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Comprendre pourquoi Paul Biya veut contrôler les réseaux sociaux

Biya Crime Assassinat Pretre Paul Biya au pouvoir depuis plus de 35 ans déjà

Wed, 31 Jan 2018 Source: Ecclésiaste Deudjui

J’avais créé un groupe sur WhatsApp pour discuter avec mes meilleurs amis. Mais depuis quelques temps, il y a certains adhérents qui exigent que je les nomme administrateurs… Malchance !! Pourtant c’est un groupe que c’est moi seul qui avais créé hein ! Jusqu’à ils ont même déjà commencé à intoxiquer les autres membres en leur racontant que je suis un dictateur…

J’AI COMPRIS L’OPPOSITION GRÂCE À WHATSAPP

Au début, le groupe était vraiment très sympa. J’ajoutais des Gabonais, des Béninois, des Angolais, des amis Congolais. Mais quand j’ai ajouté les Togolais, il y a l’un d’eux qui m’a écrit en privé pour me dire que « Je dis hein, mon ami ! Tu ne penses pas qu’il nous faudrait au moins deux administrateurs ? »

Malchance !!

C’est quoi son problème ? Je l’ai ajouté dans le groupe pour discuter ou bien pour venir discuter avec moi ? Parce que non seulement ça, les autres Togolais avaient déjà commencé par changer le nom du groupe. Il y a aussi un Camerounais qui a interdit qu’on se partage certaines blagues. Sans compter les plaintes des Anglophones qui ne font que sortir du groupe et qui me demandent ensuite de les réintégrer sans aucune explication…

J’AI COMPRIS LE DÉCRET GRACE À WHATSAPP

Ils ont la chance que je ne suis pas un mauvais gars ! Parce que depuis qu’ils ont commencé à s’agiter comme des moustiques, moi je les regarde et je souris seulement. Parce qu’il me suffit d’un moindre clic pour les faire disparaître définitivement de ma communauté virtuelle !

Mais je ne suis pas bête hein, le Pouvoir c’est trop compliqué. C’est bien vrai que j’ai tous les pouvoirs, mais en même temps les opposants-là me tiennent. Parce que si je retire le nuisible Togolais-là par exemple, les autres Maliens vont se dire que « Ahn bon hein ! Donc c’est vraiment vrai que c’était la dictature ? » Et c’est comme ça que certains membres vont quitter le groupe petit-à-petit et que je vais finir par me retrouver tout seul…

Donc quand Pierre La Paix m’insulte par exemple dans l’un de nos groupes en communs, je digère seulement mais je ne l’expulse pas. Parce qu’il ne faut jamais malmener tes opposants. Il faut même parfois les inviter à la Présidence comme Biya fait souvent avec Ni John Fru Ndi. Il faut de temps en temps inviter tes contradicteurs dans un snack-bar. Il ne faut pas trop abuser de ton Pouvoir. Il faut montrer aux autres participants que même si tu es un dictateur, tu es le genre de dictateur qui ne va jamais porter atteinte à la liberté d’expression…

J’AI COMPRIS QU’IL NE FAUT PAS NÉGLIGER LA SOCIÉTÉ CIVILE

La société civile c’est même qui au juste ? Hein ? Franchement ! Parce que concrètement hein, j’entends ça tous les jours à la télévision mais je ne sais même pas exactement ce que ça veut dire. Hein ? Est-ce que ça veut dire que c’est la société qui n’est pas militaire ?

Parce que dans mon petit groupe WhatsApp qui commençait déjà à grandir petit-à-petit, il y avait certains Ivoiriens qui venaient régulièrement me consulter en inbox : « Ecclésiaste, pourquoi les gens-là sont fâchés comme ça ? Hein ? Tu ne penses pas qu’ils ont raison qu’il nous faut au moins deux administrateurs dans ce groupe ? » Malchance !! Timothée !! Donc c’est pour ça que vous disiez que vous vouliez me parler hein…

Mais heureusement que je ne suis pas bête, je faisais semblant de jouer leur jeu. J’écoutais les négociateurs et les médiateurs et les intermédiaires, mais entre-temps je restais le seul administrateur. Parce que je connais très bien la société civile : il suffit que les choses se renversent pour que les gens-là te laissent dans le choc en disant que « Mouff ! C’est nous qui t’avons demandé de te représenter en 2018 ? »

JE N’AI PAS PU COMPRENDRE LE PARTAGE DU POUVOIR

L’affaire-là est très compliquée. Quand les gens sont dehors dans la plèbe, ils disent que « Est-ce que c’est normal que Paul Biya concentre tous les pouvoirs comme ça ? » Hum, Vous m’amusez hein !

Moi-même je parlais comme vous avant. Mais depuis bientôt deux ans que je gère mon groupe WhatsApp, j’ai compris que c’est très-très-très risqué ! Imaginez un peu que je nomme un Maghrébin administrateur. Hein ? Ou bien un Burundais. Et que lui aussi il décide de nommer un Sénégalais ou bien un Guinéen que je ne connais même pas. Hein ? J’aurai encore quel contrôle sur mon propre groupe ? Hein ? Et si je m’amuse ils peuvent même se fâcher un jour et me jeter à la porte ! Hein ?

Vous croyez que Paul Biya a fait comment avec Ahidjo ? Hein ? Vous n’avez pas vu comment Marine Le Pen qui a mis la croix sur son père qui l’avait pourtant installée à la tête de son propre Parti ?

JE COMMENCE À COMPRENDRE LE POUVOIR GRÂCE À WHATSAPP

Donc quand j’avais créé mon groupe au départ, c’était simplement pour discuter avec mes amis blogueurs. Mais depuis que ce groupe a pris de l’ampleur, il y a parfois des inconnus qui m’écrivent en privé pour me dire que « Je dis hein, tu es malade ? C’est quel genre de groupe-ça où on ne publie même pas les vidéos pornographiques ? »

Imaginez alors ce que Paul Biya endure depuis déjà 35 ans qu’il est là-bas à Etoudi…

J’ai compris le Pouvoir grâce à WhatsApp ! Il faut de temps en temps intimider tes adversaires, mais il ne faudra en aucun cas les éliminer.

J’ai compris le Pouvoir grâce aux réseaux sociaux, et je sais désormais que je ne dois plus répondre à toutes les attaques.

Grâce aux groupes WhatsApp que j’ai créés et qui ne font que m’attirer des ennemis et des contrariétés, je me suis rendu compte qu’il suffit d’un seul rebelle seulement pour déstabiliser tout un Pouvoir… Je dis bien un seul !

Et c’est pour ça que depuis un certain temps, j’ai décidé de me comporter comme Paul Biya : j’ai remanié certains membres, j’ai changé la photo de profil du groupe, j’ai ajouté deux administrateurs qui en réalité sont mes autres numéros que je n’utilise presque jamais…

Je suis resté silencieux dans mes multiples voyages, et je laisse les gens m’insulter dans les médias parce que j’ai compris une chose importante, c’est que les Camerounais n’ont pas encore compris que ce n’est pas le bavardage qui va leur rétrocéder le Pouvoir !

Auteur: Ecclésiaste Deudjui