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Chronique: il était une fois, les clubs mythiques au Cameroun...

Clubs Mytiques Cameroun Image d'archives

Tue, 20 Mar 2018 Source: Ghislain KOUNGANG

Il fut une époque où le mouvement sportif camerounais était merveilleusement animé, où les supporteurs prenaient d’assaut les stades à l’effet de pousser à la victoire leur club favori mais surtout leur formation de cœur, où les avant-rencontres donnaient déjà le ton bouillonnant et appétissant, avant le kick off.

Mais ca, c’était avant, diraient beaucoup, à raison, peut être, et surtout eu égard à cette longue traversée du désert qui frappe de plein fouet le football national (clubs) aujourd’hui. Ce tropisme, en réalité, se résume en une seule chose, en un seul sentiment :la nostalgie.

La nostalgie des dispositifs débordant d’imagination et de génie qui entouraient les derbies à l’image d’une confrontation entre l’Union sportive de Douala et le Canon sportif de Yaoundé, un duel de la capitale politique opposant le tonnerre d’Albert Roger Milla au Canon de Théophile Abega, tout comme son pendant à Douala, mettant en scène la Dynamo et l’Union.

Comment ne pas se remémorer l’ambiance palpitante et haletante qui entourait et rythmait un match de Racing de Bafoussam évoluant sur ses propres installations, avec la partition spéciale et particulière de l’armée cinglée. C’est ainsi toute cette « folie » débordante, symbole de vitalité, témoin de l’attachement, traduction de l’amour pour le football et évidemment caractéristique du plaisir et du bonheur que les acteurs procuraient en retour à leurs nombreux et inconditionnels supporteurs et fans. C’est dire si les prestations servies dans les stades valaient largement le déplacement et c’est donc de gaité de cœur que les amoureux du ballon rond s’offraient leur ticket d’entrée.

Qui n’a pas applaudi les dribbles chaloupés d’un Georges Opong Weah, les contrôles orientés de Roger Milla, le « man pass ballon no pass » d’un certain Tataw Stéphen ou encore Benjamin Massing, la défense plus que rugueuse d’Isaac Sinkot, les coups de tête ravageurs de Manga Onguene et de François Omam Biyick, l’efficacité en plus du spectacle offert par Joseph Antoine Bell dans ses sorties aériennes, les parades lumineuses et pleine d’autorité et d’efficacité de l’araignée noire, Thomas Nkono, (qui pour la petite histoire, est l’idole du meilleur gardien de la planète football depuis plusieurs années aujourd’hui, l’international italien Gianluigi Buffon). Autant de bons moments, de merveilleux souvenirs qui restent et demeurent à jamais gravés dans les mémoires et donc l’évocation aujourd’hui, peut laisser sceptique, sur une possible reconquête des performances d’antan.

Cette méfiance pour un nouvel envol du football sur le plan national, pourrait trouver un autre écho dans la contre performance des clubs, qui jadis avaient investi l’espace footballistique, se hissant comme des formations de référence et par ricochet de haut de tableau. Cet angle de lecture malheureusement, vulgarise le constat triste d’une crise de talents, de performance et certainement d’organisation et de gestion, bref de management. Pour certains, très avisés d’ailleurs, ces clubs ne sont que le reflet, mieux encore, les produits de l’environnement du football national dans sa globalité. Sinon comment comprendre le rififi géant entretenu dans un club mythique comme le canon de yaoundé, le club aux 85 ans d’âges, (le Kwa Nkum, les Mekok Megonda) ? Que dire du Tonnerre Kalara club, confortablement installé dans un processus de guerre clanique qui pourrait déboucher sur une morte lente quasi programmée ? Et Racing de Bafoussam, aujourd’hui à batailler dans les profondeurs du classement et à valser entre l’élite one et two et parfois la ligue régionale. Plus grave encore, est l’amertume résultante de la disparition des clubs comme Prévoyance de Yaoundé, Kohi de Maroua etc.…

Au regard de tout ceci, il y’a véritablement de quoi être habité de nostalgie. Cependant, d’un autre côté, le déclin de ces grands clubs a aussi vu émerger certains nouveaux et d’autres qui ont passé le cap pour désormais jouer dans la cour des grands, dans l’élite et leur performance au regard du niveau actuel du football national et des caciques, n’est absolument pas à plaindre. Un rapide coup d’œil dans les archives des 2 dernières saisons met justement en exergue, la prise de pouvoir, du moins, la volonté affichée des nouveaux clubs, de se frayer un chemin, de se tailler une place, et de choix, qui plus est, sur l’échiquier national. C’est le cas d’UMS de Loum, tout nouveau champion du Cameroun en 2016, à sa première saison disputée en l’élite one, tandis qu’Apejes de Mfou s’octroyait la coupe du Cameroun, sortant presque de nulle part. L’appétit venant en mangeant, les bleus vont imposer le rythme et maintenir la cadence en 2017 avec cette fois, Eding sport de la Lékié, sacré champion et New Stars, vainqueur de la coupe du Cameroun face à UMS de Loum, encore aux aguets.

Alors peut être s’agit-il simplement de l’avènement d’une nouvelle ère dans le football national, avec la chute des vieux briscards et l’affirmation des nouveaux loups : l’avenir nous le dira.

Source: Ghislain KOUNGANG