Agitations d'Atanga Nji et la présidentielle de 2025: 'le Cameroun entre en période d'exeption'

Paul Atanga Nji 45 Jean-Pierre Bekolo

Sat, 19 Jul 2025 Source: Jean-Pierre Bekolo

Les dernières déclarations du ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, selon lesquelles le gouvernement – autrement dit lui seul – fixera désormais les « limites » des libertés, reviennent à une suspension unilatérale des lois de la République sous couvert d’élection présidentielle.

Une élection pourtant suivie de près par le monde entier, car elle se déroule dans le pays du président-candidat le plus âgé de l’histoire contemporaine : 92 ans.

Ce que déclare Atanga Nji, sans le dire clairement, c’est l’entrée du Cameroun dans une période d’exception.

Mais qu’est-ce qu’une période d’exception ?

C’est un moment où l’État, confronté à une crise majeure ou un danger extrême, s’octroie des pouvoirs extraordinaires, suspend les règles normales, restreint les libertés fondamentales, et justifie tout cela au nom de la « stabilité ».

Sauf qu’au Cameroun, la seule menace est celle du départ de Paul Biya. Une élection qui, selon la Constitution, doit être encadrée par le droit – y compris la liberté d’expression, garantie en toute période.

Or voilà que cette élection, censée permettre à chaque citoyen de juger le bilan du président sortant et d’envisager une alternance, devient un espace contrôlé par ceux-là mêmes qui sont candidats à leur propre succession.

Comment un régime peut-il être à la fois joueur, arbitre, organisateur du tournoi, recruteur des adversaires, sélectionneur des spectateurs, rédacteur du commentaire du match, et… proclamateur du vainqueur ?

C’est vous qui décidez d’aligner un vieux joueur de 92 ans qui ne peut plus jouer, c’est vous qui voulez choisir contre qui il va jouer , c’est vous qui choisissez l’arbitre , c’est vous qui voulez faire taire les commentateurs et c’est vous qui ne voulez pas que les spectateurs rient ?

Comme c’est aussi vous qui allez déclarer qui a gagné le match vous nous mettez en garde pour qu’on ne dise pas qu’il n’avait pas match ?

Si vous mêmes vous ne le dites pas au monde entier qui regarde ce match inédit, nous on va sauf que le dire.

Au vu de cette « exception » ouvertement déclarée par un homme qui assimile le peuple camerounais à des condiments à écraser et le gouvernement de Paul Biya à un Moulinex, il y a lieu de déjà dire que les élections présidentielles qui arrivent seront tout sauf démocratiques. La question reste de savoir qui cette fois peut écraser l’autre.

Auteur: Jean-Pierre Bekolo