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Paris : Paul Biya condamne l’obscurantisme

Jeu., 19 Nov. 2015 Source: Amine Abdoulaye

C’est de la tribune de la 38ème Conférence Générale de l’UNESCO à Paris, que le Président Paul Biya a renouvelé sa solidarité à la France en état de choc, tout en condamnant les idéologies obscurantistes qui sèment gratuitement le chaos et la mort.

Il a réitéré au monde une posologie globale et convergente de lutte contre le terrorisme. Mode d’emploi.

Vendredi, 13 novembre 2015. L’histoire se réécrit au présent de l’indicatif, comme jadis, en 1940, elle fut écrite au passé simple. S’il était vivant, le Général Charles de Gaulle déclamerait ses vers prosaïques : « Paris attaqué… Paris bombardé… Mais, Paris debout ! »

En 2015, l’histoire se réécrit à nouveau. Une horde terroriste s’est aveuglement abattu sur Paris, à travers des fusillades et une série d’attentats qui ont semé la mort au Stade de France, dans les rues de Paris, et au Bataclan.

Le bilan est lourd : pas moins de 130 morts et plus de 350 blessés. Depuis lors, la France vit sous la psychose. En état de choc. En Etat d’urgence décrété par le président François Hollande. La riposte est immédiate.

Loin de céder à la panique, le gouvernement français ne déprogramme rien du calendrier qui affiche la tenue, à Paris, de la 38ème Conférence général de l’UNESCO, le 16 novembre 2015, et le Sommet Cop 21 de décembre prochain… Courageux, Paul Biya honore de sa présence l’invitation du directeur général de l’organisme onusien spécialisé dans l’Education, la Science et la Culture. Elle fête ses 70 ans d’existence.

Invité à s’adresser au monde, du haut de la tribune de l’UNESCO, Paul Biya monte au créneau. En fait, il réitère ce qu’il dit depuis toujours. L’histoire lui donne encore raison : « En effet, là où la guerre montre son visage hideux, on peut en voir les conséquences tragiques pour les populations et pour le patrimoine culturel de l’humanité. Ce qui se passe en Syrie, en Irak et au Mali l’illustre à suffisance. Loin de nous décourager, ces exemples déplorables peuvent, au contraire, nous renforcer dans notre détermination à faire échec à ces idéologies funestes et rétrogrades. »

Et Paul Biya de poursuivre, en servant lui-même d’exemple, il finit par prêcher par… l’exemple : « Mon propre pays, dit-il, havre de stabilité, en fait aujourd’hui la douloureuse expérience. Il subit depuis quelques années les attaques terroristes de Boko Haram. Cette secte sème le deuil et la désolation dans les familles, cause des déplacements de populations et un afflux de réfugiés. Elle perturbe la vie économique et sociale de la région de l’Extrême-Nord de mon pays. Pire, cette nébuleuse, par son intolérance, distille des germes de division à partir de considérations ethnico-religieuses.

Elle s’attaque ainsi aux fondements même de notre pays : son unité. Le combat pour l’éradication de cette secte nous oblige à consacrer à notre défense des ressources importantes, au détriment de l’amélioration des conditions de vie des Camerounais. La mutualisation des moyens avec nos voisins, la mise en place d’une force multinationale mixte de l’Union africaine, et l’appui appréciable des puissances amies dont la France, me laissent penser que nous viendrons bientôt à bout de cet ennemi barbare.

