le droit de revendiquer une appartenance civile assignable : elles sont culturellement apatrides. Elles ne sont rien d’autre qu’une souillure, notre souillure… À cet égard, mes contradicteurs peuvent dépenser des tonnes de bavardages partisans, convoquer dogmatiquement et à longueur de journée des mythes éculés, des épopées éteintes et toutes les ruminations intempestives de leurs panses insatiables et expansives pour essayer, par leurs remarquables tours de génie sophistiqué, de fabriquer le consentement des Fang-Bulu-Bëti en vue de démontrer une hypothétique appartenance forcée à un groupe imaginaire désigné « Ekang ». Ils ne réussiront jamais à faire oublier qu’à la suite des vagues migratoires successives et aux conflits inter-ethniques répétés, les Bulu furent chassés du bord de la Sanaga vers 1840 par des Eton intraitables. Ils ne réussiront jamais à établir que les Bulu sont les Bëti et, a fortiori, que les super-Bulu d’Étoudi puissent (encore) véritablement être considérés comme des Bulu ou qu’ils aient encore la légitimité de représenter nos frères et sœurs de la région du Sud, au sens où nous nous représentons ces grands peuples, avec leurs beautés féminines époustouflantes, leur histoire riche et coloriée, leurs raffinements culturels uniques, la densité humaine des figures historiques illustres telles que Martin Paul Samba, Abel Eyinga, Marthe Ekemeyong Moumié et bien d’autres. Voilà des Bulu de valeur, des monuments d’hommes vivants qui ne se souciaient pas de sécuriser leur bien-être individuel, mais qui se concentraient à la cause commune de l’émancipation du peuple camerounais !

Qu’est-ce que les grossiers personnages aux affaires actuellement ont apporté au pays, sinon la haine, la misère et la désespérance. Ils sont licencieux par singerie. Aveuglés par leur petitesse constitutive, ces forcenés entreprennent d’arrêter la marche du pays pour proclamer avec toute la force éphémère de leurs diableries la fin de notre histoire prometteuse. Qu’ont-ils en commun avec un authentique Bulu, généralement intelligent, curieux, lucide, déterminé, courageux, énergique, voire féroce, dont les cantiques religieux immortels et l’intégrité morale illuminent les cœurs et le Ciel de leur mélodiques déclamations ? Qu’ont-ils en commun avec l’âme bulu incarnée par des Chefs charismatiques tels que Nsim Biyo 'o, GombaYo Nsim, Nsim Minsili, Nsomoto Ela, Mvondo Akôn, Oyono Nsim Luc, Nsim Nsim Jean, Obamze Mfom, Elom Obamze, Elom Minko, Bigambe Bi Akono, Engolo Olu'Uu, Mbozo'o Zo'o, Oyono Angon, Nkoletam Nsim, Edande Mbita, Asse Mebang, Bigambe, Ndum Nnanga, Mengue M'abo'o ou Ze Nnanga ?

Insistons-y : notre critique des super-Bulu d’Étoudi vise plus exactement deux objectifs :

1/ elle est une invite à une prise de conscience générale de toute la communauté Bulu (Bulu ; Zaman; Yebekolo; Yezum; Yengono ; Yelinda; Yembama; Yekaba; Mvelè et Omvañ; Yangafek). Par mes mots saignants, je leur rappelle, sans ménagement, que des pharisiens impénitents d’un nouveau genre se prévalent de l’identité bulu pour perpétrer des crimes dans les quatre coins du pays. Nos frères Bulu sont informés de cette usurpation d’identité par les co-paysans au pouvoir à Étoudi et dans les centres névralgiques du pays.

2- j’interpelle par la même occasion les autres Camerounais en général, et deux groupes ethniques en particulier, à savoir : a) les Fang (Fang ; Ntumu ; Mvaè ; Okak) ; b) les Bëti (Ewondo; Eton ; Mengisa ; Bene ; Fong ; Mbida-Mbane ; Evuzok ; Mevumenden ; Mvog-Nyenge ; Tsinga ; « Sanaga », etc.). Je leur dis, en somme, que le régime en place est le plus grand danger que la nation ait jamais connue depuis 1960. J’ajoute ceci : le fait que les super-Bulu s’appuient sur les Bëti, groupe auquel j’appartiens, pour terroriser les autres composantes sociologiques nous est préjudiciable à long terme. Ils nous ont assignés la responsabilité de juger nos frères du septentrion pendant le coup d’État manqué du 6 avril 1984. Ce sont les nôtres, les Bëti, qui, pour l’essentiel et parfois par zèle, avaient massacrés les frères du Nord en 1984, en violation de l’article 22 du Code pénal portant sur les condamnations à mort. Gilbert Andze Tchoungui, le Mindef de l’époque, en portera toujours une singulière responsabilité. De plus, les juges originaires du Centre-Sud ont condamné massivement à mort des milliers de « Nordistes », parfois des innocents, qui ont péri, des destins brisés, pour fructifier la soif de haine des tribalistes aux manettes dans la manipulation d’État. Actuellement, nous assumons (encore NOUS), le rôle ingrat de « Chiens méchants » du pouvoir tribal en place : Joseph Beti Assomo (Armée), Martin Mbarga Nguele (Police) et Galax Étoga (Gendarmerie) en sont de parfaites illustrations. On peut bien vous chanter que vous êtes les « amis fidèles » du Renouveau, on peut venir exceptionnellement dans votre Département deux fois de suite, n’empêche qu’on vous méprise royalement et ne vous fait pas confiance. Au contraire, on installe l’ « usine » de formation de la garde présidentielle sur vos terres pour s’assurer que personne ne bronche. À preuve, vous ne verrez jamais personne d’autre qu’un super-Bulu à la tête de la Garde présidentielle.

