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Ayah Paul Abine, un anarchiste à la Cour suprême

Ayah Paul Abine1 Ayah Paul Abine

Wed, 21 Dec 2016 Source: Roland Félix Eyoum

Roland Felix Eyoum, Analyste et Président /CEO of CIMEX international corporation a rédigé le texte ci-dessous pour répondre à Ayah Paul Abine, magistrat hors hiérarchie et homme politique.

Cet ancien Député RDPC, parti politique au pouvoir qui est passé à l’opposition, multiplie des déclarations dans les médias pour dire qu’il est pour le retour au fédéralisme, voire à la sécession. Roland Félix Eyoum y trouve à redire.

Point de vue de Roland Félix Eyoum

On a beaucoup de mal à croire qu’il a été parlementaire de la nation avant de basculer dans l’opposition. On a encore plus de mal à croire qu’il est avocat général à la Cour Suprême. Lui c’est Ayah Paul Abine qui a pourtant fait toutes ses études au Cameroun, ce de l’école Bilingue de Manfé jusqu’à l’École Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM) qui fait de lui l’un des plus grands magistrats du Cameroun. Rien à voir avec certains qui ont fait leurs cursus scolaires au Nigeria et qui pourraient avoir des circonstances atténuantes pour avoir éventuellement étudié une histoire tronquée des Cameroons.

Voilà donc une personnalité camerounaise de premier ordre qui devrait pourtant parfaitement maitriser l’histoire de son pays qui dit à qui veut l’entendre qu’il ne se reconnait pas la nationalité camerounaise. Il ajoute qu’il ne reconnait pas le referendum du 1er février 1961, encore moins la réunification du 1er octobre 1961 et l’unification du 20 mai 1972. Au finish, il estime que les British Cameroons ont un territoire et une population, mais qu’il ne leur manque qu’un gouvernement pour exercer leur souveraineté. Nous allons ici démontrer à Ayah Paul Abine qu’il a le droit de rêver et même de nager dans les nuages, mais qu’en vérité ses rêves n’ont rien à voir avec la réalité.

1- La nationalité Camerounaise : pour être député à l’Assemblée Nationale du Cameroun, on doit justifier de la nationalité Camerounaise. En d’autres termes si on n’est pas Camerounais, on ne peut absolument pas se faire élire au parlement. De plus, pour être Avocat General de la Cour Suprême, il faut être de nationalité Camerounaise. Il est par conséquent aberrant qu’un Camerounais, qui a de par les fonctions qu’il occupe, justifié de la nationalité Camerounaise, se réveille un bon matin pour renier sa nationalité. Pourtant, il revendique paradoxalement les avantages de toutes natures liées à ces fonctions réservées aux Camerounais.

2- Le référendum du 1er Février 1961 : les British Cameroons (Northern Cameroon et Southern Cameroon) ont été sous mandat de la Société des Nations (devenue l’Organisation des Nations Unies en 1945), et sous tutelle de la Grande-Bretagne de 1916 à 1961 soit pendant 45 ans. C’est donc l’ONU et la Grande-Bretagne et non le Cameroun qui ont organisé le referendum du 1er février 1961. Il est donc complètement incongru qu’Ayah Paul Abine en rejette la responsabilité à ceux qu’il appelle Francophone au Cameroun.

3- La réunification du 1er octobre 1961 : avec près de 300.000 voix favorables contre moins de 80.000 défavorables, le Southern Cameroon a voté pour son rattachement au Cameroun, et selon des sources bien informées, le Northern Cameroon avait également voté majoritairement pour son rattachement au Cameroun. Mais malheureusement, une fraude électorale massive a fait pencher la balance du côté du Nigeria.

Quel que soit donc ce qui s’est passé ou qui ne s’est pas passé à Foumban et quel que soit ce qui a été respecté à Foumban ou pas, cela n’enlève rien du tout au fait que l’ONU et la Grande-Bretagne ont irréversiblement décidé de remettre au Cameroun une partie de son territoire. Accuser le Président Ahidjo ou les Vice-Présidents Foncha et Mouna de n’avoir pas fait ceci ou cela est totalement insensé, dans la mesure ou le principe de la réunification du Cameroun ne saurait être remis en cause par qui que ce soit et sous quelque prétexte que ce soit.

4- La souveraineté : Ayah Paul Abine estime que les anciens Southern et Eastern Cameroons ont une réunification de fait, et qu’en réalité, les deux parties du pays ne sont pas du tout réunifiées et donc, l’unification du 20 mai 1972 n’est qu’une imagination de ceux qu’il appelle les francophones. De plus, il estime que le gentleman agreement qui voulait que la constitution de 1961 ne fût jamais modifiée n’a pas été respecté et conclu alors qu’il n’y a jamais eu un acte écrit d’Union entre le Southern et l’Eastern Cameroons, allégation ne méritant d'ailleurs aucun commentaire puisque battue en brèche par la constitution fédérale de 1961.

Il convient ici de rappeler à Ayah Paul Abine que déjà en 1966, les partis politiques de John Ngu Foncha, de Salomon Tandeng Muna et de Chief Endeley ont rejoint l’Union Camerounaise du Président Ahmadou Ahidjo pour former le grand parti national sous la dénomination Union Nationale Camerounaise (UNC), devenu en 1985 Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) dont Ayah Paul Abine était un membre très influent. C’est sous cette bannière politique que la réunification du Cameroun a été négociée et un referendum organisé le 20 Mai 1972.

Etant donc donné que tous les acteurs de la réunification de 1961 ont activement participé à l’organisation et au succès du referendum du 20 Mai 1972 puisque non seulement ils ont tous voté pour le OUI, mais en plus ils ont fait campagne et ont appelé la grande majorité du peuple camerounais des deux états fédérés a voter pour la mise en place de l'état unitaire, il est totalement malsain de convoquer un quelconque non-respect de quelque gentleman agreement que ce soit.

5- Conclusion : la Société des Nations et la Grande-Bretagne ont définitivement quitté les British Cameroons le 1er octobre 1961. Le Nigeria a reçu le Northern Cameroon et le Southern Cameroon est définitivement revenu à la mère patrie. L’organisation de l’état du Cameroun ne dépend donc plus de l’ONU, de la Grande-Bretagne ou de la France.

Il revient désormais aux Camerounais et aux Camerounais seuls de gérer leur destin et leurs affaires, ce qui est fait avec la participation très active des Camerounais de tous les coins et recoins du pays sans aucune discrimination sur l’origine linguistique, tribale ou religieuse. La forme de l’état ne saurait changer autrement que par voie référendaire, le référendum étant lui-même au-dessus de la constitution et donc de ce que certains appellent pompeusement gentlement agreements.

Si Ayah Paul Abine réclame un territoire et une population, il devrait aller voir du côté du Northern Cameroon qui est actuellement rattaché au Nigeria. Le Cameroun sous sa forme actuelle est un et indivisible selon la constitution. Les Camerounais des dix régions quant à eux, dans leur écrasante majorité, sont jaloux de leur indépendance et de leur unité nationale pour lesquels ils sont prêts pour le sacrifice suprême. Avis donc à tous ceux qui veulent se faire un fonds de commerce en instrumentalisant une hypothétique voire impossible sécession.

Auteur: Roland Félix Eyoum