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Yvette Eyéwé, première diplômée de pharmacie dans l’histoire du Cameroun

Une grande première dans l’histoire du Cameroun

Tue, 20 Jun 2023 Source: Edouard Kingue

Le 25 janvier 1960, une grande première dans l’histoire du Cameroun indépendant a eu lieu à Yaoundé, trois semaines après les festivités marquant l’accession du Cameroun à la souveraineté nationale. Yvette Eyéwé procède à l’ouverture de la ‘Pharmacie Camerounaise’ en face de la Cathédrale de Yaoundé.

La toute première officine privée ouverte par un camerounais. L’œuvre d’une grande dame à la jeunesse éternelle qui s’est battue tout le long de sa vie au service de la santé. Mais ses débuts professionnels n’ont pas été un long fleuve tranquille.

Il faut rappeler que, comme toutes les africaines, les Camerounaises ont été longtemps ignorées de l’entreprise coloniale avant d’y être intégrées à la marge. En 1946, Laurence Eteki’a Maladi, sage-femme de formation, ouvre la première clinique privée du Cameroun à Douala.

En 1952, on note l’émergence d’un mouvement féminin nationaliste, s’accompagnant d’une affirmation plus importante d’autonomie et d’accroissement des capacités économiques, sociales et politique, signe le début d’une remise en cause plus explicite et frontale de l’organisation sociale ‘genre’.

Ainsi, tout en offrant des perspectives nouvelles à une poignée de femmes, en leur réservant l’accès à certains métiers (sages-femmes, infirmières ou encore institutrices), les autorités coloniales renforcent l’image d’un champ d’action féminin principalement orienté vers la sphère domestique.

Avant de s’envoler pour la France, la jeune Eyéwé a fait son cycle primaire à l’école de filles de Bonapriso puis à l’Ecole supérieure de filles de New-Bell. Arrivée en France après avoir passé un an Dakar, elle s’inscrit l’Ecole Normale de filles d’Aix en Provence, puis à Paris, elle fréquente le Lycée Hélène Boucher.

En 1955, Yvette obtient son Bac math ‘Elem’ et s’inscrit alors à la Fac Avenue de l’Observatoire de Paris où elle obtient son doctorat en pharmacie. A la veille de l’indépendance en 1959 elle retourne alors au Cameroun avec l’intention d’exercer librement son art. Pour s’installer à son propre compte, le docteur en pharmacie Yvette Eyéwé a dû faire face à un véritable chemin de croix : un camerounais, de surcroit une femme qui prétend à cette époque devenir propriétaire d’une officine. Le projet n’aura pas été un long fleuve tranquille.

Quand Yvette Eyewe débarque à Yaoundé en 1959, on compte quelques apothicaires français plus proches des vendeurs de médicaments que de l’art pharmaceutique. Les propriétaires des échoppes de médicaments tenues par des grecs et des français se sont alors mis en ordre de bataille pour l’empêcher d’exercer en clientèle privée. L’administration lui propose une intégration à la fonction publique et une affectation à la Pharmacie de l’hôpital centrale de Yaoundé.

Yvette décline l’offre et s’accroche à son projet. C’est avec froideur qu’elle est accueillie lorsqu’elle déroule ses objectifs, à savoir se mettre à son propre compte. Grace au ministre Charles Okala elle a obtenu une autorisation d’exercer. Enfin le 25 janvier 1960, elle a pu ouvrir la toute première pharmacie dirigée par une camerounaise.

La pharmacienne a alors pris un bail chez un grec, formé non sans mal, des collaboratrices sur place, sollicité et obtenu grâce à son ancien instituteur Soelle Noah, un crédit de 60000 frs CFA à la BCD.

Auteur: Edouard Kingue