Accouchement à 90000F au Cameroun: la révolution du mépris social au nom du 'forfait'

Accouchement Difficile Un accouchement

Thu, 1 May 2025 Source: Bobo Mavalse

L’Hôpital Central de Yaoundé vient de frapper un grand coup. À défaut de pouvoir guérir les malades, il soigne son image comptable avec une mesure aussi « innovante » qu’indécente : facturer l’accouchement au tarif unique de 90 000 FCFA. Ce n’est pas une plaisanterie.

Pour donner la vie, il faudra désormais commencer par donner son argent (en avance), s’il vous plaît. Le tout enrobé dans un joli emballage rhétorique appelé « forfait accouchement », comme si on réservait une suite dans un hôtel quatre étoiles. On nous vend un « package » de soins comprenant consultations prénatales, échographies, bilans biologiques et accouchement. À les entendre, c’est une révolution sanitaire.

À regarder la réalité sociale du pays, c’est surtout une mutation inquiétante : le service public hospitalier se transforme en comptoir de facturation. L’idée même qu’on puisse imposer une telle mesure par une simple note de service, sans base légale claire ni débat parlementaire, en dit long sur le mépris qu’inspire la misère au sommet de certaines hiérarchies.

Ce qui est encore plus affligeant, c’est que certains applaudissent. Des commentateurs, parfois issus de milieux critiques du pouvoir, trouvent la mesure « acceptable », voire « progressiste ». Ils y voient une avancée vers plus de prévisibilité des coûts. Comme si fixer à 90 000 FCFA le droit de donner la vie dans un pays où une proportion importante de la population vit avec moins de 1 000 FCFA par jour relevait du bon sens budgétaire. À ce rythme, il ne restera plus qu’à proposer un abonnement annuel à la maladie, payable en tranches. On se demande même si ces experts de salon ont déjà mis les pieds dans un quartier populaire, parlé à une femme enceinte sans revenus, écouté le personnel de santé croulant sous la pression. Car en vérité, pour des millions de Camerounaises, cette note n’est pas un « progrès ». C’est un mur. Un mur tarifaire entre elles et l’hôpital. On transforme leur grossesse en dette, leur accouchement en transaction, leur espoir en angoisse. Et pendant ce temps, ceux qui ont les moyens continueront à accoucher dans les cliniques climatisées sans même lire les notes de service.

Derrière cette décision, c’est toute une vision du service public qui est en jeu. Un hôpital censé servir le peuple devient un lieu où l’on trie les patientes par niveau de solvabilité. Un directeur d’établissement hospitalier s’arroge le droit de redéfinir les priorités sanitaires d’un pays sans consultation, sans validation nationale, sans transparence.

Cette mesure crée une ségrégation médicale implicite : d’un côté, les femmes qui peuvent aligner 90 000 FCFA ; de l’autre, celles qui iront vers des centres sous-équipés(encore qu'il n'est pas exclut que par effet de mimétisme, si personne ne contredit cette forfaiture, même le médecin chef des centres de santé dans les villages ne s'y mettent pour décider chacun combien coûterait la vie d'un nouveau Camerounais), sans échographies, sans anesthésistes, sans garantie. Le risque est évident : hausse de la mortalité maternelle, retour aux accouchements à domicile, ruptures de suivi médical. Le « forfait » n’est pas une solution, c’est un symptôme.

Le symptôme d’un État qui abandonne ses missions sociales fondamentales. Et si personne ne tire la sonnette d’alarme, bientôt on nous expliquera que l’éducation « gratuite » est un luxe archaïque, qu’il faut « forfaitiser » les inscriptions, et pourquoi pas facturer l’air pur dans les salles de classe climatisées. C’est pourquoi nous ne devons pas nous taire. Cette mesure n’est pas seulement une erreur. C’est une faute politique, morale, sociale. Et elle mérite une réponse ferme, collective, populaire.

Le Directeur de l'hôpital central de Yaoundé marque juste officiellement l'échec de la CSU lancé il y a quelques mois à coûts de publicité, il sont entrain de pousser fort la privatisation de la couverture médicale générale au Cameroun, ce qu'ils voulaient en proposant des fausses thérapeutiques au vrai diagnostic de la nécessité de Couverture Médicale d'Urgence au Cameroun.

Auteur: Bobo Mavalse