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Le rythme d'endettement du gouvernement est inquiétant

Ven., 2 Oct. 2015 Source: Théodore Tchopa

Des consultants du Fonds monétaire international prescrivent le réalisme au gouvernement, engagé sur plusieurs fronts à la fois.Depuis 2010, le gouvernement a engagé de vastes chantiers d’investissement dans la perspective d’atteindre la croissance à deux chiffres dès 2020 et de faire émerger le Cameroun à l’horizon 2035.

Le pays s’efforce ainsi de rattraper son retard dans le développement des infrastructures, qui constituent un des piliers majeurs de la croissance économique.

Pour ce faire, le gouvernement a dû lever sur le marché financier des fonds (environ 500 milliards F Cfa, hormis les près de 1000 milliards devant financer le plan d’urgence national), en émettant plusieurs fois des emprunts obligataires. Le pays est depuis lors engagé dans la spirale de l’endettement.

Une situation qui préoccupe au plus haut point des consultants du Fonds monétaire international (Fmi), d’abord parce que cette dette publique s’accroit rapidement, et ensuite parce qu’elle est « contractée à des conditions de plus en plus onéreuses ».

La mission de consultation conduite par Mario Zamaroczy a séjourné dans notre pays fin septembre courant. Face à la presse le 23 septembre, M. Zamaroczy se montrait déjà inquiet du fait que la dette publique du Cameroun s’accroit alors que, paradoxalement, les exportations n’augmentent pas.

Par ailleurs, des financements sont parfois sollicités ou obtenus alors que les projets auxquels ils sont destinés sont mal montés ou ne sont pas arrivés à maturité. Le cas du Port en eaux profondes de Kribi, dont les travaux sont achevés depuis un an, est cité en exemple. Tout comme ces 2 000 milliards de F Cfa en souffrance dans les caisses de l’Etat à cause du mauvais montage de projets.

L’inévitable déficit budgétaire

En 2015, le gouvernement va s’endetter davantage pour financer le déficit découlant du niveau élevé des dépenses d’investissement public, couplé à des recettes pétrolières plus faibles et des dépenses sécuritaires persistantes, d’après les prévisions de la mission du Fmi.

Aussi, celle-ci recommande-telle aux dirigeants camerounais de « faire des choix stratégiques », en accordant la primauté et la priorité aux projets « les plus rentables et à forte incidence sur la croissance », ayant un bon niveau d’avancement, au lieu de tout faire au même moment.

Toutes choses qui passent par des réformes institutionnelles préalables en vue d’augmenter l’efficacité des dépenses, un endettement à des conditions plus concessionnelles, la consolidation et la rationalisation du programme d’investissement public.

En outre, la croissance ne va pas dépasser les 6% obtenus en 2014, où l’économie a été positivement influencée par la hausse de la production pétrolière et la progression des investissements publics, avec une inflation faible (2%) et ce malgré la hausse des prix du carburant à la pompe au 1er juillet 2014, et un déficit budgétaire global (base caisse et dons compris) de 5,7% du Pib (contre 4,1% en 2013), du fait de l’augmentation des dépenses d’équipement qui ont atteint 8,5% du Pib.

« Le déficit a engendré une hausse des besoins de financement qui s’est traduit par un accroissement de la dette publique », lit-on dans un communiqué de presse dont Le Jour a eu copie. La mission du Fmi suggère que le budget 2016 soit réaliste, notamment la dotation affectée à la défense (lutte contre l’organisation terroriste Boko Haram), qui en 2014 déjà, a engouffré beaucoup de fonds.

Auteur: Théodore Tchopa