Opinions

Actualités

Sport

Business

Culture

TV / Radio

Afrique

Pays

Cameroun/ Union Pour le Changement : ces chantres de l'Apoptose !

L'opposition a désormais son groupe parlementaire

Tue, 15 Mar 2022 Source: Bertin Metsengue

Convoqué en session parlementaire ordinaire du mois de Mars, dès ce 11 Mars les députés camerounais ont repris du service à l'hémicycle. Un fait anodin, certains députés d'opposition décident de former un groupe de députés de l'opposition dit du changement. Est-ce un groupe parlementaire ou alors un groupe de pression ? À quoi peut renvoyer une telle démarche ?

Le SDF, le PCRN, L'UDC et UMS ont décidé de former ce qu'ils ont appelé " groupe parlementaire de l'Union pour le Changement " au sein de l'Assemblée Nationale. Ceux ci s'appuient sur une loi du règlement intérieur de septembre 2014 régissant la formation d'un groupe parlementaire à l'Assemblée nationale. C'est ainsi que les 16 députés que comptent ensemble ces 4 partis politiques d'opposition ont signé un document devenu viral dans les réseaux sociaux. Ils comptent ensemble unir leur force pour influencer dans le sens du " changement" les décisions en terme de légiférer les lois ou encore de contrôler l'action gouvernementale. Cela est bien faisable sur le plan pratique mais ce groupe de 16 peut il vraiment se constituer en Groupe parlementaire ?

Les missions d'un groupe parlementaire au Cameroun !

Un groupe parlementaire se constitue en une force de proposition. Un instrument de lobbying. Son président siège à la conférence des présidents selon le règlement intérieur de l'Assemblée nationale. C'est la conférence des présidents qui organise le travail des sessions , notamment l'organisation des débats, la réception des projets et propositions de lois et la convocation des sessions extraordinaires. C'est donc en cela qu'il faut voir le forcing des partis regroupés au sein de l'Union Pour le Changement. Leur objectif est de vouloir contrôler l'organisation des débats et surtout avoir la possibilité de contrôler l'organisation du travail à l'hémicycle. Mais il fallait préparer cela avant les législatives et municipales de février 2020 pour que chaque formation se batte à avoir 15 députés synonyme d'obtention d'un groupe parlementaire et pas venir après coup tenter de rattraper un retard consommé.

L'Union Pour le Changement pas du tout un groupe parlementaire !

L’article 15 du règlement intérieur de l’Assemblée Nationale dispose que «les députés peuvent s’organiser en groupes par parti politique. Aucun groupe ne peut comprendre moins de 15 membres, non compris les députés apparentés ». Cette loi écarte donc l'hypothèse de l'existence d'un autre groupe parlementaire autre que celui du RDPC au cours de cette mandature parce qu'aucun parti politique d'opposition n'a pu obtenir 15 députés. En conséquence l' Union pour le changement est donc un simple groupe de pression sans aucune prérogative fonctionnelle au parlement mais une simple force éparse de pression suffisamment diluée pour réorienter les volontés du groupe parlementaire RDPC . Selon les dispositions légales, l’assemblée nationale a entre fonctions celle de contrôler l’action du gouvernement. Il ne s’agit pas des députés en tant que tels mais de l’assemblée nationale dont les modalités de contrôle sont précisées dans le règlement intérieur. ‘

Il peut être nécessaire et il l’est, que le Parlement et en particulier l’AN contrôle l’action du gouvernement et la constitution l’a prévu. Mais ledit contrôle ne peut s’effectuer par la constitution d’une coalition transpartisane que sous la forme d’un groupe de parlementaire et non à travers un groupe de pression dont la nature ne répond pas aux dispositions réglementaires en la matière.

L'Union Pour le Changement mais de quel côté ?

En Afrique et au Cameroun, le mot " changement " est vu sous un seul angle lorsqu'il vient des forces de l'opposition par une partie de la population. Ils promettent souvent ciel et terre , adepte de la critique politicienne, idéalistes chevronnés, ces partis politiques de l'opposition pensent toujours en un tour de pass transformer le pays en un paradis où tous les problèmes disparaîtront dès leur arrivée au pouvoir . Mais dès leur arrivée, c'est généralement le cataclysme. Le PCRN a dit promouvoir le fédéralisme communautaire idéologie qui mettra en concurrence les communautés pour soit disant les inciter à produire plus et à rendre le pays prospère quelle superbe idée! Si cela est théoriquement réalisable, il faut dire que cette vision du Cameroun est dangereuse et ne tient pas du tout compte de la sociologie et de l'histoire des conquêtes des communautés qui forment le peuple camerounais. Les cas sont légion. Le pays a sous les bras deux crises inter communautaires fratricides . La crise anglophone crise intercommunautaire linguistique ayant déjà fait depuis 6 ans environ 2000 morts . La crise Mousgoum contre Ararbe Choa ayant causé seulement cette année une trentaine de morts et d'importants dégâts matériels. Le SDF parti socialiste parle de faire du Cameroun un Etat fédéraliste à deux ou à 4 Etats. Seulement, si le Cameroun unitaire décentralisé à maille avec les velléités indépendantistes qu'en sera t'il du caractère fédéraliste. La quasi totalité des pays africains s'étant saucissonné après les indépendances sont fédéralistes : l'Éthiopie, le Soudan sont là pour servir d'exemple.

Le changement dont parlent ces partis politiques est certainement de rendre le Cameroun ingouvernable au sein duquel font Florès les guerres intercommunautaires pour déterminer la communauté la plus forte et la plus prospère qui écrasera les plus faibles ou alors tout simplement que le Cameroun soit au final le père de 4 minuscules Etats sans véritable poids international. Non et non le peuple camerounais dans son immense majorité souverain et maître de son destin n'a pas besoin de servir de base pour la création de minuscules etats encore moins être le socle d'une lutte hégémonique de certaines communautés qui seraient les Léviathan des autres . Mais tout simplement un pays où la diversité culturelle et linguistique est le socle même de l'Unité des communautés qui au final forme un peuple fort et puissant, le peuple camerounais. Trêve donc de slogan place à la poursuite de la construction du pays pour l'atteinte de l'émergence au terme de cette décennie débutante.

Auteur: Bertin Metsengue