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Issa Hayatou : fulgurant destin d’un prince peul

Hayatou New Issa Hayatou

Sat, 17 Oct 2015 Source: Monique Ngo Mayag

e nouveau patron intérimaire de la Fifa a tout juste trois mois pour exorciser cette institution de ses démons. En 2002, Issa Hayatou est candidat pour le très convoité poste de président de la Fédération internationale de football Association (Fifa). 13 ans après son échec, parce que battu par Sepp Blatter, le voici propulsé à cette fonction pour une période transitaire de 90 jours.

Le compte à rebours a été lancé le 8 octobre dernier, jour de sa désignation à ce poste. La désignation de ce vice-président sénior de la Fifa (depuis septembre 2014) damne le pion à d’autres membres du comité exécutif à l’instar du Français Michel Platini.

Sa carte de visite de patron intérimaire du Vatican du football a tôt fait de réveiller les suspicions et méfiance de la presse occidentale, notamment française. Laquelle appelle de tous ses vœux, la présence de Platini (suspendu pour 90 jours par la Commission d’éthique de la Fifa, Ndlr) à la tête de l’instance faîtière du football.

En réalité, la Fifa, au plus fort d’une crise qui a dépassé sa maison de verre, est une patate chaude que le Camerounais est appelé à rendre mangeable.

En trois mois, qu’a-t-il à faire ? Gérer les affaires courantes, lui instruisent les textes. Son cahier de charges se limite à cela. S’il lui vient des idées de réformes, il les soufflera peut-être au président élu de la Fifa le 26 février 2016. Une date qui trotte dans les têtes des candidats déclarés et potentiels. Elle pourrait être prorogée ce 20 octobre lors de la rencontre du Comité exécutif. Un lobby est mis en œuvre pour cet objectif. Mais la question est : Issa Hayatou, 69 ans, se présentera-t-il à l’élection? Les textes le lui permettent.

Jeudi dernier, il clamait que « Non ». Ses détracteurs auront tôt fait de crier au délit d’initié. Quoiqu’il en soit, le président de la Confédération africaine de football (Caf) saura où rebondir. Son siège à la Caf l’attend. D’ailleurs, sur les antennes de Rfi la semaine dernière, il précisait que les 2 vice-présidents de la Caf qui le remplacent à la présidence de cette institution africaine le font pour une durée de « trois mois ».

Professeur

Le message est passé, donnant quelque peu raison à ceux qui critiquent sa gestion « autocentrée ». C’est dans les coulisses du pouvoir que l’ancien professeur d’éducation physique et sportive au lycée général Leclerc de Yaoundé (1973-1974) a fait son bonhomme de chemin. Ses apprenants d’alors ne s’imaginaient peut-être pas qu’il serait l’ambassadeur d’une Afrique de football. En 1990, au lendemain de la brillante prestation des Lions indomptables du Cameroun à la coupe du monde, Issa Hayatou devient membre du comité exécutif de la Fifa.

Il pèse de sa voix pour que le continent noir passe de deux à cinq pays prenant part à la phase finale de la Coupe du monde. En 2010, il milite pour que l’Afrique abrite sa première Coupe du monde. Ce sera sur la terre natale de Nelson Mandela. De plus, Issa Hayatou a développé le football féminin en Afrique et doté la Caf d’une autonomie financière et d’une voix qui compte au concert des confédérations du football mondial.

Loin de lui nier ces lauriers, des observateurs n’en oublient pas que son pays natal, le Cameroun, reste le mauvais élève en termes d’infrastructures footballistiques. La Fédération camerounaise de football est minée par des scandales de détournement de primes, de torpillage des textes électoraux. Les moins indulgents ne taisent pas les frasques supposées ou avérées de M. Hayatou en tant que président de la Caf.

Un poste avec lequel il fusionne, quitte à introduire en 2012 une mouture de modification des textes de la Caf. Et voilà que vole en éclats la limitation d’âge pour diriger cette institution. Une mesure à laquelle l’ancien gardien de but camerounais, Joseph Antoine Bell pour ne citer que lui, s’est farouchement opposé. Quoiqu’il en soit, Issa Hayatou trône à la Caf depuis…1988, soit 27 ans. Fécafoot

Il en prend les rênes après le départ de l’Ethiopien Ydnekatchew Tessema. Tout juste avant, il présidait aux destinées de la Fédération camerounaise de football-Fécafoot-(1985-1988). Préalablement, il sera secrétaire général de la Fécafoot (1974-1988). C’est ainsi qu’il tisse son sillon. Son mental de gagnant, il le façonne en tant que athlète. Sous la bannière du Cameroun, il est champion des 400 m et 800m. Plus tard, il est séduit par la balle orange et rejoint l’équipe nationale de basketball. Son moral d’acier l’aidera sûrement à braver les accusations de corruption qui ont plané sur sa personne.

Il a entre autres, été cité parmi les responsables de la Fifa ayant perçu des pots-de-vin en faveur de l’attribution de la Coupe du monde 2022 au Quatar. Il sera blanchi. Dans les colonnes de notre confrère Le Jour, ce fidèle musulman déclare en août 2011 : « Je n’ai jamais été corrompu par qui que ce soit […] J’ai toujours dirigé le football au Cameroun, à la Caf et à la Fifa avec beaucoup de hauteur. » Balle au centre.

Source: Monique Ngo Mayag