Les super-Bulu : des rentiers prébendiers

Lorsque Paul Biya menace de paisibles citoyens qui, comme nous, ne font rien d’autre que se plaindre des dérives épouvantables du régime, lorsqu’il nous accuse de dérives dans les réseaux sociaux, est-il conscient de la lourde responsabilité qui est la sienne dans le désastre civique et économique de notre pays ? Que souhaiterait-il que les intellectuels et les persécutés de la diaspora fassent, en dehors de critiquer ? Qu’ils prennent les armes ? qu’ils aillent tous participer à la « construction du pays », en amassant des fortunes privées débiles ? ou qu’ils se taisent à jamais, qu’ils s’auto-musèlent, en mettant fin à leurs sanglots théoriques énervants, pour ne pas perturber la digestion pestilentielle de quelques crétins débordés et autres gloutons attablés qui ne connaissent d’autre langage que celui des espèces sonnantes et trébuchantes ? Lors de son Discours à la Nation, le 31 décembre 2022, mon Voisin a déclaré : « Je voudrais une fois encore interpeller ceux qui font usage criminel et pernicieux des réseaux sociaux. Par leurs agissements, ils plongent plusieurs familles dans la détresse et ruinent parfois des destins, en procédant notamment à la désinformation, à la diffamation ou à la propagation des discours haineux. De toute évidence, ils mettent en péril la cohésion sociale ».

Examinons plus avant ces prétentions à la lumière des actes qu’il pose en tant que Président de la République, Chef d’État, Chef suprême des armées, dans un pays cosmopolite et multiethnique comme le nôtre. Vous vous rendrez compte, à l’évidence, que les super-Bulu forment une équipe de rentiers impénitents qui siphonnent la fortune publique, à leur guise et suivant leurs fantasmes grégaires propres à des co-villageois non-repentis. Ce que vous lirez maintenant est juste un aperçu du brigandage en cours dans les caisses de l’État depuis 1982, lorsque Paul accède au pouvoir. Nous n’osons pas évoquer les autres domaines de souveraineté, de peur de vous donner des cauchemars... Voici les nominations à certains postes des plus juteux dans les finances publiques :

Président de la République: Paul Biya, le plus gros budget de la République (super-Bulu)

Directeur du cabinet civil: Mvondo Ayolo (super-Bulu)

Ministre des finances: Motaze (super-Bulu)

Dg du Budget: Edou Alo’o Cyrille (super-Bulu)

Dg de la Caisse autonome d’amortissement: Richard Evina Obam (super-Bulu)

Dg des pensions, Cnps: Alain Noel Olivier Mekulu Mvondo (super-Bulu)

Dg du Feicom, la banque des communes: Philippe Camille Akoa (super-Bulu)

Vice-gouverneur Beac et gouverneur BDEAC: Dieudonné Evou Mekou (super-Bulu)

Directeur national Beac: Blaise Eugène Nsom (super-Bulu)

Directeur des grandes entreprises, Impots: Roger Meyong (super-Bulu)

Directeur des participation et des contributions au Minfi: Menguele Judith (super-Bulu)

Directeur de la programmation et des investissements publics: Jean Sylvain Mvondo (super-Bulu)

Directeur national des assurances: Aboui Antoni Marie Jubilaire, ép. Mendoua (super-Bulu)

Conseiller technique numéro 1, Minfi: Constant Metou’ou Amvela (super-Bulu)

Chef Secteur des douanes port de Kribi: Norbert Belinga (super-Bulu)

Chef Secteur port Douala: Mendouga Georges (super-Bulu)

Chef de Division des enquêtes douanières et de la surveillance: Andomo Elanga (super-Bulu)

Agent Comptable central du Tresor Public : Amba Meyanga (super-Bulu)

Fondé de pouvoirs en chargé des operations comptables (Trésorerie générale de Yaoundé): Nsoe Ndo’o Anne Noel, ép. Mbarga (super-Bulu)

Trésorier payeur général de Douala : Jean Didier Afana Fono (super-Bulu)

Minstère de l’Enseignement supérieur : tous les services financiers sont entre les mains du super-Bulu, Fame Ndongo.

