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Le jour où Mgr Jean Zoa s’opposa frontalement à Paul Biya

Mgr Jean Zoa C’était le début d’un désamour qui cumula dans ce qui est convenu d’appeler 'l’homélie de Nsam'

Jeu., 6 Juil. 2017 Source: Ebugnti

Le ton monte au sein de la communauté chrétienne catholique et la réaction des évêques est toujours attendue. Trente-six heures après la publication d’un communiqué qui atteste que Mgr Jean-Marie Benoit Bala se serait noyé, l’opinion est suspendue à la parole des prélats.

Que vont-ils dire ? Comment vont-ils réagir ? Vont-ils cautionner ce que Vincent Sosthène Fouda a appelé « un véritable tissu de mensonges » ? Ou vont-ils, au contraire, rejoindre la masse qui exige vérité et justice. Ils resteraient ainsi sur leur déclaration du 13 juin 2017. Quand ils affirmaient sans ambages que « Mgr Jean Marie Benoit Bala a été brutalement assassiné ? »

Si leur silence inquiète, il augure pour certains d’un compromis qui sera l’ultime compromission. Une partie de l’opinion estime par contre que les évêques ne peuvent pas se dédire.

Il faut se souvenir que l’Eglise n’est pas à sa première épreuve meurtrière. Le 23 avril 1995, Engelbert Mveng, prêtre Jésuite, érudit multidisciplinaire, est retrouvé mort dans son domicile. Il a été étranglé dans la nuit du 22 avril et gît dans son lit, sur le dos.

Mgr Jean Zoa, archevêque de Yaoundé, ne fit ni dans la diplomatie, ni dans le protocole. Il est vert de colère et le fait savoir. D’autant plus que la mise sous scellés du corps perdure sans jamais que l’enquête n’avance. Elle n’aboutira jamais.

L’archevêque de Yaoundé disposait d’un certain nombre d’informations sur cet assassinat, en relation notamment avec la défunte première épouse du chef de l’Etat. De l’avis de certains témoins, il se montrera très réticent, quant à la présence des officiels à ces obsèques ; notamment le fameux « représentant spécial du Chef de l’Etat ».

Après moults médiations, il y consentira finalement. « Mais vraiment à contre cœur », indique un témoin. Paul Biya enverra Peter Agbor Tabi, alors Ministre de l’Enseignement Supérieur Il décidera également de gratifier la dépouille de l’ancien confident de son épouse de la fameuse « médaille à titre posthume ».

« Mgr Zoa était très en colère. On sentait qu’il pouvait exploser à n’importe quel moment », se souvient notre témoin. Et l’occasion ne tarda pas à se présenter. « A la fin de la messe de requiem, raconte notre source, alors que le ministre s’était levé pour aller apposer sa médaille sur le cercueil, l’archevêque l’apostropha violemment ».

« Mr le ministre, allez vous asseoir, lui dit-il ! La médaille n’est pas notre priorité. le père Mveng n’a pas eu droit à l’absoute à laquelle a droit tout chrétien ». Peter Agbor Tabi rejoignit sa chaise. L’histoire ne dit pas ce qu’il en est advenu de la médaille. Mais il rendit sans doute compte de sa mésaventure à son président de patron. C’était le début d’un désamour qui cumula dans ce qui est convenu d’appeler « l’homélie de Nsam », à la suite de la catastrophe du même nom.

Auteur: Ebugnti