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L’école attend l’émergence en 2035

Fri, 30 Oct 2015 Source: FRANCIS EBOA

A seulement sept kilomètres du centre-ville de Ngaoundéré, trône une école publique d’une autre époque. En dehors des intempéries qui perturbent les cours, les reptiles s’invitent de temps à autre dans les salles de classe. Un jour d’école comme tous les autres. Rien d’anormal pour ces jeunes de moins de 12 ans.

Assis à même le sol, les élèves écoutent attentivement leur enseignant. Seule l’intrusion d’un visiteur de marque trouble momentanément leur attention. Et c’est ce qui s’est passé quand le sénateur SDF, Paul Haman, est venu doter l’école publique de Selbé-Darang de tables bancs, le 30 septembre 2015. «Monsieur le sénateur, vous avez touché du doigt les misères de notre école.

En offrant ces tables bancs à nos enfants, vous nous donnez un espoir pour leur avenir. Comme qui dit merci en demande encore, nous comptons sur vous pour avoir des salles de classe équipées», s’est réjoui Djaoro Oussoumanou, chef du village Selbé-Darang.

«En tant que mère d’enfants d’abord et directrice en plus, voir ces enfants assis à même le sol chaque jour n’était pas chose facile. Je suis comblée par ce geste du sénateur SDF Haman Paul. Nos effectifs pour cette année sont de 57 élèves à la SIL, 49 au CP, 50 au CE1, 38 au CE2, 30 au CM1 et 26 au CM2. Nous sommes cinq enseignants qui encadrons ces enfants. Nous avons un manque criard pas d’actes de naissance », a renchéri Gertrude Ngo Baonga épouse Mayi, directrice de cette école publique.

De salles de classe, de tables bancs, de bureaux. Certains élèves n’ont même pas. On est pourtant qu’à seulement près de 7 kilomètres du centre-ville de Ngaoundéré, dans l’arrondissement de Ngaoundéré 2e, sur l’axe menant à Likok. L’école primaire publique de Selbé-Darang, créée en 2012, passe en effet difficilement inaperçue. Ici, les 250 élèves inscrits en cette année scolaire 2015-2016, suivent les cours dans des conditions difficiles.

Raison pour laquelle le geste d’une âme de bonne volonté, à l’instar de celui fait par Haman Paul, est de nature à redonner du sourire aux parents. Ne serait-ce que l’instant du don, la petite Aïcha, élève au CE2, peut être animée par l’enthousiasme de savoir qu’elle n’usera plus sa robe au contact direct du sol. Pourtant, le chemin de croix de ses camarades et elle est loin d’être terminé.

SALLES DE CLASSE

L’école publique de Selbé-Darang ne dispose que d’un bâtiment construit en effet en briques de terre. Eu égard à leur bas âge, c’est là que sont logés les toutpetits de la maternelle et de la SIL. Autrement, ce qui fait office de salles de classe dans cette école est un hangar coiffé d’une toiture en paille. Quant au bureau de la directrice, Gertrude Ngo Baonga épouse Mayi C a m e r . b e, il ne sort pas de l’ordinaire dans cet environnement où tout manque. Son bureau est un hangar où elle dispose que d’une chaise. Pas l’ombre d’une table de travail. Aussi, sa petite voiture lui sertelle parfois de bureau.

Les élèves de l’école publique de Selbé-Darang, du moins pour ceux qui en ont conscience, ne s’apitoient pour autant pas sur leur sort. La preuve, ils sont parmi les meilleurs de la région de l’Adamaoua, si l’on s’en tient aux derniers résultats du Certificat d’études primaires (CEP). Pour sa première cuvée à l’examen du CEP pour le compte de l’année scolaire 2014-2015, l’école publique de Selbé-Darang avait présenté 12 candidats qui, lors de la proclamation des résultats, avaient tous été admis, soit un taux de réussite de 100%.

DIGNITÉ HUMAINE

Aussi, pour ce qui est des salles de classe, le sénateur SDF propose-t-il une issue de secours. «Vous faites bien de mettre sur pied ici, des hangars qui tiennent lieu de salles de classe et de bureau de la directrice. Mais, il ne vous est pas impossible de mobiliser les parents d’élèves pour fabriquer au moins 2000 à 3000 briques de terre par an. La suite, vous la connaissez», dira Haman Paul, non sans pointer un doigt accusateur sur le ministère de l’Education de base qui a également sa part de responsabilité dans la décrépitude de l’école publique de Selbé-Darang.

Heureusement qu’une partie des problèmes de cet établissement scolaire vient de trouver une solution à travers le don en tables bancs du parlementaire; geste qui somme toute réhabilite l’Homme dans sa dignité, comme le veut le donateur. «Notre présence dans cette école témoigne certes d’une sortie pour offrir un don, mais marque l’importance que la nation toute entière et notre grand parti national C a m e r. b e, le Social Democratic Front (SDF), attachent simultanément à l’investissement pour l’émergence de l’être humain.

Investir dans l’être humain, c’est l’un des meilleurs sacrifices qu’un homme famille doit consentir», déclare le sénateur Haman Paul. Ce don enregistré le 30 septembre 2015, est le tout premier que l’école publique de Selbé-Darang reçoit depuis sa création. Une action louable, mais qui est encore loin de sortir l’établissement de sa mauvaise passe. «Lorsqu’il pleut, les cours sont perturbés, l’eau coule de partout.

Nous sommes obligés de mettre les plastiques çà et là pour que l’eau ne touche pas les cahiers des enfants», fait savoir Fernand Ewambi Ewambi, enseignant du cours moyen deuxième année dans cette école. Et à la directrice d’ajouter qu’ «Il y a des moments où, en plein cours, un serpent s’invite et c’est la débandade générale».

Auteur: FRANCIS EBOA