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Suspension levée: une complicité criminelle entre Général Express et Mebe Ngo’o

General2 Un des accidents de General Express

Mer., 29 Nov. 2017 Source: Camer.be

A l’approche des fêtes de fin d’année, avec le volume de trafic que cela suppose sur les routes, cette décision ministérielle de lever la mesure de suspension de l’agence Général Express, ne peut laisser dans les esprits et les cœurs encore endeuillés ou non, que le soupçon d’une complicité criminelle.

Car, malgré les contestations de cette décision ministérielle de fermer les portes de la société de transport interurbain pendant 3 mois, à la suite d’un énième accident dont elle s’était rendue coupable le 23 octobre dernier, le ministre était resté sourd… jusqu’à ce jour. Pourquoi maintenant ?

La bonne foi de Général Express pour justifier la levée de la suspension

C’est sans doute la question que se poseront plusieurs camerounais. Tentant vainement de s’expliquer cette volte-face ministérielle. Comme pour brouiller une piste déjà impraticable, l’ex-ministre de la défense a évoqué la bonne foi de Général Express pour justifier la levée de la suspension. On peut lire en effet, dans le communiqué qui a accompagné la décision du ministre de mettre fin à la suspension de Général Express qu’« un audit général a été effectué dans les différents terminaux de ladite compagnie, au terme duquel plusieurs insuffisances ont été relevées. La compagnie Général Express a reconnu l’effectivité desdites insuffisances et a immédiatement procédé à la mise en œuvre des mesures correctives prescrites par le ministre des Transports ». C’est en « Considérant l’adhésion et la coopération dont fait preuve ladite compagnie suite à la suspension prise à son encontre et la mesure des mises en œuvre des mesures correctionnelles résultant de l’audit, (…) que le ministre des Transports a décidé de procéder, à titre exceptionnel, à la réduction du délai de la mesure de suspension ».

Un argument valide qui ne convainc pas

Voilà une argumentation qui ne peut souffrir d’aucune remise en cause. Car elle obéît à toutes les règles du syllogisme. La conclusion portant sur la décision de lever la suspension, fait suite à un audit qui a révélé des insuffisances, et conduit le mis en cause non seulement à les reconnaître, mais à vouloir y remédier. Mais, la validité de l’argument reste purement formelle. Car, sur le fond, on peut se demander par exemple sur quoi portait l’audit ? Quels en sont les résultats ? Ou quelles sont les mesures correctives proposées par le ministre des Transports ? Comment leur application sera évaluée et sur combien de temps ?

Le ministre, du sommet de son pouvoir, a décidé unilatéralement de suspendre Général Express. Il s’est substitué à la justice en prenant la décision de suspendre le chauffeur de ladite agence pour un an. Seul encore, au grand mépris des familles endeuillées qui veulent savoir ce qui s’est passé la nuit du 23 octobre, il a mené son audit, et décidé encore de remettre Général sur la route avant même que le deuil ne soit fait pour plusieurs familles.

Et pourtant, des survivants de cet accident affirment que si la culpabilité de Général Express est clairement établie, il y a aussi qu’après cet accident, les secours ne sont arrivés que près d’1h30mn après. Ce qui fait que des personnes qui auraient pu être sauvées ne l’ont pas été. Quelles sont donc les mesures que le ministre des transports prend sur les routes nationales pour garantir le secours des usagers en cas d’accidents ?

Un parfum de corruption sur le rétablissement de Général Express

C’est à grand renfort de publicité avant-hier à 17h, sur les ondes de la radio nationale, que Général annonçait le recyclage à Bafoussam de près de 200 de ces chauffeurs. Avec en prime, une messe d’action de grâce en faveur des victimes qu’elle a causées. Peut-on voir dans ces actions, les mesures correctives dont parle le ministre ? Auquel cas, peut-on compter sur le recyclage des chauffeurs indignement payés et esclavagisés sur des routes défectueuses pour garantir la sécurité des passagers ? Que vaut une messe d’action de grâce face à une situation nécessitant des mesures concrètes ?

Il y a donc au final, comme un parfum de corruption, même si elle est simplement morale, qui plane sur cette affaire de Général Express. Encore que le mois de décembre est celui où l’activité pour les sociétés de transport est en pleine croissance. On peut donc penser qu’il y a eu un arrangement qui ne tient aucunement compte des pertes en vies humaines, en biens matériels et autres dommages causés aux familles par la société de transport, qui se voit ainsi échapper une fois de plus à la justice qui devrait pouvoir l’entendre, établir sa responsabilité et dédommager les victimes. Le ministre endosse avec cette agence de transport, la responsabilité des morts passés et à venir.

Auteur: Camer.be