De la santé aux infrastructures: voici les secteurs qui requièrent des actions urgentes

Greve Personnel Sante Des personnels de santé en grève

Sun, 20 Jul 2025 Source: Yvan Franck Bama

À mon avis, l’urgence au Cameroun aujourd’hui, c’est de recentrer nos priorités sur des secteurs fondamentaux : la santé, l’éducation, la justice et les infrastructures.

Dans le contexte économique et social actuel, l’accès à la santé pour tous reste un idéal difficilement atteignable à court terme. Bien sûr, il est possible et souhaitable de rendre certains soins gratuits, notamment les soins de base, la santé maternelle, infantile, le traitement de la malaria ou encore la prévention. Mais espérer une gratuité totale du système de santé dès un premier mandat présidentiel serait irréaliste, compte tenu des ressources limitées de l’État, du poids de la dette et de la faiblesse des recettes fiscales.

Il en va de même pour l’éducation, qui doit être renforcée dans ses infrastructures, ses programmes, et surtout dans la formation et la rémunération des enseignants. Une justice plus équitable, accessible et indépendante est également un pilier indispensable pour restaurer la confiance des citoyens.

Quant aux infrastructures, elles conditionnent directement le développement économique : routes, énergie, eau, transport et numérique doivent être modernisés pour soutenir toute ambition nationale.

Mais tout cela ne peut être durable sans un vrai projet de rupture avec le système néocolonial hérité de l’indépendance formelle. Cela implique une reprise du contrôle sur nos leviers stratégiques, notamment à travers la nationalisation ou la renégociation des secteurs-clés (ressources naturelles, énergie, télécommunications, ports, etc.) aujourd’hui dominés par des multinationales qui rapatrient l’essentiel des bénéfices.

La fin du franc CFA, vestige d’un lien monétaire déséquilibré, est également incontournable si l’on veut récupérer notre souveraineté économique et monétaire. Un pays qui ne maîtrise pas sa monnaie ne maîtrise ni sa politique budgétaire, ni sa politique de développement.

Ce n’est qu’après avoir solidement bâti ces fondations sociales et économiques, en y ajoutant une vision souverainiste assumée, que nous pourrons véritablement envisager une industrialisation durable et inclusive.

Car on ne peut pas bâtir des usines dans un pays où les citoyens sont mal soignés, mal nourris, sans justice fiable, et où la richesse nationale est captée par des intérêts extérieurs.

Auteur: Yvan Franck Bama