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Si le Cameroun de Biya était le Burundi de l'autre ...

Tue, 14 Jun 2016 Source: Pauline Poinsier-Manyinga

Il se rapporte que sous l’ancien régime, déchirer sciemment un billet de banque était passible de mort. Il ne fallait pas non plus, manquer de respect au drapeau national, le garant de notre souveraineté. Or cette semaine, on apprend que les députés de la nation se sont inclinés devant de drapeaux étrangers à l’Assemblée Nationale, en pleine session parlementaire ! De faux drapeaux vert-rouge-jaune, avec une étoile noire.

Ailleurs, ce serait la cour martiale. Ici, il se colporte que les flics alertés par le Mrc de Maurice Kamto, ont estimé qu’il n’y avait pas vraiment de quoi fouetter un chat… Incroyable non? Et pourtant, vrai ! Aussi vrai que l’incident de 1985 à Bamenda, lors de la création du Rdpc : alors que Paul Biya s’extasiait sur les vertus qu’il y avait pour ses chers concitoyens à consommer désormais camerounais, la Ctv zoomait à fond sur la bouteille d’eau minérale que buvait le président.

Ce n’était pas l’eau Tangui, mais bel et bien du Contrex, sans pub… Le protocole, gêné, avait cru pouvoir gommer la bavure en décollant l’étiquette, mais chacun avait vu… La seule chose rassurante là-dedans, c’est qu’au Cameroun de Paul Biya, ces conneries  n’ont jamais empêché quiconque de dormir sur ses 02 oreilles, encore moins, de ronfler, ou de continuer à faire tout haut, des rêves en couleur.

Sauf quelques rares malchanceux ! Riches ou pauvres, contents de soi ou en colère, les Camerounais, dans leur très grande majorité, vivent en paix au milieu des bourdes et de l’impunité. Ils ne demandent fin de compte pas grand-chose au Bon Dieu, si ce n’est une bonne bière, une jolie petite, une petite chanson porno, une équipe nationale de foot qui se débrouille… Et, de temps en temps, quelques bandits au col blanc que l’épervier jette en prison au gré des humeurs du prince, ou un petit remaniement ministériel facultatif...

Pour le reste, l’incivisme est devenu un véritable art de vivre… Vivre afin de pouvoir survivre à l’idée que nous n’y pouvons fichtrement rien, car c’est cette vie qui nous a choisis, et qu’on n’est pas plus malheureux : rien à voir avec toutes les calamités qui sévissent ailleurs ! Le 11 septembre 2001, les Camerounais ne vaquaient- ils pas tranquillement à leurs occupations à Yaoundé ?

Ce qui est loin d’être le cas des habitants de Manhattan à New-York, aux Usa ? Charlie-hebdo ou le Bataclan dernièrement à Paris, ce n’était pas chez nous ! Ici encore, Yaoundé respirait tranquillement, permettant au Cameroun de vivre tant bien que mal, sa « misère »… Et pour chasser la morosité ou l’ennui, rien de tel qu’un petit boko haram ou un poulet frileux, que nous prenons soudain en grippe comme un seul homme, espérant déculpabiliser en les baptisant de la source de nos ennuis ! Cà nous fait nous sentir solidaires…

Auteur: Pauline Poinsier-Manyinga