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Le TCS fait-il écran aux autres tribunaux ?

Lun., 16 Nov. 2015 Source: Valery Zoulla

Ils ont semé la terreur à la cour d’appel de Yaoundé, entre 1999-2011, en envoyant en prison certains caciques du régime et les bandits de grand chemin. Mais ils sont effacés depuis la création par le chef de l’Etat du Tribunal criminel spécial (Tcs).

La justice au Cameroun a connu des épisodes dans le jeu relationnel entre Paul Biya et certains de ses anciens collaborateurs devenus par la suite des « ennemis ». Le terme semble porter tout son sens dans la mesure, où on ne peut que jeter son ennemi en prison. Mais la poursuite contre les prévaricateurs de notre économie a brutalement changé la donne depuis la mise en place de l’opération épervier. Un peu plus avant cette opération républicaine d’assainissement des moeurs publiques, le régime de Yaoundé, par plusieurs fois, s’était déjà brutalement séparé de certains de ses fils dans le cadre de la même lutte contre la corruption et l’atteinte à la fortune publique.

Par étapes successives, l’ancien secrétaire général de la présidence de la République, Titus Edjoa et son complice Michel Thierry Atangana Abega ont été neutralisés par un certain Mvondo Evezo’o Jean Pierre à l’époque président du TGI du Mfoundi. Une redoutable affaire d’Etat qui a augmenté la côte de popularité de ce ressortissant de Kombé par Sangmélima.

Quelques mois après, alors que la machine d’exécution des caciques du régime Biya était mise en place, le tout puissant directeur général de la Cnps, ancien ministre de l’Economie et du plan, Pierre Désiré Engo, tombait dans l’affaire Fondation Martin Paul Samba et pourtant à la Cnps, sa gestion était chaotique. Madame Nnomo Zanga Marie s’était chargée de lui faire la fête et son nom fût inséré sur le livre rouge des redoutables hommes en toge de la justice camerounaise.

L’opération épervier

En décembre 2004, Paul Biya lance la politique des grandes ambitions après sa victoire aux élections présidentielles. Il fallait construire courageusement le pays avec la guerre engagée contre des bandits à col blanc qui nourrissaient les ambitions présidentielles. En 2006, l’opération épervier va capturer un nombre impressionnant de patrons d’entreprises et ministres tous de la majorité présidentielle.

Dans cette épuration certains magistrats mandatés vont s’imposer une fois pour toute dans la famille judiciaire de la cité capitale notamment Pascal Magnangmabé, Batoum Placide Frédéric, Noah Vincent de Paul, Gilbert Schlick, Ndonou David, Madame Elombat et bien d’autres représentants du ministère public. Les affaires dans le cadre de l’opération épervier inscrites à l’ordre du jour au tribunal de grande instance de Yaoundé mettaient tout le pays en branle ainsi que les familles des accusés. Ces magistrats devenus des « petits dieux » avaient la bénédiction du pouvoir mais beaucoup en ont profité pour régler des comptes.

La création du TCS

Créé par un décret du chef de l’Etat, le Tcs peut être considéré comme un organisme judiciaire à part entière qui est venu réduire le pouvoir qu’avaient ces magistrats cités plus haut. Les affaires concernant l’opération épervier se démarquent des autres dans plusieurs aspects. Toute chose qui met en pôle position les magistrats affectés de ce côté et réduit les autres qui bossent dans les affaires de simples citoyens.

De plus, le Tcs serait devenu un outil de promotion de celui qui y est nommé et cela semble être une marque de confiance du chef de l’Etat à son endroit. Alors, si nos magistrats qui ont semé la terreur dans la condamnation des personnalités du pays à des lourdes peines au Tgi avaient bien travaillé, tous devaient se retrouver au Tcs ou alors bénéficier d’autres promotions.

Auteur: Valery Zoulla