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'Samory Touré, Alfa Diallo, Bocar Biro étaient tous des négriers', Stella Kamnga frappe encore

Stella Kamnga

Mar., 18 Janv. 2022 Source: Stella Kamnga

Dans un texte publié sur sa page, la franco-camerounaise Stella Kamnga proche d'Eric Zemmour a encore décidé de choquer les Africains en faisant des déclarations qui, elle le ait bien, va susciter des polémiques. Dans le texte, elle présente les héros africains de la lutte contre l'esclavage et la colonisation comme des leaders qui exploitaient sauvagement leurs peuples, un peu comme l'ont fait les colons dans le passé. Même si elle précise que le texte Kaba Conde, Stella Kamnga partage ce point de vue et la diffuse. La rédaction de CamerounWeb vous propose cette publication.

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"Je suis étonné de savoir que certains intellectuels africains continuent de penser que l'Afrique d'avant la colonisation était un paradis avec ses robinets de miel, de lait et d'eau fraîche. Un jardin peuplé de vierges éternelles. Une société parfaitement égalitaire faite de justice, de fraternité et de solidarité. Il est vraiment étonnant que l'on continue à s'accrocher à ses vues de l'esprit d'un autre temps.

Ces intellectuels sont totalement renversés quand j'insiste sur les massacres et les désolations commis par nos héros. Certains, d'entre eux, en tirent des conclusions hâtives et fausses quand ils pensent que je suggère que les colons blancs sont venus en libérateurs en Afrique.

Il est nécessaire de comprendre que le XIX ème siècle (et les siècles d'avant) fut un siècle de violence et d'insécurité en Afrique. A cette époque, l'esclave était le fondement de l'économie et de la société. Les sociétés africaines étaient des des sociétés esclavagistes.

Les razzias pour se procurer des esclaves étaient réguliers et organisés par les seigneurs de guerre. Samory Touré, Alfa Yaya Diallo, Bocar Biro, Dinah Salifou n'échappaient pas à cette réalité de leur époque. Ils étaient tous des négriers. Ils possédaient tous des esclaves. Ils vendaient tous des esclaves. Ils vivaient tous de razzia et de violences.

Les "pseudo anticolonialistes" s'empressent de dire " c'est là le discours d'un colon pour discréditer l'Afrique." Ou on dit "Ah : C'est ce que le colon enseigne dans ces livres". Ces prises de position sont puériles et vaines. Les faits de violence avérées sont donnés par toutes les sources. Écoutons les témoignages des africains. Témoignages transmis par les générations. Écoutons les griots. Les témoignages de sources africaines sont encore plus accablants pour nos héros. Je me limite pour cela à quelques exemples : Les griots disaient de Samory en malinké "Sooma londan, woura la londan djéti" "étranger le matin, maître le soir". Ils disaient aussi "dou mina douti la". "razzie"! voilà la meilleure traduction qu'on peut faire de cette dernière phrase ! A méditer.

Maintenant, les européens ne faisaient pas de l'humanitaire non plus. La présence européenne en Afrique, depuis le XIV ème siècle a une seule raison : le commerce.

D'abord celui des esclaves. Les rois et les seigneurs de guerre africains participaient à ce commerce. Ils étaient les plus gros fournisseurs et les plus gros consommateurs locaux d'esclave.

Ensuite le commerce et le système colonial. Nos pères de l'indépendance étaient de fidèles collaborateurs du système colonial. Houphouet Boigny, Modibo Kéita, Sékou Touré. Agents de l'administration coloniale, ensuite élus français, membres de gouvernements français. Tous avaient collaborer avec le colon en attendant une opportunité de l'histoire.

Cette opportunité est venue d'Europe. L'idée d'indépendance des Etats africains ne vient pas, comme ont peut être tenter de le croire, de nos pères de l'indépendance. L'idée est européenne. Elle est née en Europe avec des européens humanistes ou dans des partis anticolonialistes d'Europe. Nos pères fondateurs se sont laissés porté par les vagues de l'histoire. La loi Gaston Defferre est l'aboutissement d'une lutte franco-française en France. Le référendum proposé par De Gaule en 1958 est lui aussi l'aboutissement d'une lutte personnelle de De Gaule en France.

Depuis les indépendances, nos dirigeants qui ont vite fait de chausser les bottes des colons, pour cacher leur incapacité à gérer nos Etats, ont très tôt accusé leurs anciens collaborateurs du retard de l'Afrique en omettant de dire qu'ils ont eux mêmes participé. Dans l'enseignement de l'histoire de l'époque, ont n'insistait que sur les torts des colons. On ne disait rien des défauts des nôtres. Finalement l'enseignement de l'histoire a tourné à l'apologie. Au lieu de nous servir, elle nous a desservi.

J'insiste quant à moi sur les actes posés par nos dirigeants. Sur leurs traits de caractères, leurs mœurs pour mieux cerner leurs personnalités.

J'insiste aussi sur les erreurs et les défauts qui sont à l'origine de leurs défaites. C'est la seule approche historique que nous avons pour échapper à l'apologie et tirer le meilleur profit de l'enseignement de l'histoire.

Sur cette image, ce qui restait du monument Ballay. En déboulonnant la statue du premier gouverneur de la Guinée et fondateur de la ville de Conakry, on a cru effacer, d'un revers de la main, tout un pan de notre histoire. Utopie de jeunes révolutionnaires enivrés par le pouvoir récent".

Auteur: Stella Kamnga