Paul Biya, la plus grande menace à la cohésion nationale au Cameroun

Ces imposteurs ne réfléchissent qu’en termes de dépenses, de coûts, d’argent, de combien ça va rapporter, de combien on peut gagner… Le langage de ces rentiers prébendiers est parfumé de mots alléchants : taxes, redevances, recettes, frais, impôts, amendes, pénalités, quotes-parts, fonds, collecte de l’impôt, financements, agréments, etc. Ils ne savent pas produire ; ils n’ont pas appris à construire. Mais ils pillent tout, ramassent tout, jusqu’aux miettes.

Chaque Camerounaise, chaque Camerounais est en droit de s’interroger : qu’est-ce que ces satanistes font avec tous les milliers de milliards qu’ils amassent dans les murs, les coffres-forts, les plafonds de leurs maisons, en banques et dans les paradis fiscaux depuis près d’un demi-siècle ? Ce que nous appelons satanisme, dans ce cas, c’est le fait que des campagnards endimanchés, échappés des forêts du Sud profond, oubliant les bienfaits de la vie pastorale, sont propulsés Ministres, Ministres d’État, Directeur général, etc. et obligent leurs frères et sœurs à payer l’obscurité, à manger les racines des arbres et à boire l’eau du fleuve Nyong, alors qu’ils savourent, eux, les délices du Pétrus et de fades tranches de caviars dans une cité qui leur est étrangère puisqu’ils n’ont pas contribué à la construire, Yaoundé, le fruit des efforts de tous les Camerounais, de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud. Et ils ont de surcroît l’outrecuidance de soutenir que la Capitale leur appartient, parce qu’ils ont forcé une proximité sociologique avec les Bëti, encouragés en cela par les idéologues baveux du dimanche.

Voilà les deux Cameroun où nous vivons déjà, alors que Biya avait déclaré le 10 avril 1984 qu’il n’y avait pas « deux Cameroun » ! Y a-t-il pire menace à la cohésion sociale que cette gestion tribale du pouvoir ? Donc, certains destins (comme le destin présidentiel du « Fils à papa ») doivent être préservés et d’autres ruinés ? Qui de nous, les « agitateurs » des réseaux sociaux, à qui on brandit fiévreusement l’article 241 du Code pénal, ou de lui, le Tribaliste-en-chef, Créateur des super-Bulu satanistes au pouvoir, mériterait d’entrer à Kondengui ?

Mon Voisin a eu toutes les occasions pour redresser ce pays et le propulser à un niveau économique enviable. Il a choisi d’entretenir la stagnation pour jouer au songoh de la division et de la manipulation de ses collaborateurs et des ethnies qui composent notre grand Peuple. Quand on regarde ce gâchis, on ne peut s’empêcher de comparer son règne à celui du héros du roman Moi, le Suprême, dans lequel un Chef d’État écrit ses Mémoires et se dévoile, à cœur ouvert. Monsieur le Président avoue tout. Malgré qu’on ne le voyait nulle part, c’est lui qui était pourtant à la manœuvre, c’est lui l’artificier-en-chef : il organisait toutes sortes de machinations et lançais ensuite la chasse à l’homme ; il provoquais la faim, suscitait la révolte et venait menacer ensuite les « apprentis-sorciers » ; il inventait les coups et les dénonçait avec force ; il encourageait le vol, fustigeait en même temps la corruption et oubliait surtout de punir les détourneurs des deniers publics. Avec une lucidité glaciale, Monsieur le Président déclare : « L’idiotie ne connaît pas de limites, surtout quand elle trébuche dans les couloirs étroits de l’esprit humain » (Augusto Roa Bastos, Moi, le Suprême). Lorsqu’un dirigeant parvient à un niveau si rare de raffinement des techniques de l’ensorcèlement des masses, il est proprement vomitif de le voir jouer au Souverain exemplaire.

Mon Voisin était vénéré comme un « Cerveau ». D’où son nom de code : HP. Finalement, il a lamentablement échoué. L’ordinateur a planté, à jamais ! Le disque dur de notre Hewlett-Packard (HP) national est grillé, irrécupérable. À ce jour, il est devenu la plus grande menace à la cohésion nationale et à la survie du Cameroun. Il doit tirer la conséquence logique qui s’impose devant cette tragique réalité. /

Fridolin NKE

Expert en Discernement

Auteur: Fridolin Nke