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Affaire Patrice Nganang: soyons des fous de justice, de liberté et d’égalité

Patrice Nganang  Livre La Justice camerounaise et le corps des Magistrats sont prostitués - Nyebe Edoa

Mer., 13 Déc. 2017 Source: Nyebe Edoa

L’amour est la plus grande folie qui ait toujours existé. Et l’excès d’amour pour une personne, une idéologie, une lutte, finit par faire de nous des fous. Vu sous cet angle, le patriote est fou de sa Patrie, l’écrivain est fou de son Art, le révolutionnaire est fou de sa Cause... Patrice NGANANG est un de ces rares intellectuels « fous », très controversés et en voie de disparition. Pourtant, ni le pouvoir ni l’argent, ne peuvent corrompre son engagement au service du bien du peuple. Contrairement à la foultitude de ses « sages » « confrères » soumis au Régime gérontocratique Biya.

Le dénouement de sa récente enquête au Nord-Ouest et au Sud-Ouest du Cameroun, qui permet une fois encore à la Justice camerounaise de faire montre de sa vacuité morale et son grave manque d’éthique aux yeux du monde, nous donne d’apprécier les tares de cette Justice et le rôle de ses intellectuels, à la croisée des chemins entre la liberté et l’oppression, au moment où nul de doit rester indifférent, face à la crise anglophone.

Rappel historique d’une « folie » noire aux Etats-Unis

Pour écrire l’Histoire, il ne faut pas nécessairement être un « grand homme » ou une « grande dame » des sciences, des médias, de la politique, de l’économie, du sport, etc. Rosa Parks par exemple, n’était qu’une pauvre femme ordinaire et anonyme, jusqu’au jour où le devoir exigeât d’elle de rester assise, au moment et à l’endroit où il fallut se lever. En effet, à cette époque aux États-Unis, la Loi interdisait aux Noirs de s’asseoir dans les lieux publics, quand un Blanc n’avait pas de place assise. C’est ainsi que cette femme Noire dans un bus, refusa de céder sa place à un Blanc qui pourtant la réclamait. À l’arrêt-bus suivant, elle fut arrêtée par la Police puis enfermée. Ce fut le début des mouvements de contestations menés par Martin Luther King. Nous connaissons tous l’issue de cette « folie » aujourd’hui, et la « thérapie » employée pour tenter de la soigner.

Bref, depuis les temps immémoriaux, l’affranchissement de l’Homme demeure une sempiternelle lutte de David contre Goliath. Ceux qui clament toujours et partout que « Force revient à la Loi ! », qu’ils sachent donc que, tant qu’il y aura des injustices, se lèveront toujours devant eux et leurs institutions, des Nelson MANDELA, des Fidel CASTRO ou des Ernesto Che GUEVARA, ces fous, ces David que Histoire se plait à réincarner.

La loi et la justice des « sages » au Cameroun

Au Cameroun, les décisionnaires ne veulent pas de ces fous qui oseront leur parler de justice, liberté, égalité… quand leur nombrilisme prône les injustices, l’oppression, le lobbysme... Ils ne veulent pas de ces « aliénés » qui diront NON, quand l’ordre leur sera donné de mitrailler injustement femmes et enfants. Ils se méfient de ces « subversifs » qui pensent librement avant d’agir.

La Justice camerounaise et le corps des Magistrats sont prostitués, parce que les sages du « système » les préfèrent ainsi afin de mieux asseoir leur domination. La « machine » est bien huilée. Alors, si comme Patrice NGANANG vous avez perdu la raison en combattant ces lobbys qui ont hypothéqué notre beau pays, vous constaterez très vite que, au Cameroun de Paul Biya, le Droit n’est pas droit, la Justice n’est pas juste et les fondements de la DÉMOCRATIE sont inexistants : voilà l’œuvre de ces sages.

Des citoyens sont injustement arrêtés, enfermés clandestinement et torturés chaque jour, en violation de la procédure pénale et des Droits Humains universellement reconnus. Parce qu’au Cameroun, Biya et ses suppôts incarnent la Loi, la Justice et la Sagesse. Tous ceux qui s’opposent à eux sont donc « hors-la-loi », « terroristes » et « fous ». Cependant, toute « loi » qui exempte les coupables et s’acharne sur les innocents est méprisable, ainsi que tous ceux qui la représentent. Intellectuels et manuels, il est grand temps de dire NON. En d’autres termes, soyons tous fous de la Justice de la Liberté et de l’Égalité, comme les Anglophones insoumis, comme l’écrivain engagé Patrice NGANANG.

Le régime Biya et ses intellectuels muselés

La majorité des intellectuels au Cameroun est prise en otage et attachée au piquet du besoin. Raison pour laquelle elle ne mordra jamais la main qui lui procure sa pitance quotidienne. Ce sont ces intellectuels qui font diversion et trompent la vigilance du peuple, servent de caution morale aux politicards, dédouanent tous discours qui s’opposent au bien de la Nation. Et par le sceau de leur expertise (puisqu’ils sont tous experts en quelque chose), scellent funestement le destin des petites gens dont ils sont adulés ; lesquelles se rendront compte trop tard, que ces Messieurs les éminents Professeurs et Docteurs ; les Magistrats, Enseignants, Fonctionnaires « hors-échelle » ; les Maîtres de Conférences et autres Diplômés « hors-catégories » etc. ont lamentablement trahi leurs Sciences pour un poste ou pour une nomination.

Les intellectuels vivant dans ce Cameroun de Paul Biya, ont le choix entre la pensée unique et l’auto-censure. Le même mutisme est observé par la quasi-totalité de nos artistes-musiciens. Face aux répressions sanglantes contre les Anglophones en octobre dernier, ils ont tous perdu la notion de l’art pour l’engagement. Mais hypocritement se sont engagés à dénoncer « l’esclavage » de nos frères en Libye. Pourtant cet « esclavage » prend source ici même. C’est donc ici et maintenant que nous devons combattre. C’est ce que fait Patrice NGANANG. Et l’Histoire le saura gré de son exemple éloquent. Soyons du bon côté de l’Histoire !

Dans les vraies Démocraties, les Universitaires comme lui n’adressent pas les « motions de soutien » pour être nommés Chef de Département... Ils ne tremblent pas devant les caïds du Régime ; ce sont les caïds qui tremblent devant eux. Ils n’ont pas peur du choc des idées car ils savent que c’est de là que jaillit la lumière, ce feu de Prométhée qui éclaire la Cité pour le bien commun. Et quand ils décident de faire la Politique, ils la font bien et gagnent les suffrages en débattant avec la force des mots et non en combattant avec la force des armes. Seuls les assoiffés de sang de pouvoir et d’argent forcent l’adhésion.

Une autre partie de l’intelligentsia camerounaise est soit en exil politique ; soit précipitée à la mort économique et/ou physique ; soit tournée en dérision à travers des histoires montées de toutes pièces par les Services Secrets, chiens de gardes du Régime. Les vrais doctes ne font pas le « politiquement correct » contre le peuple qui crie sa souffrance ; ils s’érigent plutôt en porte-voix du peuple.

Finalement nous comprenons pourquoi, des individus de l’acabit de Patrice NGANANG souffrent du « complexe de David ». C’est tout simplement parce qu’ils ont refusé de se soumettre et de se compromettre, pour lucidement et discourtoisement couper la tête du géant Goliath. Les iconoclastes ont ceci en commun : ils sont tous Amants de la Justice, de la Liberté et de l’Égalité, au péril de leur propre vie.

Auteur: Nyebe Edoa
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