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La malédiction de l'industrie aéronautique au Cameroun

11183 Camair Co Le Dja 54324 009 Ns 600 Le Dja de Camair-Co

Mon, 18 Jul 2016 Source: camer.be

La compagnie nationale aérienne peine à décoller. En attendant le déroulement du plan concocté par Boeing Consulting, elle est au plus mal. Le DJA va continuer à rester bloqué au sol tandis Qu'il plane un péril majeur d'incertitudes sur la rentabilité des MA-60 chinois.

L'heure est loin d'être à l'apaisement au sein de la compagnie nationale de transport aérien. On a cru jubiler avec le retour du DJA cloué au sol depuis plus de sept mois en Ethiopie. Pour une pièce manquante qu'il fallait usiner. On a pu payer les réparations sur le milliard avancé par le ministre Alamine Ousmane Mey des Finances, alors que le directeur général en demandait 5,5. Du coup, les employés se sont remis à compter des mois de soixante ou quatre-vingt-dix jours. Plus grave encore, l'avion, même revenu, ne pourra pas reprendre l'exploitation.

Bien que revenu, le DJA ne pourra pas reprendre l'exploitation. Risque de saisie par les loueurs des moteurs.

Le DJa encore cloué au sol

Une bonne raison à cela. Les moteurs loués auprès des fournisseurs, à raison de 45 millions par mois, accusent des retards de paiement. Et on aura trouvé le moyen d'immobiliser pendant de longs mois l'outil d'exploitation essentiel de la compagnie. Coup de malchance dira-t-on. Avec un avion qui est censé voler pour rapporter de l'argent, il en fait plutôt perdre en restant sur place.

Si Nana Sandjo avait su, il aurait décliné l'offre. Le directeur général de Camair-co risque de paraître aux yeux de l'opinion comme un bien piètre manager.

Alors qu'il ne peut rien face à une situation plutôt désespérée. Lors d'une dernière sortie à la télé, le ministre des Finances aurait laissé entendre qu'il n'est plus prêt à remettre la main à la poche. Il aurait décaissé un milliard supplémentaire à la compagnie, il ne sait pas l'usage qui en a été fait. En attendant, les rallonges consenties par le ministère pour les subventions d'équilibre se font attendre. Ils menacent clairement de saisir l'avion à la moindre occasion.

Nana Sandjo ne peut donc pas les affréter sur Paris ou les huissiers l'attendent de pied ferme. Outre que le Dja ne volera pas jusqu'à la date du pèlerinage à la Mecque pour lequel la compagnie a été retenue par les autorités camerounaises, les MA-60 chinois peinent à se remplir pour assurer les dessertes domestiques, Bafoussam, Garoua ou Bamenda. Les raisons avancées par la direction générales sont pour le moins obscures. De ces deux avions portés à la flotte de la compagnie, un seul est actuellement en exploitation. Problèmes techniques ? Silence et boule de gomme.

C'est au plus fort de cette conjoncture morose que la CCAA, l'autorité nationale de l'aviation civile a entrepris de suspendre les avions de la compagnie de leurs liaisons européennes. La directrice de l'Autorité, Paule Assoumou, se fait de bonnes raisons pour justifier une décision que l'opinion a vite fait de qualifier d'inopportune. La décision de l'EASA, l'autorité européenne sera rendue en novembre prochain. Mais elle sait que la compagnie éprouve toujours des difficultés à se mettre à jour.

Si un avion camerounais était à l'origine d'un incident sur le ciel ou le ciel européen du fait d'une défaillance constatée, la mesure affecterait tous les avions battant pavillon Cameroun, et ruinerait du même coup toute la crédibilité de l'autorité aéronautique. Même les avions présidentiels seraient aussi frappés. Pour anticiper, elle a donc pris sur elle de suspendre les vols Camair-Co pour ne pas avoir à se retrouver devant une situation infernale.

