Dans la capitale politique du Cameroun, les nombreuses voies impraticables sont des freins pour le développement des activités économiques, notamment
Pour de nombreux conducteurs de taxi, il ne sert à rien d’avoir des voitures neuves et propres pour circuler dans certains quartiers de la capitale politique du Cameroun. En effet, certaines routes sont parsemées de nids de poules, de bosses, de boue et flaques d’eau en saison des pluies ou de poussière en saison sèche. Celles présentant ce tableau et dont se plaignent de nombreux usagers sont parfois des axes principaux très sollicités.
Conséquence, les usagers de la route sont obligés de s’accommoder en attendant que des solutions concrètes soient trouvées. « En saison de pluie, je mets les pierres dans les trous pour éviter que les voitures m’éclaboussent. En saison sèche par contre, je verse de l’eau sur la route pour éviter les nuages de poussière », dit Solange, une vendeuse de beignets au bord de la route au marché d’Essos, un quartier de Yaoundé. Pour subvenir aux besoins de sa famille, cette femme n’a pas d’autre choix que de braver ces difficultés liées au mauvais état de la route.
Ici, on assiste assez souvent à des accidents causés par l’état de la route, étant donné que les usagers se disputent le passage en manœuvrant tant bien que mal. « Nous avons constamment des cas d’accident sur cette route. Il y a seulement quelques heures encore qu’une femme a été percuté par une voiture », témoigne Solange, ce mercredi 03 mai.
Par ailleurs, le piteux état de la route crée également d’énormes bouchons le long des voies au quotidien surtout aux heures de pointe (sur les tranches horaires 7h-9h, 11h-14h et 18h-20h).Ces embouteillages rendent le transport urbain difficile. Les usagers passent des heures debout à stopper les taxis pour se rendre d’un endroit à un autre. Les taximen, quant à eux, évitent certaines destinations. « Je ne vais pas dans certains quartiers aux heures de pointe parce que je peux passer deux heures sur place. Mon carburant finit et je ne gagne pas assez d’argent. A cette allure je ne pourrai pas nourrir ma famille », confie Anicet, conducteur de taxi. Pour lui l’Etat a démissionné. « C’est un manque de suivi et d’entretien des routes, l’Etat s’est complètement désintéressé », croit savoir l’automobiliste. Pire, l’état des routes dégrade les véhicules. De quoi désemparer leurs utilisateurs
La qualité des routes influe sur la bonne santé économique d’un pays. Au marché Essos, aux abords de la route défectueuse, les activités tournent au ralenti, plusieurs boutiques ont fermé en raison de la fuite de potentiels clients. Ceux qui restent expriment une certaine indignation. « J’ai perdu de nombreux clients à cause du mauvais état de cette route. Certains sont découragés parce qu’il y a énormément de boue, d’autres ne trouvent pas d’espaces pour garer leurs véhicules », se plaint Esther. Cette femme de la quarantaine tient un prêt-à-porter et un salon de coiffure sur cette route. Elle dit que les affaires ne sont plus fructueuses. « C’est parce que je n’ai pas où partir. J’aurais aussi quitté cet endroit comme mes collègues », avoue Esther.
Les commerçants ne sont pas les seuls à se plaindre, les propriétaires des boutiques ne sont pas en reste. Pierre Talla est l’un de ces bailleurs. « Je suis retraité et je vis de ma pension et de mes boutiques en location. Avec le départ de mes locataires, la situation chez moi est devenue très difficile. J’ai du mal à joindre les deux bouts », admet Pierre.