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Le concert raté de Pierre Moukoko...

Lun., 5 Oct. 2015 Source: Abdelaziz Mounde

Le Cameroun avait oublié que l'ONU, dans des moments historiques, n'est pas un festival !Très franchement, qui de sérieux attendait le discours du ministre camerounais des Affaires étrangères à la tribune de l'Assemblée générale des Nations Unies, alors qu'il était impératif que le chef de l'État y assiste ? Je n'en fais pas partie en tout cas !

Faut-il le rappeler, c'est au cours de cette 70e session, qu'un des enjeux de la sécurité internationale, le conflit syrien, avec en toile de fond des rivalités entre grandes puissances, la stratégie contre Daesh, calife de Boko Haram et l'expansion du terrorisme international, a opposé les présidents Obama, Poutine et François Hollande. Tout comme elle a révélé les nouvelles positions chinoises.

Cette session, pour le symbole, était également un moment significatif pour le Cameroun. Tout au moins l'est-il pour ceux qui vont en profondeur dans l'étude de notre histoire.

Le pays de Douala Manga Bell est un des pupilles de l'ONU, fondée en 1945. Placé sous tutelle, il présente la spécificité de n'avoir pas été, sur le plan juridique, une colonie française et anglaise, puissances ayant pénétré par Mora en 1916, notre territoire, sous le feu de la défaite allemande à la Première Guerre Mondiale.

Sortie du mandat de la Société des Nations (SDN), ancêtre de l'ONU, le pays de Njoya est alors défendu par d'illustres fils, dont Ruben Um Nyobe.

Son argumentaire, aussi charpenté qu'exaltant, lorsqu'il se rend en 1952 puis deux ans plus tard, à la Tribune de New York, où devait intervenir le ministre camerounais, s'appuie sur ce statut pour réclamer l'Indépendance et la Réunification des Cameroun anglais et français.

Une initiative qui contraint les français à changer de stratégie et mobilise la jeune classe politique et les masses nationales.

Alors, que ceux qui prennent le sortant, Pierre Moukoko Mbonjo en pitié, parce que dit-on humilié de même que son pays, en apprenant son limogeage au moment de s'exprimer, le sachent : on ne mêle pas les chats aux tigres ! Autrement dit, dans un conclave, qui plus est historique et de haute importance, on ne peut accroire que les coadjuteurs, les diacres, les abbés prennent la place des cardinaux.

Au lieu de sombrer dans l'anecdote, il faut se poser les bonnes questions, se dire les choses en face et arrêter cette propension à perorer sur l'écume des événements.

La vérité au fil de temps est dure. Cruelle même : si Paul Biya trouvait de l'intérêt à ce conclave, il y serait allé !

On ne peut courir et en même temps se gratter les pieds. L'angle pertinent et d'ailleurs aussi constant que la démarche du Président, est celui de l'érosion du rôle de représentation et d'incarnation de la parole du Cameroun dans les instances internationales au niveau des chefs d'État. Avec une hypostase pour ce qui concerne les sommets de l'Union Africaine.

Au demeurant, les slogans ont la même puissance d'évocation mais garde la même faiblesse de traduction. Comme la santé pour tous en l'ancien 2000 et bientôt l'émergence en 2035, la diplomatie de présence relève de l'incantation.

Très souvent, attablés, les chefs d'État voient s'introduire des représentants du Cameroun, dont l'un le président du Conseil économique et social n'a tenu une réunion depuis 1984. Ou le ministère des Relations extérieures, lequel dans le système camerounais est une sorte de consul.

L'amateur de Makossa, Pierre Moukoko Mbonjo s'en est rendu compte à plusieurs reprises. Il y'a des circonstances où l'on préfère les auteurs-compositeurs aux interprètes.

Auteur: Abdelaziz Mounde