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Massacre de Menka: de nouveaux éléments qui incriminent l'Etat

Boko Tueries La crise anglophone dure et continue de faire des victimes.

Mar., 29 Mai 2018 Source: Michel Biem Tong

Il fallait s’y attendre. Le régime de Paul Biya, comme à chaque fois qu’il commet des crimes odieux, trouve des justificatifs et défend l’indéfendable. De la communication du porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma ce 28 mai au sujet du massacre de Menka, l’on ne retient véritablement rien de nouveau de ce que l’on sait déjà. Au cours de cette conférence de presse, des images de cet événement tragique ont été projetées. 3 jours après sa survenue. Quelle crédibilité peut-on y accorder alors que c’est ce même vendredi que les images des armes et munitions saisies ainsi que celle de l’hotel Star de Menka présentant des impacts de balle auraient dû être publiées en présence des autorités locales y compris sur les pages Facebook de l’armée.

Toutefois, Issa Tchiroma nous apprend qu’un seul blessé a été enregistré côté forces armées. Il s’agit d’un certain MODO NAMA Landry, inspecteur de police de 2ème grade. Aucun militaire blessé. Aucun mort (ne le souhaitons pas !). Curieux quand même quand on a en face des individus entre les mains desquelles 17 armes de guerre et 10 armes de chasse, avec plus de 2 000 munitions ont été saisies. Il est tout aussi curieux que 27 personnes aient été neutralisées alors qu’elles se trouvaient dans un bâtiment dont les murs leur offraient des digues de protection. L’on a appris également que des otages ont été tués par leurs ravisseurs dans l’hôtel. Comment le savoir étant en dehors du bâtiment de l’hôtel où ces jeunes étaient censés se trouver ?

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Dans son propos, Issa Tchiroma indique que « un autre terroriste (où est la preuve qu’il l’est ?) blessé actuellement pris en charge par la santé opérationnelle militaire ». C’est quoi la santé opérationnelle militaire ? Où est-ce qu’elle est implantée ? Mystère et boule de gomme. L’on apprend également que parmi les « terroristes », « une femme, a accepté de se rendre, ce qui lui a permis d’avoir la vie sauve ». Comment s’appelle cette femme et qu’a-t-on fait d’elle par la suite. A-t-elle été mise à la disposition de la justice ? Silence !

La communication du gouvernement camerounais vient donc en rajouter à la confusion. Surtout qu’il a fait exprès de mélanger les actes commis dans l’arrondissement de Santa par ce groupe de jeunes massacrés par l’armée avec ceux posés dans d’autres localités du Southern Cameroon tels que Belo, Batibo, Bali, Widikum, sans doute par les rebelles indépendantistes. Qu’est ce qui nous prouve donc que les images projetées lors du point de presse sont celles de Menka ? Malgré toutes ces explications d’Issa Tchiroma Bakary, bien de points d’interrogation restent en suspens

Comment un mouvement insurrectionnel armé dont on connaît le souci de la prudence et de la discrétion peut élire domicile dans un hôtel bien connu d’un village ? Issa Tchiroma et le colonel Didier Badjeck peuvent-ils dire aux Camerounais où étaient les 30 éléments relevant du Groupement d’Intervention de la Gendarmerie nationale, de la 51ème Brigade d’Infanterie Motorisée et du Groupement Spécial des Opérations de la Sûreté Nationale au moment où ces jeunes délinquant agressaient y compris les autorités locales, violaient, volaient ?

Où étaient le commissaire de police, le commandant de brigade, le sous-préfet de Santa en ce moment-là ? Qu’a fait le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji pendant tout ce temps que sévissait dans les villages de Santa cette bande de jeunes (qu’on ne nous dise pas qu’il n’était au courant de rien !) ? Pourquoi ces policiers et militaires n’ont été renseignés de la présence de ces jeunes dans le village que ce vendredi-là, jour où le pire s’est produit alors qu’ils opéraient des dizaines de jours auparavant?

Pourquoi par souci de transparence, les militaires et policiers ayant mené l’opération n’ont pas veillé à ce que juste après cette opération, devant les caméras des télévisions ou par d’autres moyens de communication moderne, les armes et munitions saisies soient présentées à l’opinion publique en présence du chef traditionnel, du sous-préfet, du commissaire de police et de la brigade de gendarmerie de de Santa ? Et ces populations de Menka qui étaient en larmes à la vue des corps de ces jeunes, est-ce le signe d’une population soulagée après avoir été « terrorisée » des jours durant ? Qu’est ce qui explique le silence des médias d’Eta suite à ce massacre ?

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Issa Tchiroma, et le colonel Badjeck auront beau déployer un trésor d’explications, il n’en demeure pas moins qu’il y a eu massacres à Menka le 25 mai dernier. Sinon, qu’est ce qui explique que quelques heures après cet « exploit » des forces de défense et de sécurité, le Fon de Menka, Asobo Pius Ngu, ait été introuvable au village alors qu’il y a été vu la veille ? Ce dernier ainsi que le sous-préfet de Santa et Paul Atanga Nji doivent des explications claires au peuple camerounais au sujet de cette affaire.

Auteur: Michel Biem Tong