C’est le lieu pour moi de rappeler qu’aucun pays n’est à l’abri des attaques terroristes. » Paul Biya sait de quoi il parle. Il est au combat ; en guerre. Une fois de plus, l’actualité du monde lui donne raison : « Ce qui vient de se passer à Paris, le soir du 13 novembre, est particulièrement significatif. Le combat contre le terrorisme est le combat de toute nation qui met le respect de la personne humaine et de sa vie au premier rang de ses valeurs. Ce combat incombe à chaque nation. Il appartient à chaque nation d’y apporter sa contribution. »

Pratique et pragmatique

Paul Biya n’a attendu d’être présent à Paris, à l’UNESCO, pour condamner les actes terroristes qu’a connu la capitale française, la nuit du 13 novembre 2015. De Yaoundé, quelques heures plus tôt, il a exprimé sa solidarité à François Hollande et au Peuple français dans un télégramme émouvant et fort expressif : « Monsieur le Président, J'ai appris avec une profonde émotion et une grande indignation la nouvelle des attentats terroristes lâches et barbares qui ont ensanglanté Paris dans la soirée du 13 novembre 2015 et causé des dizaines de morts et de blessés.

Je condamne avec la plus grande fermeté ces actes criminels odieux visant des populations civiles innocentes. En ces heures difficiles, je tiens à exprimer mon entière solidarité et celle du Peuple camerounais tout entier à Votre Excellence, au Gouvernement et au Peuple français si durement éprouvé. Je salue la mémoire des victimes et présente mes condoléances les plus attristées à leurs familles.

Je vous assure de mon entière disponibilité à continuer avec une détermination accrue à joindre mes efforts aux vôtres et à ceux de la communauté internationale pour mener une guerre sans merci aux terroristes et à leur idéologie obscurantiste… »

Comme si seuls les mots ne suffisaient pas à atténuer l’affliction, le Président Paul Biya a instruit le gouvernement camerounais d’observer la minute de silence et de s’incliner devant le drapeau français en berne au pied duquel luisait une gerbe de fleur, signe du deuil national qui se tient à 6000 km… Une vingtaine de ministres camerounais répondent à l’appel du chef de l’Etat, Paul Biya.

Pour la circonstance, l’ambassadrice de France au Cameroun souligne ceci : « La France est en deuil comme le Cameroun. La France est en état de choc comme le Cameroun l’a été après les attentats de Maroua ». Un symbole ? Une hyperbole ? C’est surtout une réalité, la réalité terroriste ; celle qu’égrène, seul, en pionnier, le président Paul Biya, depuis plus d’un an, et que reprend, enfin, aujourd’hui, l’ambassadrice de France à Yaoundé.

Comme Paul Biya, elle rappelle au monde la nécessité d’une unité des nations civilisées face à la barbarie que constitue le terrorisme. Ensuite, elle indique que parmi les blessés de Paris, l’on distingue des ressortissants de dix-neuf nationalités…

C’est tout dire : la guerre contre le terrorisme concerne plusieurs nationalités, toutes les nationalités, toutes les nations. Un symbole ? C’est surtout une forte métaphore qui tient tout son sens dans le contexte de la guerre actuelle.

La guerre que François Hollande déclare directement au terrorisme est dans l’ordre des déclarations du Président Paul Biya. Souvenons-nous du 17 mai 2014, à Paris, le chef de l’Etat camerounais affirmait ceci, dans un ton incisif et martial : « Nous sommes ici pour déclarer la guerre contre Boko Haram. » Pendant longtemps, le Cameroun a mené, tout seul, une guerre qui n’était pas la sienne. Aujourd’hui, le monde entier cerne la nécessité d’une guerre collégiale et globale contre le terrorisme. L’histoire donne donc raison à Paul Biya.

Du haut de la tribune de l’UNESCO, Paul Biya a fait d’une pierre deux coups. Réitérer la guerre contre le terrorisme, et magnifier la Science, l’Education et la Civilisation : « Ma participation au forum des dirigeants dans le cadre du 70e anniversaire de l’UNESCO procède de l’attachement du Cameroun aux valeurs d’humanisme, de dialogue et de paix. A cet égard, je me réjouis de la parfaite convergence de vues entre le Cameroun et l’UNESCO sur les grands défis qui interpellent aujourd’hui l’humanité : la pauvreté, le terrorisme et le réchauffement climatique… » Tout est dit, dans cette litote ardue et classique du style-Biya.

Auteur: Amine Abdoulaye