Même au temps de sa splendeur, la compagnie Cameroon Airlines n'a jamais réalisé de bénéfices. Bien Qu'elle ait eu des avions en propriété.

Cette mesure de suspension, pour laquelle elle a d'ailleurs reçu des félicitations de l'EASA, a été levée provisoirement, pour une semaine. Il restera à prier que Camair-Co mette à jour sa documentation et qu'elle passe le test avec succès. Il faudra plier les doigts. De l'avis de certains experts, la compagnie nationale a souvent péché par son laxisme et a dû bénéficier de certaines tolérances. Il n'est pas certain qu'elle sera à jour en novembre prochain. Ça semble lointain, mais trois ou quatre mois, c'est vite écoulé.

Le Plan De relance Boeing compromis ?

La suspension des vols internationaux sur l'Europe aurait aussi des conséquences dramatiques sur le plan de relance promis par Boeing Consulting qui prévoit de multiplier des dessertes sur l'Europe avec une dizaine d'appareils au total. Ce serait la fin des haricots pour Nana Sandjo, qui ne compte plus que ce plan dont la mouture finale est déjà, selon le ministre des Transports, sur la table du Président de la République. Pour ce même plan, des sources introduites à la Camair-Co laissent entendre que 30 milliards de l'enveloppe d'accompagnement financier sont disponibles auprès des banques et n'attendent plus que le feu vert de la Présidence.

Sans avoir pris connaissance du contenu de ce plan de relance, certaines inquiétudes persistent. Même au temps des splendeurs de la compagnie nationale, la Cameroon Airlines, qui a vécu 33 ans, n'a jamais réalisé de bénéfices d'exploitation. La compagnie avait pourtant une demidouzaine d'avions en propriété et donc plus à même de réaliser des bénéfices. La compagnie avait donc de meilleures chances que l'actuelle Camair-Co, qui doit compter sur des avions de location. En plus des avions que la compagnie loue, Camair-Co loue aussi des moteurs dont elle a du mal à acquitter les loyers. Dans le même temps, les moteurs d'origine de l'avion sont abandonnés chez les réparateurs.

Ce n'est certainement pas la faute de Nana Sandjo, mais les observateurs s'accordent à penser que la compagnie nationale a aussi mal à son management. Par exemple, pour les liaisons téléphoniques des personnels chargés de l'exploitation, on se sert encore des téléphones portables avec des cartes d'abonnement Orange ou MTN avec un réseau qui refuse souvent de coopérer. Où sont donc passés les bons vieux radios Motorolla et autres ?

Ce sera certainement la faute aux concepteurs initiaux du plan d'exploitation bâti autour d'un seul avion, le DJA, qui était déjà dépassé au moment de son entrée en service. Aucune compagnie au monde n'affrète plus ce type d'avions pour des longues dessertes sans la possibilité de divertir les passagers au moyen des écrans vidéo individuels. Or le gros porteur de Camair-Co ne s'est pas encore mis à la page. Il sera difficile à la compagnie de récupérer des clients déjà passé à la concurrence dominée par Air France ou Ethiopian Airlines.

A bord d'un Airbus 320 ou d'un Boeing 777, les vols semblent moins longs et les passager éprouvent le plaisir du voyage. Même lorsque le plan de relance Boeing sera déroulé, il faudra batailler rudement pour gagner de la clientèle. Selon les nouvelles, une compagnie comme Air France va dans quelques mois passer à 15 fréquences hebdomadaires sur le Cameroun, c'est la clientèle Camair-Co qui sera de plus en plus raréfiée. A moins de dénoncer des accords passés avec certaines compagnies étrangères, ce qui n'est pas encore gagné. Yves Michel Fotso s'était promis de rallier l'Europe sept jours par semaine avec dix avions de location dont la fameux Big Boss, son plan ambitieux a plutôt précipité la compagnie dans le gouffre.

Auteur: camer.be