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Vérité sur les mensonge d’Etat au Cameroun

Vérité sur les mensonge d’Etat au Cameroun

Tue, 12 Jul 2022 Source: Arlette Framboise Doumbe Ding

Très choqué par la discussion entre le Président Français Emmanuel Macron et Wilfried Ekanga le célèbre militant du MRC, le gouvernement Camerounais avait tenu à réagir à travers un communiqué.

Dans ce communiqué datant du 10juin 2022 et signé du Ministre René Emmanuel Sadi, Ministre de la communication et porte parole du gouvernement, on peut lire cet extrait :

<< Le gouvernement réaffirme ici avec force que le Président Paul Biya n’a de leçon à recevoir de personne et qu’il est et demeure le principal artisan de la démocratie au Cameroun, sur la voie de laquelle il a engagé le peuple Camerounais il y a plusieurs décennies.

En témoignent les avancés notables qui s’observent à travers le foisonnement de la presse…

En témoignent également l’existence de nombreuses formations politiques ainsi qu’un jeu démocratique ouvert…

C’est dire que le Cameroun est un État de droit et de démocratie où les libertés publiques sont une réalité >>

Ici le gouvernement affirme que le Président Paul Biya n’a de leçon à recevoir de personne. Pourtant il reçoit les leçons du FMI . Ça c’est le premier mensonge. Mais là n’est même pas ma principale préoccupation. Ce qui me préoccupe le plus c’est comment tout un gouvernement définit la démocratie et l’Etat de droit.

Dans l’extrait du communiqué ci-dessus, le gouvernement considère que le foisonnement de la presse et l’existence de nombreuses formations politiques au Cameroun sont la preuve que << le Cameroun est un État de droit et de démocratie où les libertés publiques sont une réalité >>. Une conclusion tirée par les cheveux qui ne découle d’aucun raisonnement logique et qui ne résiste à aucune vérification sérieuse.

En effet , comment fait-on pour réduire l’Etat de droit à un foisonnement de la presse ?

Ou encore, où trouve t-on le courage pour soutenir que le Cameroun est un État où « les libertés publiques sont une réalité » alors que les faits démontrent exactement le contraire avec la répression systématique des manifestations publiques des partis politiques de l’opposition sans motifs valables ? On peut affirmer aujourd’hui sans risqué d’être contredit que les partis politiques ne jouissent pas de leur droit de manifester publiquement au Cameroun à causse de la répression systématique des manifestations publiques même les plus pacifiques. C’est un fait. Et donc, c’est un grossier mensonge d’affirmer que les libertés publiques sont une réalité au Cameroun. Pays où même les manifestations pacifiques des handicapés (aveugles) sont réprimées.

Par ailleurs en quoi le foisonnement de la presse empêche t-il les violations massives et répétées des droits de l’homme comme c’était le cas avec par exemple les massacres des populations de Ngarbuh ou comme c’est le cas aujourd’hui avec l’emprisonnement arbitraire de dizaines militants de l’opposition politique pour des raisons absolument farfelues ? Je ne parle même pas de l’incendie criminel des commerces appartenant aux allogènes à Sangmelima et l’impunité garantie aux hauteurs de ces crimes par les autorités Camerounaises.

Est-ce cela un État de droit ? Cela est-il seulement possible dans un État de droit ?

J’aimerais tellement que Monsieur Emmanuel Sadi réponde à ces questions en regardant les Camerounais dans les yeux.

Au sujet de la démocratie.

L’existence de nombreuses formations politiques au Cameroun ne signifie pas que le Cameroun est une démocratie comme l’a prétendu le gouvernement dans son communiqué. L’existence de plusieurs formations politiques dans un pays renvoie plutôt au multipartisme et non à la démocratie. Car le multipartisme n’est pas la démocratie . Le multipartisme peut être considéré comme un outil pour construire la démocratie.

Je pense que si le gouvernement essaie de manipuler l’opinion en faisant passer le multipartisme pour la démocratie, c’est bien parceque son discours sur la démocratie au Cameroun manque de substances. En réalité le Cameroun n’est qu’une démocratie de façade. Une tyrannie maquillée en réalité.

La démocratie dont on parle tant suppose avant tout un système électoral qui rend possible des élections crédibles. c’est à dire des élections justes, équitables et transparentes. D’où cette question : Les élections organisées au Cameroun depuis 40 ans remplissent-elles les conditions d’une élection crédible ? Autrement dit, ces élections sont-elles justes, équitables et transparentes ?

Voilà la question fondamentale qu’il faut se poser chaque fois qu’on veut parler de l’existence de la démocratie dans un pays. C’est une question centrale. Donc incontournable. Il ne suffit pas d’évoquer l’existence de plusieurs formations politiques. Car en quoi l’existence de plusieurs formations politiques empêche t-elle les fraudes électorales massives ou le hold-up électoral et l’arrestation des concurrents politiques contestataires comme c’est souvent le cas au Cameroun ?

J’aimerais tellement que le Ministre Emmanuel Sadi réponde à cette question précise en regardant les Camerounais dans les yeux.

Tout ce qui précède me permet de conclure que le communiqué du gouvernement du 10 juin 2022 dans lequel il affirme <> n’est que pure manipulation et mensonges. Car le Cameroun n’est ni un État de droit, ni une démocratie. D’ailleurs à l’heure où j’écris ces lignes, de nombreux civils Camerounais purgent des peines de prison après leur condamnation par des tribunaux militaires en totale violation de la loi ou du droit international. Ce qui n’est pas faisable dans un État de droit.

Le Cameroun peut devenir une démocratie si les dirigeants Camerounais jettent les bases d’une véritable démocratie.

Pour cela ils doivent savoir entendre raison en écoutant les voix qui viennent du Cameroun profond. Ces voix réclament un système électoral consensuel indispensable à des élections crédibles au Cameroun. Elles réclament le droit de manifester publiquement comme cela se fait dans toutes les démocraties du monde. Elles réclament la libération des prisonniers politiques et le respect de leur droit de ne pas être d’accord avec le pouvoir comme cela se fait dans tous les États de droits du monde.

Auteur: Arlette Framboise Doumbe Ding